Incarcération de Me MamadouTraoré : Me Pierre-Olivier Sur, ancien Bâtonnier du Barreau de Paris, dénonce une volonté de vengeance

Maître Sur,
Je crains que vous y prenant mal et qu’en défendant trop tôt et trop mal votre confrère, vous ne l’enfonciez encore plus.
Quand vous écrivez « Telles sont les raisons pour lesquelles je rejoins immédiatement le collectif des avocats », on peut se demander du même coup pourquoi, en son temps, vous n’aviez pas trouvé une seule raison légitime de voler au secours de David OUEDRAOGO, chauffeur de François COMPAORE, brûlé par les flammes de l’arbitraire sous Blaise COMPAORE. A aucun moment de l’histoire du Burkina Faso, encore moins pendant le temps de la marche pour la légalité constitutionnelle vous n’avez daigné prendre le parti du droit. Vous avez préféré le dictateur au peuple. Mais le dictateur s’est enfui.
Les victimes de l’insurrection attendent que vous « rejoignez immédiatement le collectif d’avocats » à leur côtés. Mais c’est une cause qui ne semble pas vous passionner. Vous préférez plutôt la surenchère.
Vous avancez une hypothèse bidon : « on semble vouloir lui faire payer le recours qu’il a porté ». Mais vous ne dites pas qui « on semble ». Le régime de la Transition est passé. Vous auriez soutenu cela pendant la Transition que ceux qui sont faibles d’esprit et naïfs vous auraient peut-être suivi. Mais ce débat est dépassé.
Vous affirmez encore : « En effet, sur la requête du bâtonnier Traoré et d’autres courageux avocats… ». Mais dites-nous pourquoi les autres « courageux avocats » n’ont pas été arrêtés comme lui ? D’ailleurs, qui vous dit que Madou est un avocat courageux ? Connaissez-vous son histoire ? Son histoire oscille-telle vers la lâcheté ou vers le courage ?
Dernière entourloupe : « S’il apparaît légitime que le Président KABORE souhaite que la recherche de la vérité permette de juger les responsables du putsch, il faut dénoncer le fait que l’échec éventuel de la justice militaire transforme la procédure en un début de vengeance politique indigne de la Justice et du Burkina Faso ». Que signifie cette phrase ? Que voulez-vous dire exactement ? Comment être "sûr" de vous quand vous-même, vous parlez par supputations ?
Votre méthode de communication est viciée depuis le départ et on peut se demander si vous maîtrisez vraiment votre affaire. Allez dire à d’autres que vous être « Ancien Bâtonnier de Paris ». Mais, au Burkina Faso, on sait exactement qui vous êtes et quel parti vous avez toujours pris. On sait aussi qu’on peut être « ancien Bâtonnier » et figurer parmi les méchants, les opportunistes et les ennemis de la République.
Laissez la justice faire son travail et réglez votre horloge "sur" l’heure de la démocratie. On n’est plus en 1998. Aujourd’hui, le Burkina Faso est en démocratie. Vous l’avez sans doute oublié. Démocratisez votre esprit. Si l’accusé est si "sûr de son innocence, il sera libéré. Evitez de mettre inutilement de l’huile "sur" le feu.