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Sams’K Le Jah, membre du mouvement Balai citoyen : « Les choses sont en train d’aller dans le bon sens, ne faisons rien pour que ça se bloque »

12 novembre 2014, 01:05, par Sidpasata Veritas

Sam’K Le Jah, faites attention de ne pas vous attribuer à vous leaders du Balai citoyen la victoire qui est en réalité le fruit de la révolte de tout un peuple. Vous les dites vous-même, dans cette affaire chacun a joué son rôle. Si vous avez joué un rôle important dans la mobilisation et dans l’encadrement des jeunes manifestants dans la rue, n’oubliez pas qu’il y avait aussi un débat politico-jurudique qui a jouer un rôle important dans la mobilisation des cadres intellectuels et des étudiants. Ce dernier débat a été mené par les hommes du savoir et par les leaders politiques et même par beaucoup d’internautes sur les fora de discussion et les réseaux sociaux. Il y a eu aussi la contribution des syndicats qui a mobilisé le monde du travail. N’oubliez pas l’unité de l’Opposition et la contribution des sociétés du savoir qui ont rendu la lutte du peuple burkinabè audible, lisible et justifié aux yeux toute de la communauté internationale dont les pressions ont été pour une bonne part dans la défaite de Blaise et son camp et même dans l’attitude réservée des militaires. Deux jours avant le déclenchement des grandes manifestations qui allaient emporter le régime de Blaise, les USA appelaient les forces de défense et de sécurité burkinabè à agir sans violence avec la population. Cela n’est pas rien ! Tout cela compte dans le succès de cette insurrection populaire. Je conseille donc aux leaders du Balai citoyen d’avoir la modestie de reconnaitre que leurs efforts a été conjugués avec les efforts de beaucoup d’autres acteurs pour obtenir ensemble le départ de Blaise.
- En plus, il faut avoir l’humilité de reconnaitre vos erreurs, et je vais relever une seule de vos erreurs pour vous inviter à plus de modestie et de lecture moins univoque des faits.
vous dites ceci dans vos déclarations : « Nous avons fait au moins une dizaine de fois au cours de la nuit du 30 au 31 octobre, le tour de l’état-major, en chantant l’hymne national et en appelant l’Armée au pouvoir. » Cela est une grave erreur politique pour deux raisons :
1- vos frères aînés dans cette lutte et tous ceux qui n’ont pas oublié l’histoire de notre pays se rappellent que le 3 janvier 1966, le peuple voltaïque dans sa première insurrection avait déjà commis cette erreur en appelant l’armée à prendre le pouvoir. Et depuis, cette date nous n’avons jamais plus vu aucun civil qui accède au pouvoir. Pire ce ne sont que par des coups d’état, parfois sanglant et même mortel qu’on a effectué les changements de personnalité militaire à la tête de l’État. Voyez-vous ? Alors qu’on est en démocratie et que le peuple se dresse pour demander le respect des principes démocratiques de l’alternance pacifique, c’est vraiment une erreur de demander, dans le même mouvement et sans consulter les autres acteur, que l’armée prenne le pouvoir comme en 1966.
2- vous avez raison de dire que les discours et les paperasses, ce n’est pas votre affaire. Vous dites que vous agissez selon des principes, mais n’oubliez pas qu’il existe d’autres principes que les vôtres qui doivent entrer en ligne de compte. En demandant à l’armée de prendre le pouvoir, vous demandiez, sans vous en rendre bien compte peut-être, que l’armée fasse un coup d’état. Si ce coup d’état avait eu lieu, nous ne serions pas maintenant en train de travailler à un retour rapide à une vie constitutionnelle normale. Pire, nous serions déjà sous le coup des sanctions des la communauté internationale avec toutes les suspensions des instances internationales mondiales et inter-africaines. Heureusement, pendant que dans la rue vous mettiez la pression au régime, les représentants de l’opposition politique et de certaine OSC des sociétés du savoir étaient en pourparler avec des instances diplomatiques qui mettaient aussi la pression sur Blaise et sur sa garde militaire rapprochée pour obtenir non pas une transition présidée par Blaise ou par des militaires de son sérail, mais une vraie démission conforme à la constitution qui permettrait une transition civile et un retour rapide à la vie constitutionnelle normale. Si vous avez bien suivi l’explication concernant l’implication de la France dans l’exfiltration de Blaise, vous auriez compris que cette démission conforme à la constitution était une condition imposée à Blaise pour obtenir l’aide de la France pour quitter le BF. Cela montre que la mobilisation dans les rues (dans le ghetto comme vous dites) n’est pas la seule chose importante pour la victoire qui revient à tout le peuple burkinabè et non à une seule catégorie de personnes.
NE PERSISTEZ PAS A NE PAS RECONNAITRE VOS ERREURS QU’ON VOUS MONTRE. L’ERREUR NE REMET PAS EN CAUSE LA SINCÉRITÉ VOTRE ENGAGEMENT NI L’IMPORTANCE DE VOTRE PARTICIPATION. LA RECONNAITRE, MANIFESTERA AU CONTRAIRE VOTRE CLAIRVOYANCE ET VOTRE CAPACITÉ D’HUMBLE AUTOCRITIQUE POUR RECTIFIER LE TIR. “L’ERREUR EST HUMAINE, MAIS Y PERSÉVÉRER EST DIABOLIQUE” DIT-ON. C’est exactement cette persévérance diabolique dans l’erreur qui a fait chuter Blaise, à vous de voir ! Soyez reconnaissant vis-à-vis des militaires quand ils jouent le rôle qui est le leur, mais soyez méfiant quand il s’agit de leur confier les rennes du pouvoir d’état, ce n’est pas leur boulot ! Ceux qui sont méfiants ne sont pas ingrats : si nous voulons que notre pays tourne normalement, il faut que chacun retourne à sa place : finie, la pagaille !


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