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Kosyam : Le Président du Faso face aux responsables de santé de l’Université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo

12 février 2016, 23:49, par Le Boss

Excellence M. Le PF, vous avez une vision noble de notre Burkina et votre démarche est salutaire. Seulement, comme l’ont déjà dit certains prédécesseurs sur ce forum, ce sont les mêmes qui recrutent les patients de nos hôpitaux publics en direction de leurs cliniques. La disparition de certains matériels médicotechniques ne leur est pas non plus étrangère. J’espère que cette main tendue leur fera réfléchir et leur fera prendre conscience que si l’argent venait à être la raison de vie d’un prestataire de soins qui qu’il soit, il mérite de faire valoir ses compétences ailleurs. Certes, c’est cet argent qui nous procure le mieux-être mais est-ce pour autant que nos concitoyens doivent se vider pour nous l’apporter.
Ensuite Excellence, le problème majeur de notre système de santé c’est la méconnaissance des actions de la majorité des prestataires, des acteurs clés du système que sont les paracliniques. J’ai nommé les préparateurs d’état en pharmacie (PEP), les manipulateurs d’état en électroradiologie (MEE), les techniciens de génie sanitaire (TGS), les techniciens biomédicaux (TBM), les sages-femmes et maïeuticiens d’état ; les infirmiers et collègues (AIS, AA, garçons et filles de salles, brancardiers).
Aujourd’hui, on note que 43 médecins sont admis à la spécialisation sur 135 postes disponibles. Pour dire vrai, à ce jour, nos médecins n’échappent pas à la ‘’malformation’’ dont l’ensemble du système éducatif burkinabé fait l’objet et qui touche journaliste, infirmier, enseignant, vétérinaire et autres d’où le nom de médecins de QCM (péjoratif). Cette incompétence est clairement mise à nu par ce résultat 31,85% d’admission à ces spécialisations. Certaines spécialités n’ont fait aucun admis. Les raisons sont simples, les médecins sont en train de chercher le gombo (l’argent) dans les districts et les cliniques. Leur projet ‘’devenir MCD’’ ou ouvrir sa clinique. Combien de spécialistes exercent en milieu rural ?
Excellence, si vous voulez soigner les burkinabé, mettez les points au niveau des paracliniques non seulement ils sont les plus nombreux, les plus près des populations et les plus disposés à soigner partout y compris en brousse comme ces boss désignent nos milieux ruraux.
Un médecin généralité fait 7 ans de formation et 3 ans d’exercice et peut aller se spécialiser avec bourse à l’extérieur comme à l’intérieur pour revenir soigner au maximum 10 patients par jour ouvrable où il est présent. Sur ces 10, 5 à 7 seront orientés dans des cliniques soit pour des examens soit pour des interventions et la destination nommément indiquée au patient.
Excellence, si vous recrutez des médecins pour la spécialisation avec moins de 3 ans de service, je crains que leur expérience ne soit pas suffisante pour affronter la réalité de ce niveau. Le risque c’est les redoublements avec pour conséquences le gaspillage des ressources (bourses) et une inefficacité de plusieurs années après leur sortie.
Aujourd’hui, tout le monde est unanime qu’aucun développement n’est possible sans les femmes qui représentent 52% de la population. Appliquez cette logique à notre système de santé, comment voulez-vous soignez tous les Burkinabé avec seulement 5% du personnel soignant (médecin). Beaucoup de para cliniques ont contourné ce système médicalisé pour aller faire leurs preuves dans des universités mieux équipées et reconnues que les nôtres et brandissent fièrement ses diplômes hautement acquis et toutes les dues à ces rangs avec. Pour ne citer que quelques exemples, combien d’infirmiers, de sages-femmes, de TBM de PEP ou autres sont titulaires de Master, de doctorat en santé publique, en épidémiologie etc… des universités canadiennes, Taïwanaises, Senghor d’Alexandrie ou Belges ? Mais là-bas, ils sont assis dans les mêmes amphithéâtres que des médecins à qui ils s’imposent avec la manière.
C’est sûr, ces paracliniques pour la plupart sont des gens qui ont connus des difficultés, qui n’ont pas eu le soutien requis pour aller plus loin mais de là à les traiter comme s’ils n’avaient qu’un hémisphère cérébral dans leur boîte crânienne, c’est injuste et le tort est subit par tous.
Excellence, nous proposons de soumettre les attachés de santé qui ont 3 ans de service et les médecins généralistes disposant de cette expérience au même concours pour suivre la même spécialisation dans les mêmes universités et si voulez apprêtez 500 bourses chaque année, je parie que vous aurez des candidats sur les listes d’attente sur toutes les options et avant 2020 vous aurez sous la main une masse critique pour faire face aux besoins des CHR, des hôpitaux de district et même des CM des chefs-lieux de commune.
Ce qui manque à cette catégorie de personnel qui a fait ses preuves sur le terrain c’est l’accompagnement lors des stages.
Les PEP, les pharmaciens pourraient postuler pour la spécialisation en anesthésie réanimation tandis que les manipulateurs d’état en électroradiologie sont aptes à participer à toute spécialisation en imagerie même l’IRM. Essayez et vous verrez les résultats.
Bref, notre système de santé n’en finira pas avec ses problèmes tant que 95% seront contraints de croiser les mains et regarder 5% de ‘’seigneurs’’ dicter leurs ‘’savoirs’’ car la médecine est la science et les autres acteurs constituent la technique. S’il avait fallu attendre la science pour appliquer la technique, combien de siècles se seraient écoulés sans qu’on ait pu bouger une grosse pierre de sa place ? Les médecins, les médecins oui c’est bien mais c’est un luxe dont nous ne pouvons-nous offrir dans le quart de siècle à venir et chaque pays doit penser son développement en fonction de ses forces et laisser tomber ces conformismes issus des chemins battus
Web master c’est un éditorial, éditorial pour le chef du gouvernement, le président de l’AN et pour son excellence RMCK PF. Transmettez le leur. Merci


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