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L’UNIR/PS et les Sankaristes à la croisée des chemins

12 décembre 2015, 14:34, par Sidpawalemdé Sebgo

La question principale soulevée par l’analyse de M. Somé et les réactions qui ont suivi est la suivante : Roch Marc Christian Kaboré, président élu, et le MPP, parti majoritaire, sont-ils légitimes oui ou non ? Car la comparaison/assimilation que certains font entre CDP et MPP, c’est cela. CDP = MPP et Roch = Blaise ???

1°) Blaise Compaoré s’est emparé du pouvoir par un coup d’état sanglant en 1987. Il s’est ensuite attelé à renforcer son pouvoir par l’élimination politique (ou physique) de ses adversaires et concurrents et à "civiliser" son pouvoir par une démocratisation de façade, dans laquelle il veillait à avoir une domination écrasante, que ce soit par ses prérogatives présidentielles ou sa large majorité à l’assemblée. Il pouvait donc appeler qui il voulait à partager son pouvoir quasi absolu, que ce soit pour "boire le lait ou compter les veaux", selon une expression célèbre. On pouvait donc parler "d’aller à la soupe" quand quelqu’un ralliait le pouvoir, surtout qu’il était de notoriété publique que les crimes économiques étaient permis sinon encouragés.
2°) RMC Kaboré est élu à une courte majorité (53%) aux élections de 2015, que tous les observateurs, y compris les candidats, ont jugé transparente. Son parti a inspiré et participé à l’insurrection populaire qui a permis ces élections historiques. A ce jour, aucun crime ne lui est imputé ou reproché, malgré qu’il ait longtemps participé au pouvoir de Compaore. Il ne dispose pas d’une majorité absolue à l’assemblée et en théorie, une coalition pourrait même lui imposer une cohabitation. On a donc du mal à voir la similitude que l’auteur et beaucoup d’internautes dénoncent, à moins que ce soit un procès d’intentions du au seul fait que les RSS aient accompagné Blaise dans le passé.

Un autre parti, l’UNIR/PS, de même idéologie sociale-démocrate, en rejoignant la majorité présidentielle, pourrait aider à constituer cette majorité parlementaire stable, à ses conditions bien sûr. Ce parti constituerait donc le pouvoir, et non pas rejoindrait le pouvoir que personne n’a clairement et totalement à l’heure actuelle. On ne peut donc pas parler "d’aller à la soupe", puisque sans lui il n’y aurait pas de soupe ! Et on ne peut parler de trahison, car qui ou quoi trahirait l’UNIR ? Son idéologie, qui est la même que celle du MPP ? Son intégrité, qu’au contraire elle pourrait contribuer à imposer au gouvernement ? Ses camarades Sankaristes, dits de gauche mais qui ont soutenus le candidat libéral et qui n’ont pas été capables d’obtenir un seul député ? Le peuple, celui la même qui a choisi majoritairement RMC Kaboré et le MPP ?

Soyons un peu sérieux, et si nous nous prétendons démocrates, évitons de dire que le peuple a mal choisi, ou que l’opposition systématique est la seule option "digne". Si les élus ne donnent pas satisfaction et veulent perpétuer la mal-gouvernance qui a caractérisé l’ère Compaoré, alors le même peuple qui les a élu les chassera, par la rue ou par les élections. Mais si la participation de l’UNIR peut imprimer les valeurs du Sankarisme qu’ils prétendent incarner et qui leur valent d’être la 4ième force politique du pays, alors tant mieux. Je ne vois pas pourquoi un Burkinabè voudrait que le pays soit ingouvernable pendant 5 ans, à moins de faire partie de ceux que M’ba Michel appelle "les forces du mal".


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