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Journée d’hommage national aux martyrs : « un tripatouillage de l’histoire », selon l’ASEO

8 décembre 2014, 16:04

Les procureurs face à la presse

Newton Ahmed BARRY ( NAB)
Pourquoi ne confrontez-vous pas Moïse OUEDRAOGO et François COMPAORE ?
Adama SAGNON : ( AS)
On ne fait pas de confrontation entre des témoins. En droit, on fait la confrontation entre des mis en cause. On fait des mentions, on rapporte d�un témoin à un autre et voir ce qu�il pense mais on ne fait pas de confrontation entre des témoins.
Abdoulaye BARRY : (AB)
Par rapport à la confrontation dont parle Newton Ahmed BARRY, le droit on ne confronte pas deux témoins, on confronte des témoins et des inculpés ou les inculpés entre eux. Mais on fait ce qu�on appelle des mentions. Dans cette audition des mentions ont été faites. Nous sommes allés par étapes, Moïse OUEDRAOGO c�est lui qui a fait la déclaration principale alors on l�entend. On fait mention de ce qu�il a dit, ensuite on prend SOBGO Dieudonné et on reporte ces mentions. Lorsque vous prenez l�audition de SOBGO, le procureur a posé une question précise que pensez-vous de� C�est comme ça on procède. La même chose a été faite pour SANOU Mahamadi et pour François COMPAORE mais on ne les met pas en face pour les confronter.

NAB : Pourquoi considérez-vous les propos de François COMPAORE comme vrais et ceux de Moïse OUEDRAOGO comme pas crédibles ?
AS : Ce n�est pas que nous considérons les propos de François COMPAORE comme vrais. Nous nous sommes plutôt focalisés sur les propos de SOBGO Dieudonné. Les propos de François COMPAORE viennent seulement corroborer ceux de SOBGO Dieudonné. La personne qui a retenu notre attention c�était plutôt SOBGO parce que Moïse OUEDRAOGO soutient que tout se passait avec ce dernier. Donc ce ne sont pas les propos de François COMPAORE que nous considérons mais ceux de son compère SOBGO qui viennent détruire toutes les charges que celui-ci avance. Il le dit : tout se passait devant SOBGO et ce dernier ne reconnaît pas les faits qu�il raconte.

Vous parlez de preuves scientifiques pour réouvrir le dossier, est- ce que le parquet s�est déporté sur les lieux du crime pour recueillir ces preuves ?
AB : M. Newton, vous avez posé une question ; moi aussi je vais vous poser une question. Vous avez écouté Moïse OUEDRAOGO qui a fait une déclaration dans votre journal mais pourquoi vous n�êtes pas allé voir SOBGO Dieudonné pour entendre sa version ? Pourquoi ne pas être allé voir François COMPAOORE parce que Moïse les cite, c�était votre droit d�entendre ces deniers vous ne l�avez pas fait alors accorder-nous aussi le droit du choix des personnes que nous entendons.
Vous dites pourquoi on n�a pas entendu tout le monde ? Mais lorsque Robert Ménard est venu faire sa conférence de presse vendredi et nous a remis ses documents samedi nous avons fait une conférence de presse pour répondre. Les gens ont crié qu�ils ne se sont même pas donnés le temps d�étudier le dossier. C�est un dossier que nous connaissons par c�ur, on n�a pas besoin de l�étudier. Le feuillet de Robert Ménard est sur deux pages, on n�a pas besoin d�étudier cela en une semaine avant de s�en faire une idée. On nous accuse aussi d�avoir tenu la conférence de presse samedi, pourtant nous au Palais nous travaillons samedi, nous tenons des audiences samedi. Aujourd�hui Moïse OUEDRAOGO fait une déclaration dans les journaux et écrit au procureur depuis le 04 janvier. On se donne le temps d�étudier les dossiers, interroger les gens au point où les gens disent qu�il faut que les procureurs bougent. Je l�ai lu dans les journaux. Aujourd�hui, nous bougeons vous dites pourquoi on bouge maintenant. La dernière personne à être entendue dans ce dossier c�était François COMPAORE hier soir. Si nous devons interroger d�autres gens comme vous le souhaitez, on va prolonger encore l�enquête et vous allez encore dire pourquoi ils ne bougent pas.
Ecoutez, il faut savoir ce qu�on veut ! Nous aurions pu nous arrêter à l�audition de Moïse OUEDRAOGO et s�en faire une idée, mais nous sommes allés plus loin en interrogeant les personnes citées. Quand vous dites que des personnes n�ont pas été entendues il s�agit de qui ? Il s�agit de Kiswend-Sida et de l�aide de camp de François COMPAORE. Mais François reconnaît avoir effectivement remis de l�argent pour aller remettre à Moïse OUEDRAOGO donc qu�est-ce que ce monsieur peut encore apporter dans l�enquête ?
Les personnes qui pourraient peut-être nous dire quelque chose c�est LONFO qui aurait dit que « vos gars ont tué Norbert ZONGO » malheureusement LONFO est mort. L�autre qui pourrait aussi nous apporter quelque chose c�est Edouard KOUAMA qui aurait dit que « les écrits de Norbert ZONGO vont prendre fin. Il est aussi mort et nous ne pourrons pas faire parler les morts malheureusement. Curieusement, je vais vous dire quelque chose, est-ce que dans tout ce que dit Moïse OUEDRAOGO vous avez entendu le nom de Marcel KAFANDO ? Il n�apparaît nul part la mention du nom Marcel KAFANDO. Le seul soldat qui était cité c�était Edmond KOUAMA.

On a parlé de preuves scientifiques, c�est une opinion personnelle. Vous voyez, le procureur général pense plutôt aux témoignages. Moi c�est ce que je pense. Nous sommes des juristes et chacun a sa manière de voir les choses. Moi je vous dis et je répète que pour un crime assez complexe comme celui de Norbert ZONGO il aurait fallu ces éléments de preuves. Mais quand Norbert ZONGO décédait, je n�étais pas ici. Ce n�est qu�en 2000 que je suis arrivé ici. En 1998 j�étais peut être entre Ouahigouya et Dédougou. Il ne m�appartient pas donc d�aller rechercher ces éléments de preuve. Il appartenait à celui qui avait la charge du dossier de le faire en son temps. Mais je puis vous dire : dans un autre dossier, celui de Boulpouré ou le cas où un jeune élève a été tué à Boussé, c�est M. Germain NAMA qui est allé trouver une balle dans l�arbre. Ou bien c�est plutôt Newton Ahmed BARRY ? C�est pour vous dire qu�il n�appartient pas seulement au magistrat de faire les enquêtes ; il y a de tierces personnes qui le font. Il y a des journalistes qui sont allés sur le terrain et qui ont apporté des preuves assez intéressantes. Ne dites donc pas que c�est nous qui avons les moyens de l�Etat. Toute personne qui cherche la vérité peut aller sur le terrain et rassembler des preuves et nous les apporter. D�ailleurs, ce sont des preuves que nous cherchons. Moi je ne mets pas en cause qui que se soit. A défaut donc de preuves tangibles on peut aller vers des témoignages mais il faut que ces derniers apportent des indices graves et concordants pouvant mettre en cause un quidam.

Evariste BARRO
Doit-on licencier quelqu�un parce qu�il a fait douze mois de prison ?
AS : C�est un conflit de travail et nous ne voulons pas y entrer. Cependant j�estime que lorsqu�il y a un vol qui a été perpétré et que la personne a été reconnue coupable, jugée et condamnée, alors cela constitue une faute lourde. L�employeur donc est en droit de ne pas reprendre Moïse OUEDRAOGO dans son entreprise.
AB : C�est comme l�a dit le Procureur du Faso, et cela dépend qu�on soit dans un service public ou privé. Si vous êtes dans un service public et que vous êtes condamné à 12 mois de prison vous perdez votre travail soyez en sûr. Si c�est dans le privé, je crois que le vol constitue une faute lourde. Donc l�employeur est en droit de vous licencier.

EB : Est-ce que vous avez vérifié que Norbert ZONGO a vraiment fait un accident à Bobo comme le dit Moïse OUEDRAOGO ?
AS : Dans tous les cas, tout un chacun peut vérifier cela. Mais cela ne m�intéressait pas ; ce que je voulais savoir c�était de savoir si trois personnes étaient vraiment venues voir François COMPAORE au sujet de Norbert ZONGO. Dans ce cas ç�aurait été intéressant. Si par exemple M. SOBGO Dieudonné avait corroboré les propos de Moïse OUEDRAOGO à ce sujet, ç�aurait été intéressant. Mais malheureusement, il dit que sauf si les propos ont été tenus à son absence. Parce qu�il n�a jamais entendu ces propos.

EB : Est-ce que Moïse OUEDRAOGO a été analysé mentalement par un médecin ?
AS : Non, mais Moïse OUEDRAOGO a été dépeint par tous ceux que nous avons entendus comme un personnage déséquilibré. Il a un mal en lui ; je n�ai pas voulu rentrer dans les détails parce que j�ai estimé que c�était sa vie privée. Mais ce qu�il faut savoir, c�est que celui qui est toujours avec lui, SOBGO Dieudonné dit : (NDLR lecture du rapport d�audition) « à la parution de L�Evénement, j�ai reçu un coup de fil de Moïse ; il m�appelait d�un télécentre « Il m�invitait à acheter le journal car il a sa photo en première page. J�ai effectivement acheté le journal et il était à la Une. Je précise qu�auparavent il m�a invité à aller voir M. SANKARA mais j�ai refusé. Par ailleurs, après sa libération, il m�a laissé entendre qu�il voulait se venger du directeur général de Fasoplast, et de François COMPAORE. Je lui ai dit de ne pas faire cela car c�étaient nos grands frères et qu�ils pouvaient nous aider à trouver du travail. Il m�a dit que s�il n�était pas reçu par le DG de Fasoplast, il parlerait dans les journaux. Il m�a laissé entendre que le DG de Fasoplast n�était pas apprécié par son personnel et il voulait que le prince Agakan l�apprenne. Mon appréciation est que Moïse a exagéré sur les faits ; il a mis des grains de sel dans ses propos ». C�est ce que Dieudonné nous a laissé entendre. Par ailleurs, il nous a aussi fait savoir que M. FARAMA a déclaré que si François COMPAORE a acheté un cyclomoteur pour nous et nous avait logés, cela suffirait pour son dossier. C�est assez a hurissant surtout lorsque je lui ai demandé : « avez-vous d�autres éléments à nous faire savoir par rapport à tout ce que nous vous avons posé comme questions ? »

Dieudonné dit ceci : (NDLR : lecture du rapport d�audition) « M. FARAMA et M. BENEWENDE bénéficiaient d�aides étrangères et que nous devions pas nous en faire pour le travail. Car, dit-il, si nous en manquons au Burkina, nous en aurons ailleurs. Par ailleurs, des contrats seront signés entre nous et les deux avocats nous permettant de bénéficier d�aides étrangères. J�ai refusé l�offre et Moïse de dire que j�ai eu peur des avocats ». Vous voyez, lorsque quelqu�un dit que vous faites tout ensemble et que ce dernier vient soutenir le contraire de ce que vous dites, qu�est ce que vous voulez que nous pensions ? Je crois plutôt qu�il faut que chacun se fasse une opinion de cela. Nous on n�essaie pas de défendre quelqu�un.

AB : Nous ne pouvons pas ordonner une expertise sur lui parce que ce n�est pas un inculpé c�est un témoin, il a prêté serment et il fait sa déposition. En droit les gens qu�on expertise ce sont les inculpés. La loi autorise qu�on expertise un inculpé pour voir, s�il est normal.

Frédéric ILBOUDO
Est-ce que Moïse OUEDRAOGO a été assisté d�un avocat pendant son audition ?
AS : En enquête préliminaire, cela ne se fait pas. C�est devant le juge d�instruction ou devant le tribunal, qu�on est assisté d�un avocat d�enquête préliminaire ; c�est un peu comme à la police ou à la gendarmerie. On n�a donc pas besoin de la présence des avocats.
AB : On n’a pas besoin de cela parce qu�il a dit qu�il voulait faire un témoignage alors on le reçoit et il témoigne, il n�a pas besoin d�un avocat. Il était libre de se faire accompagner par quelqu�un ou bien de ne pas venir tout simplement. Il est venu, il a déposé et il est parti.

Roger SAWADOGO
Pensez-vous que Moïse ait agi par esprit de vengeance ?
AS : Ce n�est pas nous qui le disons, c�est son frère Dieudonné qui l�a dit et qu�il tenait cela de Moïse OUEDRAOGO. Nous n�avons rien insinué ici.

Salam COMPAORE
Quand est-ce que l�aide a été remise ?
AS : Selon les déclarations de M. François COMPAORE, ça se situe entre fin 98 et début 99. Parce que généralement, comme le procureur général l�a souligné, François COMPAORE reçoit des cadeaux de certaines personnes et c�est justement une moto qu�on lui a offerte en cadeau qu�il a donnée à Moïse et à son frère.

ZOUMANA Wonogo
Est-ce que les largesses de François COMPAORE s�étendaient aux enfants de David OUEDRAOGO ?
AS : Nous n�avons pas demandé cela parce que ce qui nous concernait c�était le jeune Moïse et Dieudonné qui étaient cités dans notre dossier. Nous n�avons pas pensé aux enfants de David. Mais certainement ses enfants en bénéficiaient puisqu�il est dit que c�est toute la famille qui venait à lui pour solliciter de l�aide. Sa s�ur Kiswensida a fait des notes à François COMPAORE. Si on veut suivre donc la logique, les enfants de David devraient aussi en bénéficier.

ZOUMANA Wonogo
Est-ce que vous avez interrogé Moïse OUEDRAOGO au sujet de la lettre qui a été réécrite par le DG de Fasoplast ?
AS : Oui. En effet, la question lui a été posée et à ce sujet Dieudonné a dit que c�est lui qui avait fait la note pour adresser au journal L�Indépendant disant qu�ils se désolidarisaient de la plainte d�Arthur. Mais il a fait la note sous la dictée de Moïse. Il a ajouté que nullement le nommé SANON Mamadi n�a fait des corrections. Ensuite, ils ont transmis à L�Indépendant par l�intermédiaire de leur Directeur Général parce qu�ils ne savaient pas comment contacter le journal. Ils ont tous signé avant de remettre la lettre au Directeur Général. Il n�a pas transformé quelque chose.

Roger SAWADOGO : SOBGO n�a-t-il pas eu peur de perdre son emploi ?
AB : Je ne sais pas. Mais seulement, je sais que SOBGO était à Fasoplast avant Moïse OUEDRAOGO et cela depuis avant le problème David OUEDRAOGO. LONFO aussi était à Fasoplast, François COMPAORE nous a dit que par ses relations personnelles il a eu du travail pour Moïse OUEDRAOGO donc je ne vois pas pourquoi SOBGO Dieudonné aurait-t-il peur de perdre son emploi. Il n�a pas été à Fasoplast parce que David OUEDRAOGO a été tué. Dans tous les cas,il est majeur, il est venu, il a déposé et le reste je ne sais pas s�il a peur ou non.
RS : L�esprit de vengeance
AB : Ce n�est pas nous qui parlons d�esprit de vengeance, c�est le cousin de Moïse OUEDRAOGO qui le dit. Il dit que ces propos sont de Moïse lui-même. Il l�a dit que si on ne le reprend pas, il va parler dans les journaux et il va se venger du DG de Fasoplast et de François COMPAORE. Ces propos sont les propos de SOBGO Dieudonné et vous pouvez les lire dans le rapport d�audition. Ce n�est donc pas le parquet qui suppose que Moïse veut se venger. Mais si l�on me demande mon avis, je dirais la même chose de Moïse. Comme il a dit dans les journaux : « j�ai perdu mon emploi, j�ai fait la prison donc je parle » (le PG présente le journal où les phrases sont écrites).
En 1998, Moïse OUEDRAOGO et SOBGO Dieudonné ont écrit à François COMPAORE pour se démarquer disent-il d�une plainte qui aurait été déposée par la famille de David . (La lettre date du 02 octobre 1998 à voir dans les lettres confiées au PG par François COMPAORE). Ce que je voulais dire c�est que dès l�instant où cette lettre a été publiée, il est né une querelle entre eux et Arthur OUEDRAOGO. Jusqu�aujourd�hui cela perdure. Je crois savoir que c�est Arthur qui s�occupait de la famille avec eux. Alors les relations ont été bonnes entre d�un côté SOBGO Dieudonné, Moïse OUEDRAOGO et François COMPAORE et de l�autre côté Arthur OUEDRAOGO ne peut pas avoir de bonnes relations avec François COMPAORE.o
Par S. DAOUDA


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