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Mise en accusation des personnalités du régime Compaoré : Djibrill Bassolé réagit

18 juillet 2015, 17:59, par Eliboue

Luc Adolphe Tiao et Djibrill Bassolé devraient rendre leur démission si les caciques du parti endossent le projet de relecture de l’article 37

Depuis début juin 2011, les mutineries ont cessé. Le calme est revenu. Place maintenant au dialogue. Ainsi a été créé le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). En rappel, le CCRP était présidé par le ministre en charge des réformes politiques, Bognessan Arsène Yé, l’ancien bras droit de Blaise Compaoré (avec qui il a construit cette démocratie bien burkinabè où l’on ruse et joue avec les textes et le peuple), ancien président de l’Assemblée des députés du peuple (de 1992 à 1997) qui a révisé pour la première fois l’article 37 de la Constitution en 1997 pour sauter la limitation des mandats présidentiels à deux septennats. Le CCRP avait, entre autres, pour mission, de réfléchir à des réformes politiques et institutionnelles qui permettent de renforcer l’Etat de droit. Il avait ceci de particulier que seules les propositions consensuelles devaient être soumises à l’Assemblée nationale pour adoption. Aucun sujet n’y était tabou. Au terme de ces travaux, le CCRP est parvenu à des propositions consensuelles de réformes, dont la création du Sénat et l’amnistie pour tous les anciens chefs d’Etat de 1960 à nos jours. La révision de l’article 37 n’en fait pas partie. Alors que tout le monde s’attendait, pour une fois, à une position claire, le Président Blaise Compaoré a surpris plus d’un par l’ambigüité de son discours à la réception du rapport le 21juillet 2011. En effet, dans un premier temps, il a affirmé : « Après trois semaines de travail acharné, le CCRP est parvenu à des propositions consensuelles et nous engage à poursuivre les analyses sur certains sujets non moins intéressants, dans une perspective d’élargissement des bases de la démocratie dans la paix et la tolérance. » Ensuite, il a exprimé sa « disponibilité à oeuvrer avec tous au respect de la Constitution du Burkina Faso et invite tous les acteurs de la vie politique à fonder leurs pensées et leurs projets sur les dispositions de notre loi fondamentale.

Je voudrais en cet instant solennel, redire à mes concitoyens et concitoyennes que, guidé par les exigences de la république, je repose mes idéaux sur la Constitution, ciment des nobles options de notre peuple. ». Que voulait- il dire exactement ? C’est curieux que le Président qui a prêté serment en jurant sur l’honneur de respecter et de faire respecter la Constitution, en soit encore à ce moment crucial de la vie de la nation à rappeler ce qui relève de l’ordinaire. A quoi pensait-il en invitant tous les acteurs de la vie politique à fonder leurs pensées et leurs projets sur les dispositions de notre loi fondamentale ?

Voulait-il dire qu’il respectera la Constitution en l’état ? Ou bien voulait-il dire que comme la Constitution elle-même n’interdit pas la révision de l’article 37, tous les acteurs de la vie politique devraient accepter qu’il fasse sauter la clause limitative des mandats, lui ouvrant la voie à une présidence à vie ? Qu’entendait-il par « poursuivre les analyses sur certains sujets non moins intéressants, dans une perspective d’élargissement des bases de la démocratie dans la paix et la tolérance » ? Bien des observateurs avaient relevé cette ambigüité du discours présidentiel qui traduisait bien l’embarras ou du moins, une volonté de se maintenir au pouvoir. Ces observateurs (dont nous mêmes) étaient convaincus que jusqu’à l’éclatement de la crise sociopolitique de 2011, Blaise Compaoré n’avait pas renoncé au pouvoir à vie. Les pratiques de son entourage tendent à consacrer l’enracinement d’un système de patrimonialisation de l’Etat avec son corollaire de concentration du pouvoir politique économique par les cercles et réseaux constitués autour de la famille du président du Faso. Celui qui cherche à partir, protège quand même ses arrières. Or là, il n’en est rien. Bien au contraire, c’est un laisser-aller déroutant et un laisser-faire qui défie toutes les règles éthiques et morales de gouvernance.

« La sincérité et la crédibilité du système » remises en cause


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