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Echéances électorales : Au-delà de la bonne conduite, la morale politique

26 août 2015, 09:16

Mr Anselme, ce que vous dites est tellement vrai et pertinent. Mais, voyez-vous, le bon sens a fui le Faso il y a bien longtemps. Quand ceux qui sont lucides parlent on les taxe d’être venduS. Il n’y a que les griots, les manipulateurs et les menteurs qui se font applaudir. Comme s’il n’y a plus que les ventres et le tube digestifs qui comptent dans ce pays. On ne parle plus que du passé et du présent. On ne parle pas d’avenir malgré les élections à venir. Or, c’est l’avenir que nous pouvons et devons changer. Le passé est révolu et nous devons bien utiliser le présent pour penser, préparer et construire le futur. Une simple question de morale sociale et de bon sens.

On dirait nous sommes tous hypnotisés pour courir vers la destruction du pays. Tout le monde sent qu’on va dans une mauvaise direction, mais ils disent "allons seulement". Jusqu’où faut-il se laisser tirer dans la mauvaise direction avant de retrouver le bon sens et dire STOP ? Le Burkina est malade de la cupidité, de la voracité et de la malhonnêteté de ces fils (vieux comme jeunes, femmes comme hommes). Nous sommes complètement hypnotisés et conduits comme des moutons vers l’abattoir des politiciens. Le charlatan qui a wacké les leaders politiques du Burkina Faso et une bonne partie de sa jeunesse est très fort. Le pays des hommes intègres est devenu le règne du mensonge et des flatteries du style "blaguer tuer". Moi, j’ai très peur et j’ai juste envie de pleurer. Je sens que les politiciens vont continuer de nous faire souffrir et nous pousser à nous entretuer. La transition est juste un lenga dans cette longue souffrance à venir. Je vais fuir au village de mes grands parents et attendre que les élections passent. Je voterai blanc.

Ils veulent juste le pouvoir pour leur propre ambition personnelle, mais Dieu seul sait ce qu’ils feront de nous après. En terme de développement, je pense que nous sommes partis pour 5 à 10 ans d’errance comme en Cote-d’Ivoire après la crise de Guei et Bédié. Nous sommes devenus prisonniers et victimes de la politique politicienne. La société va beaucoup régresser car la qualité du leadership politique qui sortira des élections ne sera pas meilleure par rapport à l’époque de Blaise COMPAORE. Le pays a plus de problèmes maintenant car personne ne surveille la mise en oeuvre des nombreux programmes prioritaires de développement sur le terrain. Les coordonnateurs et autres gestionnaires risquent de piller allègrement l’argent des projets pour financer la campagne électorale dans l’espoir de conserver leurs postes. A cette allure les bailleurs risquent de refuser de financer notre prochain SCADD. On ne sait pas où les nouveaux élus trouveront l’argent pour répondre au aspirations des enfants, des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des paysans, des éleveurs, des commerçants, des fonctionnaires, des politiciens professionnels, des burkinabé de la diaspora. On va souffrir si on compte sur les politiciens qui veulent se faire élire, car ils ne feront que de fausses promesses.

Il faut que dès maintenant, les populations et les différentes composantes de la société se ressaisissent et prennent leurs sorts en main pour se battre et s’en sortir, comme elles l’ont toujours fait. On connait les problèmes de chaque composante de la société. On peut cependant en faire un inventaire plus exhaustif. Nous pouvons nous organiser pour les résoudre au niveau local tout avec les OSC de développement (et non les OSC politisées) en préservant l’environnement et les ressources naturelles pour les prochaines générations. Il faut que nous travaillions à réapprendre vite à nos enfants, nos familles, nos villages, nos communautés et nos collectivités de vivre de façon autonome sans rien attendre de l’Etat central. Les nouveaux gouvernants vont être tellement occupés à se partager les ressources publiques pour s’enrichir comme ceux de la transition et bien d’autres avant eux. Moi je n’attends rien d’eux.

Il faut que les populations aussi se prennent en main dès maintenant et évite les vains espoirs. C’est ce que Ky Zerbo appelait l’auto-développement ou développement endogène. Si nous voulons survivre et échapper à la mainmise des politiciens véreux et apatrides sur l’avenir de ce pays, nous devons prendre en main notre destinée et les laisser s’entretuer entre eux si cela les amuse. Le jeu politique et surtout la démocratie ne sont pas synonymes de guerre, de méchanceté, de haine et de divisions. Comme l’a dit le Moogho Naba, la politique est venue trouver notre société, il ne faut pas qu’elle nous détruise. Les politiciens doivent faire beaucoup attention même s’ils sont sans moralité et ont le pouvoir d’Etat. Tôt ou tard, ils seront rattrapés par leurs actes. Ils rendront compte pour leurs méfaits à l’endroit de la "majorité silencieuse" qui ne demande qu’à vivre sa misère dans la paix et la dignité.


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