Qui a osé gifler le député Laurent Bado ?!

L’incivisme, cancer populaire au Burkina, a giflé le député Laurent Bado.

La scène se serait passée au soir du 15 mai 2016 à Ouagadougou. Voilà un drame qui ne manque pas de jouer sur notre émotion. D’emblée, il est à dire que porter la main sur un vieux, est plus que condamnable. En Afrique, un vieux c’est celui que l’on respecte. Homme d’expérience et de sagesse, il est vu comme un repère naturel pour la jeunesse. Alors, je comprends pourquoi beaucoup comme moi ont été choqués par l’acte incivique de notre jeune frère qui a osé gifler l’éminent Pr Bado, un père pour nous tous. Je suggérerai à ce jeune se fasse accompagner par des sages pour aller demande pardon au Pr Bado, car il demeure un père pour lui. Au-delà de ce qu’il avance pour justifier son acte, il devrait accomplir ce « rite-démarche ». C’est notre chemin africain de réparer la vie blessée entre deux ou plusieurs personnes. On doit toujours demander pardon à l’ainé.

Au-delà de l’émotion quelle leçon en tirer ? Examinons le problème sous plusieurs angles.
Quel est l’enfant qui serait content d’apprendre qu’un autre camarade a giflé son père ou sa mère ? Aussi, quelle serait la réaction d’un père ou d’une mère qui apprendrait qu’un adulte a traité son enfant de bâtard ? "Ne pousse pas à bout le poltron car tu risques d’en faire un bourreau". Il est évident qu’aucune des faces n’est acceptable. Le Pr Bado aurait insulté le jeune bâtard et le jeune aurait réagi. Il y a eu problème. L’acte du jeune est un signe de la montée de l’incivisme dans notre pays. Mais qui en est-il responsable ? Je dirai que l’incivisme que nous vivons est un héritage que la jeunesse a hérité de ses pères. Un exemple : les enfants qui viennent de naitre aujourd’hui sont nés dans notre Burkina souffrant. Ces bébés y sont parachutés et ce qu’ils deviendront dépendra des réalités de notre société. Quel est celui d’entre nous qui, à sa naissance, aurait emmené avec lui dans un sac, le type de société dans laquelle il voudrait vivre dans le futur ? L’enfant ne devient que le produit de son éducation. « Le crapaud s’assoit à la manière de sa mère ». D’aucuns diront que « tel père, tel fils ». Les ainés dont le professeur Laurent Bado devraient, au-delà de l’émotion, accepter que les jeunes n’y sont pas pour une grande responsabilité. Ceci n’est pas le premier acte incivique que des enfants posent à l’ endroit de leurs pères : des élèves séquestrent leurs enseignants et incendient leurs moyens de déplacement. On agresse jusqu’à la mort des policiers, on brule les drapeaux, on saccage des commissariats et des gendarmeries etc. Quelle action forte a été faite pour ne pas perpétuer ces comportements moins dignes du pays ? Qu’est-ce que les Elus du peuple, les députés dont le Pr Bado ont voté comme loi pour prévenir cela ? Tous se permettent d’écouter et d’observer. Et ça passe avec le temps sans pour autant imaginer que soi- même serait victime un jour. Ceux qui devraient sévir (les politiques) se contentent de caresser leur électorat.

Pourtant la sagesse africaine dit que « Si l’hyène attrape l’imbécile du village, il faudrait (collectivement) la chasser pour récupérer la victime. Si vous ne faites rien, elle reviendra un autre jour pour le prince ».Tant que le Burkina fera face à l’incivisme, il perdra de plus en plus sa chance d’attirer des investisseurs étrangers. Pas d’investissement de leur part, le taux de chômage grimpera avec son lot de conséquences : refuge dans les drogues et alcools, montée du banditisme etc. Chères autorités, le Burkina a besoin d’être gouverné. Chers frères et sœurs, pensons que nous sommes des Hommes intègres. Que chacun fasse une introspection pour se définir une action personnelle à mener pour résoudre cela. N’oublions pas que nous croyons en Dieu, alors pensons-y chaque jour. Soyons le changement que nous voudrions voir dans le monde. Un proverbe de chez nous dit : « si chacun balaie devant sa cours, le lendemain tout le village est propre ». Ça peut aider.