Accueil > ... > Forum 838405

Mariam Sankara à l’occasion du 15 octobre : "J’en appelle encore à l’insurrection électorale pour un vrai changement !"

15 octobre 2015, 11:26, par L’Intègre

Maman national ne vous inquiétez pas ; même les plantes entendront votre appel car elles ont eu plus de souffle avec l’avènement de la révolution de THOM SANK. Un petit rappel de l’Histoire :
Sankara dérangeait, c’est pourquoi il a été assassiné. Cette opinion est largement partagée en Afrique et ailleurs. François Mitterrand en visite au Burkina en novembre 1986 n’avait-il pas lui-même avoué : « C’est un homme dérangeant, le capitaine Sankara. […] Il ne vous laisse pas la conscience tranquille […]. » Pour Paris, Thomas Sankara était un très mauvais scénario pour ses intérêts. Sur plusieurs dossiers en effet, le Burkina de Sankara et la France n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Sankara exprimait ouvertement ses désaccords qui ne plaisaient pas aux dirigeants de l’ancienne puissance coloniale. Le premier couac entre le président Sankara et la France intervient deux mois seulement après la prise du pouvoir des « capitaines » à Ouagadougou. Sankara décide de se rendre au sommet France-Afrique de Vittel en octobre 1983 pour « apprécier et évaluer » ce type de rencontres jugées inopportunes et néocolonialistes par nombre de révolutionnaires burkinabè. A Paris, Sankara est accueilli à sa descente d’avion par un certain Guy Penne, bien connu dans le landernau politique burkinabè, pour avoir joué un rôle dans l’arrestation de Sankara le 17 mai 1983, alors Premier ministre. Une grave bévue protocolaire que le président Sankara ne laisse pas passer. Il menace de reprendre son avion pour Ouagadougou. Mitterrand dépêche son fils Jean Christophe et son conseiller, le philosophe Régis Debray, pour amadouer Sankara. Finalement, il reste, mais refuse d’assister le soir même au dîner donné en l’honneur des chefs d’État africains. Cet incident serait passé inaperçu s’il s’était agi d’un autre chef d’Etat africain du pré carré. Ils avalent pire que ça sans broncher. Sankara annonçait donc les couleurs des nouveaux rapports qu’il compte instaurer entre son pays et la France. Deuxième incident, toujours en France, c’est l’arrestation et la mise en résidence surveillée en janvier 1984 de Vincent Sigué, ange gardien de Sankara. Il est aussi chargé de mission à la présidence et c’est dans ce cadre qu’il se rend à Paris. N’ayant pas respecté certaines règles dont l’interdiction de port d’arme, Sigué est arrêté à l’aéroport par des policiers français, malgré son passeport diplomatique. Sankara est furieux de n’avoir pas été mis au courant préalablement par les autorités françaises, même s’il reconnait les « erreurs » de Sigué. Il exige sa libération immédiate, faute de quoi, tous les expatriés français à Ouagadougou seront également mis en résidence surveillée. Paris obtempère. L’accalmie sera de courte durée. En mars 1984, l’ambassadeur français est éconduit par Sankara après une petite entrevue suivie de l’expulsion de deux officiers français.Motif ?« Les sympathies de la France pour certains opposants qui jouent de réseaux d’amitié dont ils disposent dans les milieux de la majorité politique française »et qui « prépareraient une tentative de déstabilisation »,explique Sankara à Le Blanc, l’ambassadeur français à Ouagadougou. Un autre coup de froid diplomatique entre les deux capitales intervient quand Blaise Compaoré, ministre de la Justice, délégué à la présidence, se rend à Paris. Le numéro 2 du Conseil national de la révolution (CNR) est en France pour une visite officielle, mais l’accueil est très glacial. Blaise est à peine reçu au niveau ministériel. Le Parti socialiste au pouvoir refuse toute entrevue avec lui. Cette attitude serait dictée par les sympathies et les relations du PS français avec Ki-Zerbo (opposant exilé) dont le parti est membre de l’International socialiste. Sankara confie à l’ambassadeur français sa déception :« Comment nos rapports peuvent-ils s’améliorer ? Avons-nous une chance d’établir une compréhension mutuelle si la France se dérobe indéfiniment au dialogue ? Qu’avez-vous contre notre révolution ? Le discours tiers-mondiste de François Mitterrand [à Cancún au Mexique en 1982, NDLR] ne sert-il qu’à l’usage interne français et implique-t-il vraiment que, pour ce qui est de l’Afrique, on ne puisse bénéficier de la considération de la France que si l’on reste dans son giron ? »
Bon anniversaire même s’il est douloureux.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés