Accueil > ... > Forum 882173

Le Burkina Faso abandonne le coton Bt transgénique

6 février 2016, 06:29, par OSC

Après une visite dans la ferme SOFITEX de Boni (province du Tuy), le ministre de l’Agriculture, Salif Diallo, déclarait dans la presse que « sa sortie de terrain (26 septembre 2006) marquait en quelque sorte le top de départ de la production du coton transgénique au Burkina ».

RÈagissez ‡ cet article RÉAGISSEZ
Ces propos ont valu une vive réaction de la Coalition de veille face aux OGM (CV-OGM) hier jeudi 19 octobre 2006 au CNP/NZ. Celle-ci estime, en effet, que le principe de précaution a été outrepassé par les autorités politiques et se dit prête, entre autres actions, à intenter un procès contre Salif Diallo.

C’est au cours d’une conférence de presse que le président de la CV/OGM-BF, le Pr Jean Didier Zongo, professeur de génétique à l’université de Ouagadougou et son collaborateur Bali Nébié, enseignant en sciences de la Vie et de la Terre (SVT) au lycée Nelson Mandela, ont donné la position de la structure suite aux propos tenus par le ministre Salif Diallo (plus précisément dans les livraisons du 29 septembre et du 2 octobre 2006 des Editions « Le Pays »), après avoir visité, le 26 septembre, la ferme de la Sofitex de Boni dans le Tuy.

Ainsi, dans une déclaration lue par Bali Nébié, la CV/OGM indique que le principe de précaution n’a pas été respecté par les autorités burkinabè en décidant d’aller dans la production du coton transgénique. Elle évoque, en effet, le principe 15 de la déclaration de Rio qui dit qu’« En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitudes scientifiques absolues ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’application de mesures effectives visant à préserver la dégradation de l’environnement ».

Elle brandira également un extrait de la loi 005-2006/AN portant régime de biosécurité en matière de biotechnologie au Burkina Faso qui stipule : « En cas de suspicion, l’absence de preuve ne doit pas être un prétexte pour retarder la prise de mesures préventives ». Et la structure dirigée par le Pr Jean Didier Zongo de noter que concernant le coton Bt dans notre pays, des questions essentielles restent posées sur les risques de dommages graves pour l’homme et son environnement.

Ces interrogations sans réponses, dit-elle, concernent les conséquences de la toxine Bt sur la santé humaine et animale ; les mesures qui seront prises pour que le consommateur puisse choisir entre les deux types de denrées ; l’impact de la destruction sélective et massive des insectes sensibles à la toxine Bt sur l’équilibre écologique, car en Chine, cela aurait provoqué une prolifération d’autres insectes ravageurs de coton ; les problèmes de dissémination du gène Bt par les insectes et par les hommes et les animaux ; la ruine de cotonculteurs en Inde et en Chine consécutive à la baisse de rendement constatée après quelques années de cultures du coton transgénique.

Sur ce dernier point, le Pr Jean Didier Zongo mentionnera le nombre de 600 fermiers de l’Inde qui se seraient suicidés, entre juin 2005 et 2006, car ayant été ruinés par les maigres rendements et les surendettements des producteurs pour se procurer les semences transgéniques. Pour ce dernier, il n’est pas exclu que nos producteurs connaissent également ce problème si on se laisse entraîner facilement par les enjeux politiques et économiques entourant les OGM (organismes génétiquement modifiés).

Il a réaffirmé que sa structure n’est pas, par principe, contre les OGM, car il s’agit d’un progrès scientifique, mais que cela devrait se faire en adoptant une démarche prudente. Et de déplorer qu’en dépit du fait que la recherche, notamment l’INERA, se soit donné 5 années après le début de l’expérimentation du coton Bt en 2003, les autorités politiques aient pris la décision de produire du coton transgénique sans attendre les résultats des chercheurs.

Face à une telle mesure, la CV/OGM, qui indique que l’opinion constituant sa première force, elle a décidé de mener des actions pour se faire entendre. Elle n’exclut pas, a dit son président, une poursuite judiciaire à l’encontre du ministre Salif Diallo du fait que le principe de précaution aurait été bafoué.

Cyr Payim Ouédraogo

Observateur Paalga


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés