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Mise en accusation des personnalités du régime Compaoré : Djibrill Bassolé réagit

19 juillet 2015, 18:07, par Sidpawalemdé Sebgo

Une mise en accusation a l’avantage de permettre aux intéressés de se défendre devant leurs juges. Visiblement, l’ancien ministre préfère dès à présent se défendre devant l’opinion publique. Sauf que son argumentaire n’est pas complet.

1°) M. Bassolet a été ministre de la sécurité avant d’être ministre des affaires étrangères. En rappel, c’est même lui qui a inauguré ce poste au Burkina, car cette responsabilité avait toujours été liée à l’administration du territoire. La mise en accusation ne précise pas dans lequel de ces deux ministères on l’accuse d’avoir détourné, mais le cas de M. Bougouma semble montrer que c’est à la sécurité qu’il est aisé de surfacturer des fournitures. Le cas de Joseph Paré montre bien que les enquêtes ne s’arrêtent pas au dernier gouvernement Compaoré. On se demande pourquoi il se précipite pour dire que le budget des affaires étrangères est "trop petit" pour être l’objet de malversations ?

2°) L’envoyé spécial de l’organisation de la conférence islamique écrit : « J’irai me défendre devant n’importe quelle juridiction du Burkina et je me battrai comme je l’ai toujours fait pour que les droits fondamentaux et les libertés démocratiques de tous les Burkinabè sans discrimination soient garantis. » Cela pourrait faire sourire car en matière de respect et de défense des droits fondamentaux des Burkinabè, on se souviendra qu’il avait à l’époque arrêté et interrogé manu-militari des défenseurs de droits de l’homme ou plus simplement des gens qui s’étonnaient de la fortune de Blaise Compaoré. On peut aussi douter qu’il ait défendu les "droits fondamentaux" de David Ouédraogo et de son compagnon d’infortune. Ceux qui ont été durement réprimés pendant les manifestations après le drame de Sapouy apprécieront aussi certainement qu’on leur dise que les coups reçus défendaient leurs droits. Enfin, on se demande s’il pense vraiment que la dénaturation de la constitution qui se préparait pour un pouvoir à vie de Compaoré "garantissait les libertés démocratiques de tous les Burkinabè", ou si ce monsieur se chatouille pour rire.

Vouloir se refaire une virginité politique après avoir soutenu l’ancien régime jusqu’au dernier jour est certes difficile, mais cela ne justifie pas de prendre des libertés avec les faits dans des communications grand public. A moins que cela soit plus destiné à ses soutiens à l’extérieur qu’aux Burkinabè qui ont été témoins des faits en question. Néanmoins, il serait utile de rappeler qu’un procès se gagne devant les juges, pas sur Facebook.


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