Accueil > ... > Forum 676784

L’opposition burkinabè veut une transition démocratique, civile et consensuelle

4 novembre 2014, 13:01, par Joséphine Ouedraogo

Comme la plus part des femmes et des hommes de ce pays, je rends hommage aux principaux acteurs qui ont assumé la crise politique au risque et au prix de leurs vies et qui continuent d’œuvrer pour une solution à la hauteur des aspirations des millions de jeunes mobilisés depuis des semaines.

Je ne puis rester muette face au débat qui s’invite sur la "transition". Les partis politiques, les organisations de la société civile, les forces armées et la communauté internationale se préoccupent en ce moment de savoir qui conduira la transition afin qu’elle soit "démocratique, civile et consensuelle". Je voudrais attirer l’attention des unes et des autres sur le fait qu’il faut davantage se soucier des objectifs de la transition et des résultats attendus, avant de s’interroger sur QUI assurera cette transition et pour combien de temps.

Sous la pression des grands acteurs de la politique internationale, africaine et burkinabè, nous risquons de rater le coche parce que tout le monde veut que le changement institutionnel se fasse maintenant et rapidement, en quelques semaines, ou 6 mois au plus.
J’aimerais rappeler que c’est la jeunesse burkinabè des centres urbains, et les forces politiques et sociales organisées qui ont imposé la chute du régime au pouvoir depuis 27 ans. Je crois que les attentes de la jeunesse et de toux ceux et celles qu’elle représente dans ce pays (familles rurales qui ne peuvent pas leur offrir un avenir, artisans et travailleurs et travailleuses du secteur informel, chômeurs, lycéens et étudiants, etc..), c’est un changement profond non seulement du mode de gouvernance politique, mais surtout du mode de gouvernance des aspirations et du potentiel de l’ensemble de la population.

Je pense que la crise politique que nous traversons est l’aboutissement d’un malaise profond de la jeunesse et de toutes les couches sociales (rurales et urbaines) qui n’ont jamais réellement pris part au processus dit "démocratique". Ces forces vives peuvent témoigner sur leur implication illusoire dans les processus électoraux, et de leurs frustrations de ne jamais pouvoir demander des comptes à ceux et celles qu’ils ont "élu".
Si le Burkina se lance rapidement dans l’élection d’un Président et dans la désignation d’une nouvelle classe dirigeante, qui ne fera que chausser les souliers que les précédents ont quitté précipitamment, nous nous retrouverons face à la même crise politique et sociale dans moins d’une dizaine d’années. La période de la transition devrait, à mon humble avis, être consacrée à la recherche d’un large consensus sur un nouveau mode de gouvernance politique, économique et sociale, qui apaise les frustrations de la jeunesse et des couches "silencieuses" de notre société.

Je propose qu’il soit organisé pendant la période de la transition, une sorte d’assises nationales ou d’états généraux dont l’objectif principal est de se mettre d’accord sur ce que les principaux acteurs de la chute du régime (notamment les jeunes) mais également les couches silencieuses comme les paysans, souhaitent comme véritables changements.
Que voulons-nous faire de la transition ? Que représente pour nous "l’après-transition" ?

Signé par une simple intellectuelle, sans aucune ambition de pouvoir.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés