Accueil > ... > Forum 912739

Dédougou : La ville en effervescence à la suite du décès d’un gardé à vue

4 mai 2016, 10:42, par Raogo

in l’Observateur Paalga

« Le malade est rentré dans un état vraiment piteux »

Du côté de la famille, c’est un autre son cloche qu’elle entonne. Djibril Sidibé est l’un de ceux-là qui étaient au chevet du défunt : « Lorsque la gendarmerie l’a envoyé au CHR de Dédougou, il n’arrivait plus à respirer parce que son cou était gonflé. La gendarmerie dit que c’est la chaleur qui l’a rendu malade. Mais je dis que la chaleur ne peut pas déformer un être humain. Quand il est arrivé au CHR, son cou était enflé, il s’est soulagé, et il y avait du sang dans ses selles. Au vu du corps je confirme qu’il a été torturé ».

Saisi pour donner sa version des faits, le Docteur Abdoul Salam Eric Tiendrébéogo, chef du service des urgences médicales du Centre hospitalier régional de Dédougou, n’infirme ni ne confirme la version selon laquelle la victime aurait été passée à tabac : « Ce qu’il y a à savoir, c’est que le malade est rentré aux environ de 21h 30 et est décédé aux alentours de 3 heure du matin. Le malade est rentré dans un état vraiment piteux d’après ce qu’on m’a dit. Il était dans le coma et avait un syndrome infectieux. Il y a un accompagnateur qui s’est exclamé en demandant si on ne l’avait pas tapé. L’infirmier dit n’avoir pas constaté de lésions traumatiques sur le corps. Il n’a pas constaté d’ecchymose ni d’œdèmes traumatiques.

Je m’en tiens à ce que l’infirmier a noté, à savoir le syndrome infectieux. Seulement est-ce que ce syndrome infectieux, la fièvre avec au bilan aussi des éléments qui tiennent à confirmer le syndrome infectieux, est-ce que ce syndrome infectieux est dû à un traumatisme ou à une infection qu’il traînait avant d’arriver à la gendarmerie ? Peut-être qu’il faut demander une autopsie pour le savoir. Toujours est-il qu’il est mort dans un tableau de syndrome d’infection sévère. Ce genre de tableau ne s’installe pas d’une minute à l’autre. C’est quand même un processus qui prend du temps. Mais est-ce qu’il y a eu des circonstances qui ont aggravé cette situation ? Franchement je ne le sais pas ».

Pour terminer, les jeunes, fatigués de n’avoir pas eu gain de cause, ont fini par faire le tour de la ville en transportant le corps de la victime, passant par la brigade territoriale, le CHR de Dédougou.

Au moment où nous bouclions ces lignes, les manifestants s’en prenaient aux domiciles des pandores en les incendiant.

Dramane Sougué


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés