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Jusqu’où le « Pays des hommes intègres » va-t-il se désintégrer ? (4)

4 novembre 2014, 17:59, par Jean-Claude Naba

Remettons les pendules à l’heure.

Le Burkina Faso, et avant lui, la Haute-Volta, n’a pas attendu M. Blaise Compaoré et sa rectification pour être reconnus comme pays où "gouvernement et administration" seraient "exemplaires". Mais le Burkina Faso et avant lui la Haute-Volta, était connu pour la modestie de ses dirigeants et de ses populations, et n’avait - n’a - que faire des flatterie contenues dans des comparaisons avec d’autres pays moins bien lotis que lui - même s’ils ne sont pas nommés.

Un article, du journaliste Kpatindé, je crois, détaillait récemment le rôle de pompier pyromane de M. Compaoré dans divers conflits. Que valent alors les talents d’un médiateur dans une crise qu’il a contribué à fomenter ?

L’auteur de l’article "Jusqu’où le « Pays des hommes intègres » va-t-il se désintégrer ? (4)" semble vouloir dire à l’opinion publique, à commencer par les Burkinabè : "Soyez réalistes, soyez pragmatiques, acceptez de ne pas être totalement débarrassés des tares et des personnes qui, fortement liées à M. Compaoré et à son régime, vous ont, toutes ces années, opprimés, exploités, spoliés ; la vie continue, la vie DOIT continuer". J’entends en écho la voix de M. Hollande qui, en toute sincérité, tout cynisme, nous fait savoir que "la France a veillé à évacuer M. Compaoré avec les moyens utiles". Y répond la voix de M. Zida, "nouvel homme fort" du Burkina, qui annonce que "l’intégrité physique et morale" du fugitif réfugié à Yamoussoukro serait assurée. (Passe encore pour l’intégrité physique. Mais l’intégrité morale aussi ? M. Zida peut-il l’assurer ? Bien sûr, les morts et blessés burkinabè des derniers jours sont quantité et valeur négligeable...)

On a compris. Que M. BEJOT, que M. Hollande, que la France se rassurent.

Le Burkina post-Compaoré enterrera ses morts, pansera ses blessés, ravalera sa douleur, renoncera à étancher sa soif de vérité et de justice, pourtant si légitimes... sous d’autres cieux qu’africains.

Le Burkina post-Compaoré, avec l’aide la France, veillera à ne pas totalement tirer le rideau sur l’ère Compaoré. Il veillera à mettre sa diplomatie au service des intérêts géopolitiques et géostratégiques de la France. Il acceptera comme "homme du consensus" celui que la France considèrera comme "homme de la situation".
Bien avant l’insurrection populaire, la rue burkinabè citait déjà le nom de M. Bassolé comme le potentiel dauphin, parce qu’il ferait l’affaire de la France en tant que diplomate chevronné, militaire malgré tout, et très smart. Mais tout ceci n’est que détail...


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