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Régiment de sécurité présidentielle : Le rapport tant attendu

30 juin 2015, 18:49, par Alex

J’avais la bouche grandement ouverte à la lecture de ce rapport. A présent, je me remets tout doucement, ce qui me permet de donner mon point de vue.
Du point de vue de la forme comme dans le fond, le rapport souffre de beaucoup de coquilles. Comme on le dit si bien, on ne montre pas la case de son père avec la main gauche. Je comprends donc que le Gal Diendéré veuille vaille que vaille argumenter en faveur de l’instrument qu’il a pensé et conçu. On ne peut pas être juge et partie, ce qui donne un caractère de parti pris à ce rapport qui ressemble fort à du théâtre. Il y a donc un problème de fiabilité de ce rapport.
Voyons quelques points du rapport :
Page 5 : Ce point fait mention des missions traditionnelles et spécifiques du RSP. En réalité, ces attributions sont méconnues du grand public qui voit à juste titre au RSP une garde prétorienne qui œuvre par l’usage de la terreur au maintien d’un individu au pouvoir à vie. Il s’agit bien de l’ancien chef de l’Etat à qui le RSP bénéficiait le plus. Sinon, comment peut-on comprendre que ce corps qui se défend d’œuvrer à la protection de la République en vienne à tuer les enfants de la République, la Res publica, la chose publique. Dans quelle partie des missions, les assassinats sont-ils inscrits ? Le rapport n’en fait pas cas. Ce qu’on retient surtout du RSP, c’est le caractère terrorisant des populations et un instrument de mutilation de la pensée contraire à la pensée unique du seigneur-créateur. Le Gal Diendéré peut-il me dire si François Compaoré par exemple est une institution de la République pour être gardé jusqu’aux dents par le RSP ?
Page 6 : "Le RSP compte à ce jour environ un millier d’hommes...". 1.000 et pas 1.300 ? 1.000 et pas 1.400 ? C’est combien au juste ? Si ma mémoire est bonne, certains chiffres parlent de 1.300 parfois 1.400 hommes. Si le rapport parle d’un millier, je vois là une tentative de dissimuler la réalité pour nous faire croire que le nombre n’est pas si pléthorique qu’on le pense. Juste pour garder un individu.
Page 16 : Il est dit que depuis sa création, le RSP a contribué grandement au maintien de la stabilité politique dans le pays. Honnêtement, je n’en vois pas. Je pense plutôt que le RSP a contribué à donner plus de pouvoir à un individu sur ses adversaires politiques. Si tu fais, on te fait et y a rien. Que le Gal me dise le contraire. Les exemples sont légions et c’est grâce à ce corps que Blaise Compaoré a pu régner de la plus médiocre des manières sur son peuple. N’est-ce pas le même RSP qui a fait un putsch à la victoire du peuple ? Toutes les manœuvres de ce régiment ne sont-elles pas des actes de déstabilisation politique du pays ?
Page 19 : Le rapport parle de mécontentement d’une certaine opinion publique. Comment peut-on avoir à son actif tant de crimes de sang et dernièrement les manifestants aux nues lors de l’insurrection populaire pour déclarer péremptoirement et cyniquement qu’il s’agit d’un mécontentement d’une certaine opinion publique. Foutaise des foutaises !!! De l’avis du Gal, il devrait y avoir contentement ou applaudissement parce que notre RSP national a fait des tueries des enfants du peuple. Le RSP soit se trompe de cible, soit ne comprend pas ses missions dites traditionnelles et spécifiques.
CONCLUSION : au regard de toutes les considérations, le RSP est un instrument dangereux aussi bien pour les populations que pour le locataire de Kosyam. En effet, il suffit d’un mécontentement pour que ses éléments prennent les instruments de la République en otage. Il suffit d’un mécontentement pour que le RSP bloque la bonne marche des décisions de la République. Il suffit d’un mécontentement pour que le RSP attente à la vie du citoyen lamda et à celle d’un haut dignitaire du régime. Tant pis pour celui qui n’aura pas pu regagner dare dare le palais du Mogho Naba, ainsi de suite, ainsi de suite. Pour paraphraser Thomas Sankara, un militaire sans formation civique est un criminel en puissance. Or, la police et la gendarmerie sont mieux dotés en matière de civisme. En conséquence, point de militaire béret rouge à Kosyam soit-il issu d’un corps d’élite. Ensuite, il faut de la sérénité au chef de l’Etat pour bien travailler. Ce n’est pas avec des hommes au saut d’humeur qu’un président peut travailler en toute quiétude. Enfin, il faut que le RSP livre ses mauvais grains afin qu’ils soient traduits devant la justice. Aussi, il faut délocaliser le RSP de Kosyam et le rebaptiser GPIR (Groupement Permanent d’Intervention Rapide). Un palais présidentiel ne saurait être dans une caserne.


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