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Appui aux autorités de la transition : L’Ambassadeur des Etats-Unis en parle avec le président du CNT

24 février 2015, 11:05

La PAREN à déposé un projet de loi contre le mariage entre personnes de même sexe. Je me demande est ce que c est permis au Burkina avant cette loi ? LA constitution et le Code de la famille sont claires : le mariage c est entre un homme avec un ou plusieurs femmes. Comment peut on interdire ce qui n était permis ???.
C est connu en Afrique la question homosexuelle est un bouc(ou la chèvre ) émissaire parfait pour des politicien corrompus( les 30 millions de Blaise) en manque d’imagination pour le développement du pays.
Beaucoup de pays africains pas toujours exemplaire en matière de démocratie et de développement ont adopté ces lois : c est le cas du Nigeria/. Le résultat c est quoi ? Les homosexuels ont ils disparus ? Le Nigeria est plus développé et plus indépendant ? Non et Non ; le Nigeria dont la corruption dans l’armé a atteint l’inimaginable appelle les occidentaux au secoure pour combattre Boko haram.. L’ Afrique avaient ses manière sage de gerer cette question vieille comme le monde : c était tabou et on gère ça en famille. Ni reconnaissance ni assassinats...

Je vous propose un texte édifiant écrit par écrivaine Nigériane Chimamanda Adichie sur la question.

Je vais l’appeler Sochukwuma. Ce garçon maigre, souriant, aimait jouer avec nous, les filles de l’école primaire de Nsukka [ville au Sud-Est]. Nous étions jeunes. Nous savions qu’il était différent. Nous disions : “Il n’est pas comme les autres garçons.” Mais sa différence était anodine et n’appelait aucun commentaire. C’était comme ça, tout simplement. Nous n’avions pas de nom pour cela. Nous ne connaissions pas le mot “gay”. Sochukwuma était gentil et il jouait si bien à l’oga [jeu de jeune fille] que son équipe gagnait tout le temps.

A l’école secondaire, certains garçons de sa classe ont essayé de jeter Sochukwuma du balcon du deuxième étage. C’étaient des adolescents costauds qui avaient appris à reconnaître, et à craindre, la différence. Ils avaient un nom pour le désigner. Homo. Ils se moquaient de lui parce qu’il chaloupait des hanches en marchant et qu’il avait des gestes maniérés. Il subissait les railleries en silence, répondant parfois par un sourire gêné. Si seulement il avait pu être comme les autres garçons voulaient qu’il soit. J’imagine combien il a dû se sentir seul et désarmé. Les garçons se demandaient souvent : “Pourquoi est-ce qu’il n’est pas comme tout le monde ?”
Parmi les réponses à cette question, il y aurait eu notamment : “Parce qu’il est anormal”, “parce que c’est un pécheur”, “parce qu’il a choisi ce mode de vie”. Mais la vraie réponse, c’est : “Personne ne le sait.” Nous ne comprenons pas tout, il faut savoir le reconnaître humblement, en toute humanité. A 8 ans, Sochukwuma était manifestement différent. Ce n’était pas sexuel, c’était encore trop tôt pour ça, mais cela concernait l’image qu’il avait de lui-même et qu’il renvoyait aux autres. Bref, il était différent. Il n’aurait pas pu “choisir ce mode de vie”, il était trop jeune pour le faire. Et pourquoi aurait-il choisi d’être gay dans un monde qui rend la vie si difficile aux homosexuels ? D’ailleurs, pourquoi quiconque aurait-il fait un tel choix ?

La marque d’une vraie démocratie, c’est la protection des minorités

La nouvelle loi qui érige en crime l’homosexualité est très appréciée des Nigérians. Mais c’est un constat d’échec pour notre démocratie, car la marque d’une vraie démocratie n’est pas le règne de la majorité, mais la protection des minorités. En outre, cette loi est anticonstitutionnelle et ambiguë. On peut par ailleurs se demander en quoi elle était prioritaire dans un pays accablé de tant problèmes. Mais par-dessus tout, il s’agit d’une loi injuste. Même si nous ne vivions pas dans un pays où l’alimentation électrique est épouvantable, où les diplômés de l’université savent à peine lire, où l’on meurt de maladies faciles à traiter et où les islamistes de Boko Haram massacrent des lycéens, cette loi n’en serait pas moins injuste.

Nous ne pouvons pas être une société juste si nous ne sommes pas capables d’accepter de petites différences, de faire preuve de tolérance. Nous pouvons ne pas comprendre l’homosexualité, nous pouvons la trouver exécrable à titre personnel, mais notre réaction ne peut pas être d’en faire un crime.

Un crime fait des victimes. Un crime nuit à la société. En quoi l’homosexualité peut-elle être considérée comme un crime ? Des adultes ne nuisent pas à la société par la manière dont ils s’aiment. Voilà une loi qui non seulement n’évitera aucun crime, mais qui bien au contraire va engendrer des actes de violence : il y a déjà, ici ou là au Nigeria, des agressions contre des gens “soupçonnés” d’être gays. Dans notre société, les hommes sont très affectueux les uns envers les autres. Ils se tiennent par la main. Ils se serrent dans les bras. Allons-nous maintenant arrêter deux amis qui partagent une chambre d’hôtel ou qui marchent côte à côte ?

De nombreux Nigérians sont favorables à la loi parce qu’ils croient que la Bible condamne l’homosexualité. La Bible peut fournir des règles de vie individuelle, mais en aucun cas elle ne doit être une source de droit : non seulement parce que les livres saints des différentes religions n’ont pas la même portée pour tous les Nigérians, mais aussi parce que les livres saints sont lus différemment par différentes personnes. Ainsi, la Bible condamne également la fornication, l’adultère et le divorce, et pourtant ce ne sont pas des crimes. Pour ceux qui soutiennent la loi, l’homosexualité constitue une catégorie à part, en ce sens qu’elle n’est pas “normale”.

Si nous sommes majoritaires, nous avons tendance à penser que ceux qui font partie de minorités sont anormaux. Non pas parce qu’ils ont fait quoi que ce soit de mal, mais parce que nous avons décrété que nous représentions la norme et que comme ils ne sont pas comme nous, ils sont anormaux. Cette loi vise à uniformiser l’humanité. Mais un monde qui n’existe pas ne va apparaître en vertu d’une loi : la vérité de la condition humaine, c’est que nous sommes une espèce diverse, aux multiples facettes. Pour une large part, notre attitude envers ceux qui sont différents de nous donne la mesure de notre humanité. Nous ne pouvons pas – nous ne devons pas – éprouver de l’empathie uniquement pour les gens qui sont comme nous.

La vérité de la condition humaine : nous sommes une espèce diverse

Certains partisans de la loi ont demandé : “Qu’y aura-t-il après [le mariage gay] ? Le mariage d’un homme et d’un chien ?” Ou alors : “Avez-vous déjà vu des animaux gays ?” (En fait, certaines études montrent qu’on retrouve un comportement homosexuel chez de nombreuses espèces animales.) Or, tout simplement, les hommes ne sont pas des chiens, et il est inhumain de partir du principe qu’un homosexuel est comparable à un animal. L’humanité de nos semblables ne se réduit pas à la manière dont ils s’aiment et à ceux qu’ils aiment. Certains animaux s’entre-dévorent, d’autres abandonnent leurs petits. Devons-nous aussi suivre ces exemples ?

D’autres défenseurs de la loi affirment que les homosexuels se livrent à des sévices sexuels sur des petits garçons. Il y a des hommes qui commettent de telles agressions sur des petites filles, des femmes sur des petits garçons, et nous n’attribuons pas ce comportement à leur hétérosexualité. Les violences sexuelles contre les enfants sont un crime odieux, commis aussi bien par des hétérosexuels que par des homosexuels (et c’est pour cela qu’il s’agit d’un crime : les enfants, du fait qu’ils ne sont pas adultes, doivent être protégés et ne peuvent pas donner leur consentement sexuel).

Certains des partisans de la loi ont également fait vibrer la corde nationaliste. L’homosexualité est “anti-africaine”, disent-ils, et nous ne voulons pas devenir comme l’Occident. L’Occident n’est pourtant pas un havre de paix pour les homosexuels ; les actes de discrimination contre les gays ne sont pas rares aux Etats-Unis ou en Europe. Mais cette idée d’une homosexualité “anti-africaine” est particulièrement perverse. Sochukwuma est né de parents ibos [ethnie du Sud, réputée conservatrice], ses grands-parents et ses arrière-grands-parents étaient ibos. Quand il est né, il était destiné à tomber amoureux d’autres hommes. De nombreux Nigérians connaissent quelqu’un comme lui. Un garçon qui se comportait comme une fille. Une fille qui se comportait comme un garçon. L’homme efféminé. La femme masculine. Des gens que nous connaissions, des gens comme nous, nés et élevés sur le sol africain. En quoi sont-ils “anti-africains” ?

L’idée d’une homosexualité “anti-africaine” est particulièrement perverse

C’est plutôt cette loi elle-même qui est “anti-africaine”. Elle va à l’encontre des valeurs de tolérance qui sont au cœur de nombreuses cultures africaines. (Dans le territoire des Ibos [sud-est du Nigeria] des années 1970, Area Scatter était un musicien populaire, un homme habillé en femme, maquillé, aux cheveux tressés. Nous ne savons pas s’il était gay – je pense qu’il l’était –, mais s’il se produisait aujourd’hui, il pourrait encourir jusqu’à quatorze ans de prison. Pour être ce qu’il est.)

De plus, cette loi n’est pas née d’un débat national : nous avons regardé CNN et nous avons appris que des pays occidentaux débattaient du “mariage homosexuel”, alors nous avons décidé que nous adopterions une loi interdisant un tel mariage. A-t-on jamais entendu au Nigeria, pays dont la Constitution définit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, un homosexuel revendiquer le mariage homosexuel ?

Cette loi est injuste. Il faut l’abroger. Tout au long de l’Histoire, de nombreuses lois inhumaines ont été adoptées et ont fini par être révoquées. Barack Obama, par exemple, ne serait pas là aujourd’hui si ses parents avaient obéi aux lois américaines qui pénalisaient le mariage entre Noirs et Blancs.

Une connaissance m’a récemment dit : “Si tu soutiens les gays, comment crois-tu avoir été engendré ?” Il y avait évidemment des homosexuels nigérians quand j’ai été conçue. Les gays existent depuis que l’humanité existe. Ils ont toujours été un petit pourcentage de la population humaine. Nous ne savons pas pourquoi. Tout ce qui compte, c’est que Sochukwuma est nigérian et que son existence n’est pas un crime.


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