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Tarif extérieur commun de la CEDEAO : Les opérateurs économiques burkinabè s’en imprègnent à 48h de son entrée en vigueur

1er janvier 2015, 08:30, par Oudet Maurice

Sankara n’aurait jamais accepté que le Burkina Faso accepte ce TEC qui ne protège en rien notre agriculture !

Comment M. Kadré Désiré Ouédraogo peut-il affirmer que ce TEC protège notre agriculture ?

Il ne protège presque rien. Pourquoi le conférencier n’a-t-il pas dit (ou le journaliste noté) que le TEC comporte plus de 5000 lignes tarifaires. 130 lignes tarifaires dans la bande des 35% cela ne représente que 2 à 3 % !

Pour l’essentiel, en ce qui concerne l’agriculture, il n’y a rien de changer ! Le lait en poudre est toujours taxé à 5 % au moment où l’Europe s’apprête à supprimer les quota laitier et donc à déverser ses surplus sur l’Afrique de l’Ouest.

Le riz est toujours taxé à 10 % alors que la Thaïlande, encombré par un stock de 15 millions de tonnes de riz (du jamais vu) n’a d’autre solution que de déverser ce stock sur le marché mondial à prix cassé.

La difficulté, c’est que le marché mondial des produits agricoles et alimentaires est très volatile. La protection de l’agriculture par des taxes en pourcentage n’est pas adaptée.

Pour nos produits sensibles, il faudrait remplacer certaines lignes tarifaires (celles du riz, du lait en poudre et des produits laitiers... ) par des couples constitués d’un droit d’entrée fixe et de prélèvements variables.

Un exemple pour faire comprendre de quoi il s’agit. Prenons le blé. La CEDEAO peut fixer un prix d’entrée pour le riz de 400 000 FCFA la tonne. Si la Thaïlande nous propose du riz de qualité à 450 000 F la tonne, il n’y a pas de prélèvement. Mais si elle veut brader sur notre marché le vieux riz de son stock (qui peut atteindre dix ans d’âge) à 300 000 F la tonne, cette tonne sera taxé à 100 000 F. Avec un tel système l’Europe à développer fortement son agriculture. Avec un tel système, le producteur de riz burkinabè sait qu’il peut vivre dignement de son travail. Avec un tel système l’Etat burkinabè peut investir dans le développement de rizières...

C’est possible. L’Europe l’a fait après la guerre quand elle ne produisait pas assez pour se nourrir elle même. Il faudra négocier cela au niveau de la CEDEAO, puis avec l’OMC. Oui, c’est possible. Il suffit d’un peu de volonté politique. Nous espérons que le gouvernement de la transition du Burkina a cette volonté et sera capable de la partager avec les autres pays de l’Afrique de l’Ouest.

Non, le TEC ne protège pas les paysans. Le gouvernement de transition va-t-il oublier l’agriculture, ou va-t-il réagir pour que le changement politique de notre pays profite à tous, et donc aussi à la population rurale. Elle représente au moins 80% de l’ensemble de la population. L’oublier conduirait notre pays à l’échec, une fois encore.

Maurice Oudet
Koudougou


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