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Fête de l’Assomption à Yagma : L’on a encore célébré la Vierge Marie

18 août 2015, 21:08, par Mechtilde Guirma

Personnellement, si je dois reprendre la question de la Vierge Marie théologiquement et par analogie, je dirai ceci :
Par analogie d’abord : Il est d’usage et de bon ton que quand vous voulez solliciter le roi, la moindre des choses est d’aller d’abord saluer sa mère ou à défaut son épouse. La raison est que ces deux personnalités féminines parlent toujours ou vous recevra toujours au nom des ancêtres (hospitalité oblige) dont la case fait face à la leur. Elles sont donc investies de la parole (de sagesse et de paix) de ceux-ci, qui leur permettra d’interpeller son royal fils ou époux en votre faveur et en vous faisant annoncer ou introduire.
Mais ici parlant de la Vierge Marie, on est en théologie. Et la question dépasse un simple fait de la cour du roi, du roi lui-même ou de la reine. Pour cela il faudrait dépasser la simple question analogique. Cependant, elle nous permet tout de même de nous situer sur deux pôles théologiques : l’eschatologie et la doxologie.

Marie et la question eschatologique.

Tout d’abord je me dis que quand je fais face à Marie (que représente sa statue), je me dis que derrière elle, il y a son Fils, puis l’Esprit Saint et Dieu le Père. Tout comme le visiteur se jette devant la reine dans la cour du roi.

Ensuite pour cette raison je me prosterne devant Marie. Et je vous assure que je ne peux pas faire autrement pour deux autres raisons :
Je viens de dire que les trois personnes de Dieu sont là et regardent et écoute. Marie qui fait écran entre Eux et moi, je me dis que la force de rayonnement et d’attraction de ces trois personnalités de Dieu, de façon unitaire et unique en un seul Dieu, dépasse l’entendement de l’esprit humain (c’est pour cela que certain ne comprennent pas la Trinité de Dieu mais qui pourtant agit chaque jour dans notre quotidien). Aussi Marie, qui est une personne humaine comme nous mais très proche des divinités par l’humanité de son Fils, permet de canaliser la lumière du Paraclet que Celui-ci envoie à travers sa Mère afin que, par ce canal, l’humanité la reçoive de façon intelligible. De cette manière les hommes gouttent à la miséricorde de Dieu en réponse à leur question eschatologique, c’est à dire existentielle tant sur le plan social, qu’économique et politique.

La question doxologique :

Revenons à l’analogie : Le visiteur se rend cette fois-ci directement chez le roi. Il le loue avant de le solliciter en commençant par l’interpeller par le nom de sa mère : « Napagha zagl biiga zaagl, lam gom né » (je m’adresse au roi un tel, fils de la reine une telle). À ce moment on voit le roi qui fait un mouvement du pied ou du corps. Une façon de montrer qu’on a su l’atteindre en plein cœur. À ce moment il est dans toute sa pleine gloire, surtout le jour de la fête de ses ancêtres, quand le Bendré entame la généalogie de ceux-ci.

Personnellement encore, parler d’adoration de la Vierge ou de non adoration qui est seulement réservé à Dieu ou au Christ me pose problème. Cela revient pour moi, dans ce cas de figure seulement, le difficile devoir (ou de contrainte ?) de trouver une frontière quelconque entre doxologie et eschatologie (Voyez par exemple la prière du « Notre père »). Et il m’est arrivé de pousser l’hérésie (si hérésie il y a ?) jusqu’à me poser la question : Et si Jésus qui, dans la kenose totale, a épousé l’humanité en empruntant son masque (le corps humain bien entendu), humainement parlant n’a-t-il pas lui-même adoré sa mère, puisqu’il l’a élevé à son niveau corps et âme pour lui éviter la corruption du tombeau ?

L’analogie nous donne encore ici l’image du roi qui se déplace de son piédestal pour aller s’accroupir devant sa mère afin d’entendre ses recommandations au nom des ancêtres ? (Jésus parle à sa mère qui reçoit le message de façon intelligible par l’Esprit Saint pour que la volonté de son Père s’accomplisse : les nonces de Canaan par exemple ou l’exhortation à faire la volonté de son père à l’image de sa mère)

Cependant je pèse bien mes mots. Je ne dis pas qu’il faille instaurer l’adoration de la Vierge Marie dans l’Église. Ce n’est guère ce que je dis. Ma pensée ici vise à apporter mon appui aux internautes qui m’ont devancée, notamment les internaute 8, 9,10 et 12. En effet pour moi même s’il n’y a pas une différence fondamentale entre doxologie et eschatologie, il y a lieu faire une différence entre adoration et vénération dans notre langage pour ce qui concerne notre façon de rendre un culte à Marie. En effet cette même différence existe dans nos cultures, quand bien même les mots sont souvent polysémiques. La manière, l’approche et surtout la façon de saluer diffère fondamentalement, où le chiffre 3 qui est un chiffre de masculinité, et le chiffre 4 qui est celui de la féminité, s’allient parfaitement et harmonieusement pour donner (du moins chez les Mossé) des chiffres divins tel que le chiffre 7 (3+4, la parole donnée) ou le chiffre 12 (3X4) qui indique le nombre d’ordres que forme l’ethnie moagha.


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