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Projet de protocole d’accord de la CEDEAO : Frustration et Indignation à Bobo

21 septembre 2015, 07:26, par Adam’s

Ainsi, la sauvegarde l’essentiel, la patrie et la paix, aurait prévalue. Les médiateurs, la communauté internationale, la classe politique, la société civile et les forces de défense et de sécurité ont réussi en trois (3) jours de concertation et sont parvenus à un projet de protocole d’accord de sortie de crise. Rien n’est parfait en ce monde dit-on ; du reste, il reste à être signé par tous. Merci pour tout et félicitation à tous et à toutes. Il s’agit maintenant de porter ce projet et de l’améliorer pour le bonheur des filles et fils de la patrie.
Trois (3) points appellent de ma part des commentaires. Ce sont :
(1) De la libération sans condition de toutes les personnalités détenues suite aux événements du 17 septembre 2015. Il est à espérer que le terme « personnalité » n’exclurait pas les personnes arrêtées parmi la population. Sans être des personnalités, ces défenseurs de la liberté manifestent légitimement contre la prise en otage du Président de la transition, Président du Faso et de tout le gouvernement de la transition perpétrée par le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) et qui s’est muée 24 heures plus tard en un coup d’état.
(2) La participation des personnes dont les candidatures ont été invalidées par la Cour Constitutionnelle aux prochaines élections est un des arguments livrés par les putschistes à leur forfaiture. Aussi, les personnes et les partis à qui profiterait l’accession à cette revendication seraient des putschistes et la fraction isolée de l’armée, quoique disposant d’impressionnantes capacités de nuisance, épuiserait tout le contenu d’une milice de ce parti.
Ainsi, il faudra s’attendre à ce que ces partis recourent aux mêmes moyens pour contester les résultats des élections si ceux-ci venaient à leur être défavorables. Le plus simple, dans un souci « d’apaisement et de préservation de la paix » serait de déclarer ces personnes vainqueurs dès le départ (avant échéance) ; ainsi, ferait-on l’économie de la survenance de violences post électorales à notre chère Patrie.
Ce point de l’accord constituerait un précédent grave dans la consolidation de la démocratie car il consacrerait le recours au putsch et à la terreur, qui ne sont pas des voies et des méthodes républicaines pour défendre et imposer son opinion !
Ceci dit, il faudra néanmoins noter que de tous les actes posés dans le cadre des préparatifs pour les prochaines élections, l’invalidation des candidatures est de ceux-là qui semblent être incompris des partenaires du Burkina Faso. Il convient alors de s’y pencher et, sinon d’annuler la mesure pour toutes les candidatures invalidées, du moins la limiter à la catégorie de personnes suggérées (précisées) dans l’arrêt des juridictions de la CEDEAO et dans le respect des martyres des 30 et 31 octobre ainsi que du 2 novembre 2014.
(3) « L’acceptation du pardon et l’adoption d’une loi d’amnistie au plus tard le 30 septembre 2015 sur les événements consécutifs au coup d’état du 17 septembre 2015 »
Quelle fuite en avant ! Il est quand même de notoriété que le pardon soit d’abord demandé avec bien entendu la manière requise et qu’ensuite il soit accordé. Noter que l’expression « événements » est assez réducteur de la situation réelle compte tenu des morts par balles tirées par les « RSP » qui ont été enregistrés (on en est quand même à une dizaine !).
Cette approche assez cavalière de la demande et de l’accord du pardon n’est pas acceptable et cela quelle que soit la langue dans laquelle elle est ainsi exprimée.
Que les gens mauvais et méchants n’accordent pas d’importance aux vies humaines fauchées, cela peut (parfois) ne pas surprendre ; mais le quasi mépris de la part des gens « biens » peut être horrible.


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