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MESS : Assainir et harmoniser les méthodes de calcul des heures supplémentaires

9 septembre 2015, 15:21, par elouss

La lecture de cet écrit de « lefaso.net » ne m’a pas laissé indifférent. Puisqu’on est à la recherche de solutions, je souhaite apporter ma modeste contribution.
A en croire monsieur le SG du MESS, Monsieur Bila Dipama, c’est une « mauvaise pratique » que « des enseignants réclament des classes de vacation ou exigent à ce que des heures qui n’ont pas été effectivement assurés, mais qui sont inscrits dans leur emploi du temps puissent être payés lorsque ces heures coïncident avec des jours de débrayage, de grève, de fête, ou tout autre évènement qui aurait conduit à la non effectivité des cours »
Que faut-il en penser, quelle solution apporter ?
1) La classe de vacation n’est pas la panacée !
Si des enseignants en sont arrivés à réclamer une classe de vacation dans leur propre établissement au lieu des heures supplémentaires, c’est qu’Ils se sont rendu compte qu’ils ne sont pas traités avec justesse. En effet, considérons d’une part, deux enseignants d’un même établissement, l’un par dévouement accepte de donner des heures supplémentaires pour aider à résorber le déficit en enseignants, l’autre se contentant de son volume horaire statutaire. Il est un fait que « les jours de débrayage, de grève, de fête, ou tout autre évènement qui aurait conduit à la non effectivité des cours" ont rarement une incidence (sauf en période de répression) sur le traitement salarial des fonctionnaires. Avec des jours sans cours, l’effort de l’enseignant dévoué s’en trouve quelque fois complètement annihilé car ce qui devait constituer des heures supplémentaires se retrouve comptabilisé en heures statutaires. Son collègue et lui sont donc traités au plan salarial de la même façon. Où est donc la récompense de l’effort fourni ?
D’autre part, un autre collègue avec un statut de vacataire (professeur non membre de l’établissement) venu suppléer l’établissement qui aurait fourni le même nombre d’heures que notre enseignant aux heures supplémentaires sera payé ! Où est donc la justice ?
La réclamation d’une classe de vacation par les enseignants peut donc se comprendre comme un moyen de sauvegarder les heures d’efforts supplémentaires fournis au cas où « des jours de débrayage, de grève, de fête, ou tout autre évènement pouvant conduire à la non effectivité des cours » viennent à annihiler les efforts. C’est donc une question de justice.
Lorsque la requête de « classe de vacation » sera acceptée, les enseignants qui donnent des heures supplémentaires n’auront accompli qu’un pas vers la justice. Ils comprendront que ce statut n’est pas la panacée, que le vacataire traine aussi sa croix !
En effet, les jours de débrayage, de grève, de fête, ou tout autre évènement qui aurait conduit à la non effectivité des cours, même si cela n’est pas le fait du vacataire porte toujours préjudice au traitement salarial de ce dernier. Dans les mêmes conditions, le traitement salarial de son collègue fonctionnaire n’est pas inquiété. Pensez vous sincèrement monsieur le SG, que cela soit une bonne pratique juste et équitable ?
Ce n’est certainement pas l’avis des enseignants qui « exigent à ce que des heures qui n’ont pas été effectivement assurés, mais qui sont inscrits dans leur emploi du temps puissent être payés lorsque ces heures coïncident avec des jours de débrayage, de grève, de fête, ou tout autre évènement qui aurait conduit à la non effectivité des cours »
Je ne pense pas que c’est en accédant à ces réclamations que la dépense a été exorbitante et je ne pense monsieur le SG qu’il est inutile que le MESS en budgétisant les cours compte sur les jours de non effectivité des cours pour faire des économies ! Si tel était le cas, il faut craindre des dérives surtout avec le privé. Nous avons personnellement dénoncé cette tendance autours des années 2000 aux heures chaudes de la lutte contre l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons par le COLLECTIF(CODMPP) contre l’impunité. Certains établissements privés de Ouagadougou (dont je tais les noms, les intéressés se reconnaitront) profitant de l’ambiance de l’époque s’étaient rendu à susciter des débrayages des élèves afin de faire des économies.

2) Innover par l’introduction de contrat de travail
Vivement que cette question trouve une solution intelligente et responsable. Le problème fondamental que ces deux revendications des enseignants posent est celui de la nature du contrat de travail (enseignement) entre l’établissement d’enseignement et l’enseignant. Quel type de contrat existe-t-il entre un enseignant (qui fait des heures supplémentaires ou qui fait la vacation) et l’établissement d’enseignement ? Est-ce un contrat à durée déterminée d’une année scolaire ou est–ce un contrat à la tâche ? La clarification de cette nature du contrat pourra aider à mieux cerner le problème et à lui trouver des solutions claires, justes et définitives. Si l’on fait l’économie de la réflexion en ne focalisant que sur les « dépenses faramineuses » que l’on désir réduire, il y a de fortes chances que l’on s’embarque dans une voie improductive.
Pour moi, la question est bien simple à résoudre, on n’emploie pas un enseignant à la tâche, il faut faire des contrats de travail à durée déterminée d’une année scolaire en bonne et due forme pour assurer les heures non couvertes par le personnel des établissements. Que l’enseignant appartienne ou non à l’établissement concerné. La somme correspondant au contrat doit être reversée à l’enseignant mensuellement au cours de l’année qu’il y ait cours ou non (sauf si cela est de son fait). Le suivi de l’effectivité du travail incombe aux responsables de l’établissement. C’est à ce prix, et aussi à ce prix que nous allons réhabiliter l’enseignant.
Maintenant pour résoudre les dépenses exorbitantes liées au recours aux heures supplémentaires et aux vacations par manque d’enseignants, il faut résoudre le déficit en enseignants, c’est tout.


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