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Extradition de Blaise Compaoré : Le commissaire du gouvernement sceptique !

27 décembre 2015, 04:00, par Sidpawalemdé Sebgo

Ce commissaire du gouvernement, comme beaucoup de Burkinabè, est toujours sous l’influence de l’aura de Blaise Compaoré, et a du mal à l’imaginer répondant à la justice. Il ne faut pas oublier que pour certains, Compaoré est un "demi-dieu", loin de l’homme ordinaire. Dans ce cas, ne serait-il pas mieux de changer de commissaire ? Mais en ce qui concerne les supputations des uns et des autres, il faut remettre les pendules à l’heure :

1°) La soit disant amnistie qui concerne les chefs d’états couvre-t-elle Blaise Compaoré ? Oui s’il est dit que l’assassinat de Sankara fait partie des "crimes politiques" énoncés par la loi qui couvre de 1960 à 1992. Est-ce le cas ? Que les juristes professionnels (et non partisans) nous situent.
2°) Blaise Compaoré est-il Ivoirien et à ce titre "inextradable" ? Non. La nationalité ne s’acquiert pas automatiquement, nulle part. Et sauf s’il a entamé la procédure depuis son exil forcé, il n’était pas Ivoirien ni en 1987, ni quand il quittait la présidence le 31 Octobre 2014. Et s’il est devenu ivoirien, cela ne peut être opposé pour des faits commis avant, et qui plus est dans son pays d’origine.
3°) La peine de mort est-elle un motif valable pour refuser d’extrader Blaise Compaoré ou un autre ? Non. Le Burkina Faso n’applique plus la peine de mort depuis des années, et les rares condamnés ont vu leurs peines commuées en prison à vie. La loi d’abolition officielle est passée au CNT en Juin 2014 et n’est donc plus applicable. Le commissaire du gouvernement est en retard d’un code pénal.
4°) L’enregistrement Soro-Bassolet sera-t-il authentifié et utilisé en justice ? Oui, forcément, à moins de libérer Bassolet tout de suite car sans ces écoutes, son dossier d’accusation tombe à l’eau. Le PM Zida ne s’appuie pas sur une authentification d’expert mais sur sa propre connaissance intime des deux hommes, de leur voix et de leur façon de parler. Espérons pour lui qu’il ne se trompe pas.
5°) Ouattara peut-il s’entêter à refuser l’extradition de Compaoré ? Oui, peut être pendant un temps. Mais d’autres mandats d’arrêts suivront concernant l’insurrection, les affaires Norbert Zongo, Oumarou Clément Ouédraogo, Henri Zongo et Lengani, et peut être le coup d’état, toutes transmises à interpol. Donc Compaoré sera soit arrêté par les ivoiriens, soit en prison en Cote d’Ivoire menacé d’arrestation s’il sort. Sans compter que le Burkina peut constater son incapacité et passer l’affaire à la CPI, ce qui mettra encore la pression. Enfin, Ouattara est à son dernier mandat, donc, ce serait un simple sursis...
6°) Ouattara compte-t-il faire du chantage économique et politique à Roch pour calmer les dossiers Compaoré et Soro ? Surement. Mais il perd toute crédibilité internationale si cela est rendu public, et confirmera ainsi de fait la culpabilité de Soro. De plus, Roch sait qu’il risque une autre insurrection s’il essaie de museler la justice, surtout sur ces affaires phares pour le peuple. Il y a donc peu de risques que cela marche.
7°) Les avocats étrangers peuvent-ils défendre Bassolet ? Non. Comme pour la décision de la cour de la CEDEAO sur le code électoral, une loi supra nationale doit être traduite en droit national avant que les magistrats ne l’appliquent. Donc, comme le juge constitutionnel, le juge militaire applique la loi en l’état. Remarquons que c’était au gouvernement Compaoré, dont Bassolet était membre, qu’il revenait de faire ce travail de relecture du code de justice militaire. C’est aussi ce même gouvernement qui a pris une loi obligeant à juger le dossier Sankara devant la justice militaire, qu’ils estimaient mieux maitriser. Donc, Bassolet est victime de leurs propres vicissitudes, comme disent les juristes.
8°) Devons nous sacrifier la justice sur les dossiers de crimes économiques et de sang au nom de la diplomatie et de la "réconciliation nationale" ? Non ! Cela n’a jamais marché nulle part dans le monde et c’est inimaginable après une insurrection. Partout ou cela a marché, on a fait VERITE-JUSTICE-RECONCILIATION dans cet ordre.
Donc, sachons raison garder... Dieu garde le Burkina Faso !


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