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Le Burkina Faso abandonne le coton Bt transgénique

6 février 2016, 06:23, par OSC

lundi 1er juin 2009
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Le Burkina étend la culture du coton transgénique, des ONG contestent - Papier d angle, Prev- AFP, p1
Filière coton au Burkina Faso La SOFITEX s’évertue à convaincre les producteurs, p1
Nous publions ci-dessous 3 articles rendant compte des difficultés à faire accepter l’extenion de la culture du coton OGM au Burkina

Le Burkina étend la culture du coton transgénique, des ONG contestent - Papier d angle, Prev- AFP
OUAGADOUGOU, 19 mai 2009 (AFP) - Le Burkina Faso compte ensemencer en 2009-2010 plus de 100.000 hectares de coton transgénique, dans l’espoir d’augmenter la productivité et les revenus des paysans, mais la polémique enfle à Ouagadougou sur cette expansion du coton promu par Monsanto.

Après l’Afrique du Sud, le Burkina est le deuxième pays d’Afrique subsaharienne à s’être lancé dans la production de coton génétiquement modifié.

L’an dernier, 8.500 hectares avaient été emblavés. "Cela nous a permis d’avoir suffisamment de semences pour nous permettre de vulgariser le coton transgénique cette année", explique à l’AFP un responsable de la Société des fibres et textiles (Sofitex), Georges Yaméogo.

Il s’agit maintenant d’ensemencer "118.000 hectares", selon le ministère de l’Agriculture.

Des chercheurs de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (Inera) ont suivi les expérimentations dans des fermes, en collaboration avec la firme américaine Monsanto qui fournit le gène. Et la variété Bollgard II du groupe a été retenue.

Les promoteurs du coton Bt affirment qu’il présente au moins trois avantages : utilisation réduite des pesticides, augmentation de "30%" des rendements à l’hectare, hausse des revenus des agriculteurs.

Comme ce coton a été génétiquement modifié pour résister à certains parasites, "les paysans feront des économies sur les pesticides", assure M. Yaméogo, qui renchérit : "La bonne santé des producteurs sera préservée par une utilisation moindre des insecticides."

Quant au professeur Allassane Séré, responsable d’une association favorable aux OGM, Burkina biotech, il fait valoir que "personne ne s’est inquiété jusqu’à présent des dégâts causés par les pesticides pour le traitement du coton conventionnel".

"Les eaux sont polluées, des poissons meurent, les insectes sont tués", assure cet ancien ministre de l’Agriculture.

Mais des organisations non gouvernementales (ONG) contestent vivement ces arguments.

Elles estiment que le coton Bt a échoué à apporter des avantages aux petits agriculteurs dans le monde et que sa culture est dangereuse à long terme pour l’environnement.

"Aucune expertise indépendante ne nous a montré l’inocuité de cette technologie ni de cette variété", dit l’écologiste Yacouba Touré, membre du Réseau des acteurs verts de l’Afrique de l’Ouest.

Le généticien Jean Didier Zongo, au nom de la Coalition de veille face aux OGM, rejette par ailleurs l’argument d’une importante hausse des rendements, "obtenus en stations, mais qui donneront autre chose chez les paysans".

Pour que le coton transgénique soit attractif, les sociétés cotonnières ont prévu de céder le sac de semences de 30 kg à 26.000 FCFA (39,6 euros), soit 100 francs (0,15 euro) de moins que le coton conventionnel. M. Zongo redoute cependant qu’à long terme, la biotechnologie soit finalement inaccessible aux producteurs car "elle est vendue par Monsanto qui pourra renchérir les coûts".

Le contrat établi entre le groupe américain et les autorités burkinabè - courant jusqu’à fin 2010 - prévoit que les gènes demeurent propriété de Monsanto et que la variété appartient au pays.

Quant aux bénéfices sur la vente des semences, 60% doivent revenir aux paysans qui les produisent, 28% à Monsanto et 12% à des structures de recherches sur le coton Bt, selon M. Séré.

"Comparez avec le mode de répartition des royalties en Inde ou en Afrique du Sud" où Monsanto opère aussi, lance M. Yaméogo, persuadé que le Burkina a su négocier un contrat avantageux.

Par Romaric OLLO HIEN

roh/lbx/cpy/dp

BURKINA-USA-AGRICULTURE-BIOTECHNOLOGIE-COTON - 19/05/2009 07h41 – AFP

Campagne cotonnière 2009-2010 Les producteurs de Gnanfongo et Banwaly redoutent le coton OGM

Dans le cadre du lancement de la campagne cotonnière 2009-2010, deux équipes de la Société des fibres et textiles (SOFITEX) sont allées à la rencontre des cotonculteurs des villages de Gnanfongo et Banwaly (province du Houet) respectivement les 11 et 12 mai 2009. Dans l’ensemble, les producteurs de ces deux localités sont sceptiques quant à la culture du coton transgénique en phase de vulgarisation cette année.

Comme il est de coutume en début de campagne cotonnière, les responsables de la SOFITEX, à travers des forums, vont à la rencontre des cotonculteurs burkinabé afin de faire le point de la saison écoulée et donner des informations sur celle à venir. A Gnanfongo, village situé à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Bobo-Dioulasso, l’équipe de la SOFITEX, dirigée par le directeur commercial de la Société, Augustin Zagré, n’a pas dérogé à la règle. Mais avant tout propos, M. Zagré, assisté du chef de la zone Bobo Sud, Yassia Sawadogo et du formateur Ben Guiré, a relevé que les présents forums se tiennent dans un contexte de crise financière mondiale qui n’épargne pas la SOFITEX et la filière coton. « Cependant, il y a une note d’espoir car nous avons le coton OGM qui, en phase de vulgarisation cette année au Burkina Faso, va permettre d’augmenter les rendements. Aussi, l’Etat s’est engagé à soutenir la filière coton pour la campagne 2009-2010 en subventionnant les intrants pour plus de 7 milliards de F CFA et en octroyant une somme de plus de 4 milliards de FCFA pour aider à solutionner les impayés de crédits internes aux groupements des producteurs », a-t-il poursuivi. 160 FCFA/Kg pour le premier choix.

Convaincu que la filière coton est un secteur vital pour l’économie burkinabé, M. Zagré a pris à témoin les performances de la SOFITEX qui, à l’entendre, a pu réunir 3 529 000 millions de tonnes de coton graine entre les années 2000 et 2008. Une quantité de production qui, a-t-il souligné, a généré un chiffre d’affaires de 1027 milliards FCFA.

Dans le vif du sujet, un des membres de l’équipe, Ben Guiré, a donné des informations utiles sur la campagne qui s’achève (2008-2009) et celle qui démarre (2009-2010), aux quelques producteurs de la zone Bobo Sud réunis à Gnanfongo. Selon lui, 310 000 tonnes de coton graine ont été produites au cours de la campagne écoulée dans la zone SOFITEX et 450 000 tonnes y sont attendues pour la nouvelle saison. Ces chiffres prennent en compte les deux types de coton (OGM et conventionnel). A propos de la campagne 2008-2009, M.Guiré dira que le prix d’achat plancher du coton graine par kilogramme est fixé à 160 FCFA pour le premier choix et 135 FCFA pour le second. Revu à la baisse par rapport à celui de la campagne écoulée (165 FCFA pour le premier choix et 145 FCA pour le deuxième), ce prix, ont affirmé les membres de l’équipe, serait une conséquence directe de la crise financière mondiale. Hormis ce point, il a été aussi question des prix des intrants agricoles destinés à la culture du coton conventionnel et transgénique pour la nouvelle campagne.

Aussi bien pour le coton conventionnel que transgénique, le sac de NPK va revenir à crédit à 13 200 FCFA aux producteurs et celui de l’urée à 14 400 FCFA tandis que le coût du traitement de l’insecticide à l’hectare est de 4 342 FCFA. Pour ce qui est des semences, il en existe deux sortes pour le coton conventionnel. Il s’agit de la semence délintée qui sera vendue à crédit à 552 FCFA le sac et de celle dite non délintée qui coûtera 870 FCFA le sac. Quant au coton OGM, il a une seule semence estimée à 27 000 FCFA le sac pour un hectare.

De Gnanfongo à Banwaly : le coton OGM rejeté

Des prix des intrants, l’équipe de la SOFITEX qui a animé le forum à Gnanfongo en est arrivé au sujet de la ristourne instituée au profit des producteurs. Celle de la campagne 2009-2010, a-t-on appris, sera déterminée en avril 2010 conformément aux dispositions du mécanisme de lissage y relatives. Les informations communiquées à Gnanfongo sont les mêmes que celles portées à la connaissance des producteurs de Banwaly (commune rurale de Padéma) par une autre équipe de la SOFITEX conduite par le directeur par intérim des ressources humaines de la Société, Hamdine Bâ. Mais une fois ces informations livrées de part et d’autre, les équipes de la SOFITEX ont échangé avec les producteurs sur leurs préoccupations comme le veut la tradition des forums. Outre les problèmes de gestion de leurs groupements professionnels, les producteurs que ce soit à Gnanfongo ou à Banwaly, ont en majorité regretté le retard enregistré par la SOFITEX dans le paiement du coton et de la ristourne de la campagne écoulée. Dans l’ensemble, ils ont également exprimé leur réticence à cultiver du coton OGM malgré ses avantages (augmentation de rendement, usage réduit d’insecticides…).

La plupart des producteurs disent ne pas avoir confiance au coton OGM et trouvent le prix de sa semence élevé. Concernant le retard de paiement observé par la SOFITEX dans l’achat du coton, des excuses ont été présentées aux producteurs et la même explication donnée à Gnanfongo tout comme à Banwaly. « Cette situation s’explique par le fait que les prix du coton étaient bas à un moment donné sur le marché international. Si bien que nous avons préféré patienter pour vendre mieux la quantité dont on disposait. Ce qui a fait que nous avons accusé un retard à vous payer, mais cela sera réglé dans les prochains jours », a argué le chef d’équipe de la SOFITEX, Augustin Zagré, à Gnanfongo.

Donnant plus de précisions, le chef d’équipe de la SOFITEX, Hamdine Bâ, a confié aux producteurs de Banwaly que « le paiement du coton a commencé depuis le 8 mai 2009 et devrait prendre fin à la fin du même mois ». La question du retard dans le paiement du coton a été évoquée avec passion par les producteurs des deux localités au même titre que celle du coton OGM. Aussi bien à Gnanfongo qu’à Banwaly, les équipes SOFITEX sont revenues de long en large sur les avantages du coton transgénique, histoire de convaincre les producteurs de le cultiver. Mais rien n’y fit ! Les arguments déployés n’ont pas eu raison de la réticence des producteurs qui rejettent visiblement le coton OGM promu pourtant à l’échelle nationale par les autorités. « Ne nous importunez plus avec cette histoire. Le coton conventionnel et OGM, c’est même pipe même tabac », a dit un producteur. Ayant tenté en vain de convaincre les producteurs à Banwaly, le chef d’équipe de la SOFITEX, Hamdine Bâ, a fait savoir à ceux-ci que ce n’est pas une obligation de cultiver du coton OGM. « Celui qui est intéressé peut le faire et celui qui ne l’est pas ne le fait pas ! », a-t-il lancé à l’endroit des producteurs de Banwaly.


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