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Violences communautaires à Ziniaré : La version et l’appel à l’apaisement de la gendarmerie

5 mai 2015, 09:27, par Le Professeur

Il y a des pratiques anciennes que nos différents commis de l’État doivent se départir de nos jours. Nous sommes tous friands de justice et malheureusement, ce n’est toujours pas le cas de la part de nos administrateurs qui agissent souvent dans le sens de leurs intérêts.
Je pense pour ma part que cette autosatisfaction de nos forces de l’ordre est trop hâtive. En y réfléchissant, on pourrait même penser qu’elles ont manqué d’anticipation, sinon ce drame ne serait pas produit. Si ces populations vivent ensemble depuis plus d’un siècle, elles ont dû traverser des situations pires que ce vol de petits ruminants sans que leur cohésion en souffre. Nous avons malheureusement une race de fonctionnaires qui veulent gravir rapidement les échelons sociaux et qui refusent de dire le droit quand il faut le dire. même le bébé qui vient de naître est enclin à la justice et il réagira si ce n’était pas le cas à son égard.
Il ya 14 ans dans la zone pastorale de Gadghin une telle tragédie allait se produire si nous n’avions pas été là. Une convention tacite entre éleveurs et agriculteurs permettait à ces derniers d’exploiter les abords humides, mais malheureusement envahis par une herbe rejetée par le bétail (cassia tora), du Nakambé dont quelques affluents constituaient les limites naturelles entre la zone pastorale et les villages d’agriculteurs. Ce pacte offrait l’avantage pour la communauté peule d’éradiquer cette mauvaise herbe envahissante et un pourcentage de la récolte de pastèque était destiné aux propriétaires des terres.
Un problème survient entre un éleveur et un agriculteur sur les clauses du contrat et la préfecture de Mogtédo était chargée de le régler. Le préfet brandi alors l’alibi de l’interdiction de cultiver à l’intérieur de la zone pastorale et décide de la destruction de plus de 32 hectares d’exploitation de pastèque. La récolte pour la plupart devrait intervenir sous huitaine et malgré les supplications des agriculteurs, les 32 hectares de pastèque ont été détruits. N’eut été notre implication en tant qu’ONG intervenant dans la zone, le génocide n’était pas loin. Les paysans ont même proposé de leur faire payer même la moitié de leur production contre le viol de l’interdit auquel ils sont accusés. La préfecture est restée insensible à toutes ces négociations, car, tout se sait dans le patelin sur place, le préfet avait été grassement soudoyé par la communauté peule qui, dans un élan d’orgueil, n’entendait pas avoir tort dans cette affaire. Ce faible lié à l’orgueil qui se veut toujours conquérant de nos éleveurs, même si un compromis peut être trouvé, est malheureusement exploité par nombre de fonctionnaires véreux qui veulent s’enrichir à tout prix au détriment de la cohésion et de la stabilité légendaire qui ont toujours caractérisé la vie communautaire dans nos villages.
Pour me résumer donc, les forces de l’ordre étoufferont les véritables raisons de cet affrontement et si on en est arrivé là, c’est qu’elles ont manqué d’anticipation. Rappelons-nous qu’un cas similaire s’était produit à Zabré et on avait vite accusé la communauté Bissa de s’en prendre aux peuls. Il faut revoir la façon d’administrer.
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