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Commission de Réconciliation Nationale et des Réformes : Pourquoi Siaka Coulibaly a démissionné

14 mars 2015, 16:41, par Sidpasata Veritas

Peu importe de savoir si, comme le soutient l’internaute 41, Mr Siaka Coulibaly est honnête ou pas. Le problème, c’est que la CRNR est privée du pouvoir de « se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à cet effet ».
1- Une question fondamentale doit trouver alors réponse : qui doit « se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à cet effet ». Si c’est la Justice, qu’attend-elle pour le faire ?
2- Je ne vois pas pourquoi dit-on d’ailleurs que « se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à cet effet » ne peut pas être de la compétence du CRNR, puisque cela ne signifie pas nécessairement que la commission prend la place des tribunaux pour juger. On peut comprendre par là que le travail de la CRNR prépare et facilite le travail des juges qui à leur tour se saisiront des cas de crime en question. Quand la police se saisi d’une affaire criminelle, elle la traite dans les limites de sa compétence (documenter et enquêter), sans empiéter sur la compétence des tribunaux. Un simple citoyen témoin d’un crime peut et a bien le droit de s’informer sur l’affaire en question et même constituer un dossier avec des preuves qu’il pourra éventuellement reverser à la Justice. Il a même le droit d’attaquer en Justice et aussi de se constituer partie civile dans une affaire ! On peut reconnaitre cette même compétence à une commission nationale qui a pour mission de réconcilier tous le monde, sans que cela porte atteint à la constitution ou à la compétence propre des tribunaux.
3- Il alors tirer une grave conséquence de cette limitation imposée par le conseil constitutionnel à la CRNR : La réconciliation à laquelle cette commission pourrait aboutir à la fin de ses travaux, ne pourrait et ne devrait en aucun cas concerner les crimes économiques et de sang. Il ne lui reste plus qu’à proposer des réformes et une réconciliation que ne peut concerner que les délits mineurs, puisqu’elle ne doit pas « se saisir et documenter toute affaire de crime de sang et de crime économique et auditionner toute personne à cet effet ». AUTREMENT DIT, IL FAUT EN CONCLURE QUE LES AFFAIRES DE CRIMES DE SANG ET DE CRIMES ÉCONOMIQUES SONT IMPARDONNABLES ET NE PEUVENT DONNER LIEU A AUCUNE RÉCONCILIATION. ON ne peut pas demander une chose et son contraire.

Pour terminer, il faut que les autorités de la Transition fassent très attention à tous ces messages qu’elles envoient à la population et qui, de plus en plus, ouvre un boulevard à l’impunité qui a été une raison principale de l’insurrection. L’impunité et le sentiment d’injustice qui grandit au sein d’une population est comme un gaz inflammable qui s’échappe et s’accumule dans un pièce ; à un certain seuil, il suffira d’une étincelle pour provoquer une déflagration destructrice. Qu’on ne se dépêche pas de dire que ceux qui parlent d’achever l’insurrection de fin octobre sont des irresponsables qui appellent au crime. Souvenons-nous qu’avant l’insurrection, tout le monde (majorité, opposition, Front républicain, OSC, religieux, coutumiers...) parlait de paix et d’esprit de dialogue et de tolérance. Cela n’a pas empêché l’insurrection et la chute de Blaise. Il faut comprendre définitivement que pardon, réconciliation et paix ne seront jamais le fruit d’une intense incantation. Il faut satisfaire à la condition de la vérité des faits par les aveux de culpabilité, à celle de la sincérité du repentir et de la demande de pardon qui se vérifie dans l’humilité réelle de la démarche et de ses acteurs. LA VÉRITÉ LIBÈRE, LE MENSONGE ALIÈNE, VIOLENTE, OUVRE ET ENTRETIENT L’HOSTILITÉ.


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