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Laurent Poda, Procureur Général près la Cour d’appel de Ouagadougou à propos de la libération d’ex maires : « La liberté provisoire d’un inculpé ne joue pas sur la décision à intervenir »

18 avril 2016, 18:47, par Mechtilde Guirma

Si je dois abonder dans le sens de Koro yam yellé, je dirai que dans les investigations sur les « coutumiers et les religieux » comme « pouvoirs politiques locaux » que j’ai eu à étudier pour le compte de la décentralisation, j’ai soumis à la commission les pistes de réflexions suivantes :

1) la base sociale que Kamzim a d’ailleurs approuvé, qui consiste à confier le rôle des maires ou tout au moins des préfets et des conseillers municipaux à ces pouvoirs politiques locaux (au lieu de les confier au partis politiques, car ils ont déjà les Gouvernorats, l’Exécutif et l’Assemblée Nationale) qui sont plus près des réalités du pays, parce qu’ils sont les principaux acteurs économiques ; c.à.d. les professions de toutes sortes, de l’agriculteur au fonctionnaire de l’État, y compris l’armée comme la justice, des établissements privés ou publics : hôpitaux, dispensaires, écoles, comme industries. Soit dite en passant que les moines et les moniales par exemple de Koubri, initient des modèles d’industrie depuis l’agriculture jusqu’au produit transformé et fini. Et j’ai ajouté que non seulement il y aura la dépolitisation de l’administration, mais aussi et surtout l’indépendance de la justice. Et je précise que quand je parle de profession de toutes sortes j’entends aussi parler des douze ordres corporatifs (au complet chez les Mossé mais un peu plus disparate dans d’autres sociétés d’Afrique). Ce sont les Benda les Loumsé, les rudsi, les kwéla, les balafond les flûtes etc. qui sur le long terme peut-être pourraient doter le Burkina sur le plan culturel, d’orchestre philharmonic même international, en boostant également le potentiel culturel que nous avons et aussi au moment des occasions festives comme la fête des ancêtres (d’ailleurs recommandée par le premier Synodes des évêques africains dans Ecclesia in Africa) ou aussi à la sortie des initiés (que nous nommons chez les Mossé : les Bonkouéssé), ce qui pourrait occasionner un bon qualitative de notre industrie du tourisme par exemple et créer des emplois avec les structures posées à cet effet (sanitaires, touristiques locaux etc.). Ce sont aussi les tansobindamba et les dozo ou la confréries des chasseurs dans d’autres pays, qui seront de précieux auxiliaires de la justice, de la maréchaussée ou de la police, de l’armée régulière, de la garde territoriale, de la douane, pour les questions sécuritaires et qui faciliteront l’intégration régionale (cf le coup de maître ivoirien vis à vis des terroristes dans le quotidien « Le Pays » de ce jour). C’est pour cela que les Koglwéogho sont, en effet, la manifestation même de ces ordres traditionnels, souhaités et devraient être sollicités. Les Yarsé sont de grands tradipraticiens qui pourront être encadrés et collaborer avec les médecins non seulement pour la prophylaxie mais aussi pour la prévention en développant des variétés de plantes en thé vert par exemple. Les Saânmba ou forgerons pourront à long terme viser la sidérurgie (ou encore la chimie minérale ou des métaux) en collaboration avec les Marensé grands fondeurs non seulement pour le matériel roulant ou d’agriculture, mais aussi pour les monuments. Grands teinturiers également, ils collaboreront avec les chimistes organiques dans les laboratoires d’université. Les yonyonsé et pwéssé dans la météorologie et la technique de la conservation de l’eau et des terres. En plus ils sont avec les forgerons des sociétés à masques. Mieux ils pratiquent tous le culte des ancêtres par le culte à la terre qui ne sont rien d’autre que des ménagements à la nature et à l’environnement afin de ne pas épuiser, gaspiller ou brader les ressources naturelles au détriment de la population en vendant la terre à des entreprises étrangères pour voir la population déguerpir.

2) Et que dire des métiers féminins, surtout celui qui consiste notamment à filer le bon coton et de donner des fils de bonne qualité aux tisserands (de nos jour on a tendance à confisquer ce rôle aux hommes pour les femmes), alors des clubs de filage de coton manuel ou dans l’industrie textile pourront collaborer pour la mévente du coton. De plus la soie des oiseaux et la dextérité des doigts des femmes de nos esclaves les Samo, Dafing et Bwaba feront le bonheur de nos rois. Des femmes pourront avoir l’industrie du kiê (mil germé) et les dispenseront aux dolotières ou aux brasseries (de bière avec importation d’houblon). Entendu que ces brasseries ne pratiqueront pas de discrimination dans les recrutements. C’est d’ailleur là que le quota d’emploie deviendra plus intéressant tout comme dans l’industrie textile. Les potiers et potières pourront se diriger vers les porcelaineries et les émaux etc. nous avons de l’argile à gogo et aussi du calcaire. L’explosion de la cimenterie nous en informera mieux.

3) Ensuite une représentation de la base au niveau des Institutions Républicaines (appelons-le Sénat ou comme on veut) pour leur permettre de participer aux prises de décisions qui les concernent sur le plan social, économique et politique (leur utilité par exemple ou leur inutilité, le question de la dot, des noms de famille, de la filiation ou des pratiques coutumières à corriger au lieu de les supprimer et bien d’autres sujets aussi sensibles). Tandis que le Conseil Économique et social restera un fourre-tout (partis politiques, religieux, syndicats, ONG, professions, justice, etc.) pour permettre à tout le monde de suivre et d’être informé sur toutes les manœuvres des aides, leur montant, leur utilisation, les accords avec les organismes et organisations internationaux.

4) Enfin permettre à ces pouvoirs politiques locaux, surtout les coutumiers (parce que c’est leur spécialité) la cogestion des terres avec le pouvoir politique public. De même chaque structure ci-dessus décrite, ait ses représentants de jeunes : des localités jusqu’au niveau institutionnel national. Ainsi on pourra supprimer les fameux parlements des jeunes et des enfants tous à l’image des Sénat occidentaux et qui, en fait, n’entretient qu’un conflit factice ou latent de génération. Or dans la généralité, de tels conflits n’existaient pas dans les traditions africaines. Tout au contraire c’était dans ces structures que les jeunes se formaient lentement mais sûrement. Dans le cas qui nous intéresse, au lieu de vouloir passer par la courte échelle qui se passe d’expérience, les jeunes pourront avoir le goût de la vocation professionnelle. De plus certains pourraient même ne pas éprouver la nécessité de s’engager dans des partis politiques pour faire carrière. D’ailleurs les carrières s’apprendront dans dans les structures ci-dessus décrites.


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