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Transition politique : le M21 s’insurge et appelle à l’urgence

10 mars 2015, 00:53, par Hyacinthe Marie Jose Ouedraogo

Chers frères et sœurs, et amis burkinabè
Je voudrais avant tout adresser mes sincères salutations et encouragements au peuple burkinabés suite aux manifestations du 30 et 31 Octobre dernier. Je voudrais aussi adresser mes condoléances aux familles éplorées suite à ces manifestations et souhaiter un prompt rétablissement à ceux qui en souffrent toujours les conséquences.
Quel réveil politique des burkinabés ! Cela a pris 27 ans au peuple burkinabé avant qu’il ne réalise qu’il possédait un atout formidable et puissant face auquel aucun pouvoir aussi fort soit-il, ne saurait y faire face. Cet atout c’est le courage, la détermination, l’union, l’entente, et surtout l’intégrité et la cohésion entre tout le peuple burkinabè.
Notre peuple a su se faire démarquer de beaucoup d’autres qui au contraire ne font que subir les atrocités de leurs dirigeants politiques.
Je me réjouis de savoir que notre pays le Burkina Faso, est un pays en plein éveil politique qui s’est rendu compte que quelques soit nos différences, nous sommes une seule et même famille éduquée sur les mêmes valeurs morales, humaines et sociales ce qui constituent la base et le fondement de notre intégrité. Grâce à ces valeurs, nous avons marqué l’histoire de la manière la plus remarquable dans l’Afrique de l’Ouest.
Cette histoire restera à jamais gravée dans nos mémoires et cela devra servir d’exemple au reste du continent sinon au monde entier.
Malgré la situation géographique de notre pays, la limite de nos ressources naturelles et financières, les calamites naturelles que nous traversons chaque année, nous constituons un peuple intègre et brave.
Je suis fier de savoir que je viens du pays des hommes intègres, le Burkina Faso.

Je voudrai vous rappeler par la même occasion qu’il y a de cela 27 ans que notre intégrité a été défendue et mise en valeur de par le monde à travers la voix et le comportement d’un de nos fils, le Capitaine Thomas Sankara, paix à son âme. Ce fils que nous pleurons toujours malgré les années qui passent. Il a su nous mobiliser à travers des travaux sociaux, des projets de réhabilitation de nos villes et villages, des projets de redynamisation de nos mœurs et coutumes, des projets de reboisement de nos forêts ainsi que des projets d’éducation et de santé.
Ce fils qui nous a quitté au moment où on s’y attendait le moins, au moment où on commençait à peine à le comprendre. Ce fils, on ne saurait l’oublier parce qu’il a essayé de vivre avec le peuple et pour le peuple. Il reste à jamais gravé dans nos mémoires par son comportement exemplaire d’homme intègre.
En nous quittant, ce fils nous a légué la plus grande richesse que nul au monde ne pourrait nous en dépouiller. Cette richesse c’est l’intégrité.
Il nous a fait savoir lors d’un de ces discours que notre peuple a été longtemps dépouillé de nos ressources naturelles, ainsi que de nos bras valides et intellectuels. Il nous a aussi laissé comprendre que nous avons été victime de manipulations à travers nos chefs d’états afin de nous endetter pendant 30 ans, 50 ans, et plus, au profit des tenants de pouvoirs financiers (c’est-à-dire les bailleurs de fond). Il nous a aussi fait comprendre que si les états Africains refusent individuellement de payer les dettes, nous risquons de nous faire assassiner.
Cela pour vous dire chers frères et sœurs que nos chefs d’états n’ont pas la tâche facile. Il n’ont d’autre choix que de coopérer avec ces bailleurs de fond et gouverner aussi longtemps qu’ils coopèrent, ou bien de refuser de coopérer et de se voir accuser de haute trahison par le tribunal international, et souvent même se voir destituer par une coalition expressément organisée.
Prenons l’exemple de nos deux frères burkinabés, Thomas Sankara et Blaise Compaoré. Que nous le voulions ou non, ce sont tous des Burkinabès parce qu’ils sont tous deux nées au Burkina. Ils y ont grandi et encore plus ils y ont vécu toute leur vie.
Alors, permettez-moi de les appeler Frères. Les deux n’ont certes pas servi le peuple de la manière que nous le souhaitions et comme ils le souhaitaient, mais il faut reconnaitre et admettre qu’ils ont tous contribué tant soit peu au développement du pays.
Thomas Sankara, lui a choisi de ne pas coopérer avec les tenants du pouvoir financier, et il n’a fait que 4 ans au pouvoir. Par contre Blaise, lui a choisi de coopérer, et il a fait 27 ans au pouvoir, et au service des bailleurs de fonds au détriment de son peuple.
Chers frères et sœurs, et amis, je ne suis pas en train d’insinuer qu’il faut coopérer avec ces bailleurs de fond au détriment de notre peuple. Mais c’est seulement pour vous dire que nous avons encore du travail à accomplir.
Comme certains le disent, on ne se débarrasse de la mauvaise plante que par ces racines.
Chers frères et sœurs et amis Burkinabès, le problème du Burkina, ainsi que celle de l’Afrique toute entière est plus complexe. Le continent Africain a de l’avenir mais, le peuple Africain manque, de cohésion social, de fraternité, de personnalité et surtout d’intégrité. La majorité du peuple Africain est prêt à se trahir pour le pouvoir et la richesse qui dévalorise notre statut d’homme intègre.
Ce même pouvoir nous appauvrit avec des promesses malhonnêtes qui éloignent nos âmes de l’avenir promoteur.
Depuis les temps de la colonisation, en passant par le règne de certains de nos vaillants chefs d’états comme Patrick Lumumba, Sékou Touré, Thomas Sankara, etc. Jusqu’à nos jours, on ne peut pas dire que les Africains sont prêts à prendre leur avenir en main. Nous avons appris toutes les leçons, et vécu toutes les expériences possibles mais, nous demeurons sous la dominance de nos prétendues bailleurs de fonds qui possèdent plus de 90% des ressources de nos pays Africains. Ce qui es le plus triste c’est l’interdiction de voyage des citoyens Africain vers les pays de nos même bailleurs de fonds lors de l’épidémie du virus d’Ébola.
Alors, je pense qu’il est grand temps que le peuple Africain se réveille et se donne la main pour lutter non pas contre nos bailleurs de fond, mais contre nous-même, notre ignorance et notre cupidité afin de regagner l’honneur et les valeurs que nos ancêtres nous ont légués.
Dans le cas du Burkina, on peut dire que tous les Burkinabès sont coupables de leur condition sociale actuelle. Tous les burkinabés sont à blâmer ; Qui n’a pas bénéficier de quelque service que ce soit. Comme le dirait un passage de la Bible « Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre. » Nous avons tous bénéficié à un moment donné de notre vie des largesses de celui que nous condamnons aujourd’hui. Que ce soit en nature ou en numéraire, surtout lors des campagnes électorales ou chacun tout en fermant les yeux s’est fait des sous sur le dos de nos pauvres frères et sœurs paysans en achetant leurs voix pour les votes avec quelques sacs de je ne sais quoi. A y voir claire, c’est révoltant et regrettable.
C’est vrai que Blaise ainsi que les autres membres du gouvernement sont responsables de la corruption et de l’exploitation que le peuple burkinabè a subi pendant 27 ans et malheureusement, nous sommes autant responsables que ces derniers.
Nous y avons contribué parce que pendant 27 ans nous n’avons pas eu le courage de réagir comme nous venons de le faire.
Nous y avons contribué parce que pendant 27 ans nous avons oublié notre intégrité.
Nous avons contribué pendant 27 ans à cette corruption et a cette exploitation par les dons financiers et matériels pour des projets personnels dans nos villes et villages ; les dons de financement éducatifs pour nos enfants dans des écoles supérieures à l’intérieur ou à l’extérieur du pays ; les dons de postes d’emploi dans des secteurs publics ou privés.
Nous y avons contribué parce que pendant 27 ans nous avons oubliés de vivre simple avec nos propres moyens qui est la manière la plus libre et digne.
Enfin, nous y avons contribué parce que pendant 27 ans nous avons perdu notre personnalité face à nos bailleurs de fond.
A cet effet, Chers frères et sœurs et amis, je ne saurai condamner Blaise sans pour autant nous condamner nous-même car nous savons tous de quoi nos bailleurs de fonds sont capables et nous refusons de leur faire face.
Nous avons eu peur de faire valoir notre intégrité ; Une intégrité, que nous avons ignoré tout en espérant profiter d’une manière ou d’une autre de la distribution de gâteaux qu’une minorité de la couche sociale s’offraient pendant 27 ans.
Prenons par exemple le cas de l’or et du manganèse au Burkina, c’est sûre et certain que plus de 80% des revenus de ce secteur sont dans la main de nos bailleurs de fonds parce qu’ils nous offrent le matérielle pour l’exploitation de nos richesses. Alors, il va de soi qu’ils s’accaparent plus de la grande partie de ces revenus, et qu’ils nous laissent avec des miettes, ce qui nous poussent à nous entretuer pour la répartition.
Chers frères et sœurs et amis Burkinabès, je ne suis pas en train de dire que nos bailleurs de fonds sont à blâmer à 100%, mais je veux simplement vous dire que nous avons refusé d’endosser notre responsabilité qui est d’utiliser nos propres moyens (intellectuel, financier, physique, morale, et humaine) au profit de la cause commune. Nous avons refusé d’embrasser et de faire valoir les valeurs d’hommes valeureux, travailleurs, et intègres que nous ont laissés nos ancêtres en héritage.
Le seul moyen de sortir de la misère dans laquelle nous nous sommes infligés, c’est de prendre tout en main. Les causes les plus valables sont les plus difficiles à remporter. La lutte ne fait que commencer et elle n’est pas gagnée d’avance. 27 ans dans la corruption, combien d’hommes honnêtes trouverons-nous aujourd’hui au burkina qui ne soit pas mêlé de près ni de loin à la fourberie du président déchu ?
Pendant la révolution si nous avons pu prendre les choses en main, avec un peu de courage et de sacrifices nous pourrons rebâtir notre pays avec les moyens financiers, intellectuels, physiques, et coopératifs dont nous disposons actuellement.
Chers Frères et sœurs, et amis Burkinabès, si nous voulons reconstruire ce pays que nous aimons tant, ce serait avec le sacrifice et la coopération de tous.
Par exemple, on ne peut pas bâtir le pays avec ces salaires exorbitant que nos députés s’attribuent. D’ailleurs cela devrais être volontaire et gratuit puisque c’est pour la cause commune. Combien de Burkinabès par jour ne peuvent même pas bénéficier d’eau potable, d’un plat de repas bien garnie, et surtout de soin médicaux ? Un pays pauvre comme le Burkina devrait s’en passer des députes au profit des maires. Cela réduira les dépenses. Si nous continuions dans la même lancer comme l’a fait le gouvernement déchu, qu’elle sera la raison de notre lutte ?
Voyons les choses en face et soyons réalistes. Blaise a fait ce qui est impardonnable et nous avons mille raisons de le haïr plus que tout au monde, de vouloir son jugement, sa condamnation, et peut être même sa mort mais à quoi cela servirait-il puisque nous ne pouvons ni changer ce qui s’est passé, ni réveiller nos morts, et je pense aussi que nos chers disparus ne voudraient pas que le Burkina Faso, notre chère patrie revive de tels évènements.
Je suis sûre et certain que si nous regardons les choses autrement comme Dieu le fait avec chacun de nous, chaque jour, nous allons nous en sortir avec plus d’honneur et de dignité.
Je ne vous dis pas qu’il faut laisser blaise s’en tirer comme si de rien n’était, mais je veux seulement dire qu’il y a d’autres moyens de lui faire payer ses fautes.
En plus, si nous incarcérons Blaise, les tenants de pouvoir financiers s’en réjouiront car ils se précipiteront pour faire disparaitre les traces de dépôts de fonds que Blaise à opéré dans leurs institutions. D’où notre incapacité de pouvoir rentrer en possessions de ces fonds.
Nous avons vu ce qui s’est passé avec Mobutu, Kadhafi, Saddam, et d’autres dirigeants de certains pays qui ont opéré des dépôts de fonds dans les institutions à l’extérieur. Non seulement, leurs pays n’ont pas pu rentrer en possessions de leurs ressources, mais aussi, ces pays n’ont plus retrouvé la paix dont ils jouissaient.
Chers frères et sœurs et amis Burkinabès, nous avons marqués notre révolution sans la volonté de faire couler du sang. Alors, continuions dans cette même lancé car nous venons de montrer au monde entier que les Burkinabès sont des hommes d’honneur, des hommes de paix, des hommes fraternels, et des hommes intègres.
Alors, mes chers frères et sœurs et amis burkinabé levons-nous et battons-nous mains dans la main pour un monde meilleur.
Que la paix, la tranquillité, l’amour, la joie, et l’unité continue de régner sur le peuple vaillants, et intègre que nous sommes.
Par votre fils, frère, ami, oncle, et père.

Hyacinthe Marie Jose Ouédraogo
Etats Unis d’Amérique


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