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« Les nuits froides de décembre, l’exil ou… la mort » : Valère Somé, ses années de torture et ses tortionnaires

13 septembre 2015, 01:04, par Dykhôutassouh

J’ai beaucoup d’admiration pour l’auteur de ce cet ouvrage que je connais de longue date. Son intelligence, sa droiture et la sobriété de sa vie, m’ont toujours fasciné, et je me suis toujours demandé s’il lui arrive souvent de penser à vivre pour lui-même. Lorsque j’observe l’évolution de la vie de ce grand intellectuel si pétri d’expérience et de talent, je ne peux m’empêcher de dire tout bas : quel gâchis pour lui-même et pour notre pays !

Cependant, j’ai beaucoup d’appréhension au sujet de l’ouvrage qu’il vient de publier. Je ne doute pas de la véracité des faits relatés et je le comprends pour toutes ces souffrances qu’il a endurées, et dont sa vie reste à jamais marquée. Cependant, je me demande s’il était opportun de le faire de cette manière, à cette période, en ciblant seulement et particulièrement deux éléments d’un système dont il est lui-même issu à l’origine. Car je crains fort qu’il ne soit éclaboussé en retour, pour les raisons (peut-être simplistes) suivantes :

- La révolution d’août dont il a été l’un des plus grands idéologues, telle que prônée comme toutes les autres du même genre, la "révolution rouge" (donc de sang), la "lutte de classes jusqu’à la victoire finale....." peut-elle se faire sans tortures, assassinats, exécutions ? Pendant que nous y sommes, certains de nos compatriotes ne semblent-ils pas restés sur leur faim, puisqu’ils estiment que l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 est une "révolution inachevée" et qu’il faut nécessairement "l’achever" ? De quelle révolution s’agit-il ? Celle de "la lutte de classes sanglante faite encore de tortures, d’assassinats et d’exécutions ? Dans ce pays et dans quel monde ?

- On pourrait surtout rétorquer à Valère Somé, que "les nuits froides de décembres, l’exil ou...la mort", n’ont pas commencé le 15 octobre 1987, mais bien avant, avec le Conseil national de la révolution (CNR), dont il était un membre influent. Nézien Badembié, Fidel Guébré et.........Yorian Gabriel Somé son propre oncle, ont très précocement goûté à ces nuits froides. Bien qu’elles ne fussent pas de décembre, eux, n’ont pas eu la chance de s’en remettre, torturés à mort et jetés comme des chiens à la morgue de l’Hôpital Yalgado. Ceux qui y avaient accouru pour les voir avaient de la peine à les reconnaître ! En tant que pilier du système en son temps, Valère Somé a certainement dû faire face à l’incompréhension des parents au village, et je m’imagine comment cela a dû l’éprouver.

Mon intention n’est pas de remuer le couteau dans la plaie, car je sais à quel point ça fait mal. J’approuve aussi la publication de cet ouvrage très riche de renseignements et d’enseignements, pour notre mémoire collective, qui doit nécessairement s’affranchir de ces nuits funestes. Je voudrais surtout inviter humblement mon grand idole Valère Somé, à prendre du recul après la diffusion de cette oeuvre, à méditer profondément comme il en a l’habitude (je le sais), afin de parer à toute éventualité, tout en poursuivant sa vie, dans la Paix, en Lui-même, et en chaque Être !

Un grand admirateur de Valère Dieudonné Somé.


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