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Coton génétiquement modifié : Des togolais émerveillés par l’expérience burkinabè

14 octobre 2014, 14:58, par un agroécologiste

Pour les populations du monde rural, les OGM représentent une menace grave pour l’agriculture paysanne, pour l’environnement et pour la santé humaine et animale (tumeurs chez les animaux de laboratoire nourris avec les OGM), la libre circulation des OGM est encore plus grave.
Les OGM ne sont pas des produits ordinaires bien connus par les populations, on ne doit envisager la possibilité de la libre circulation des OGM, produits nouveaux aux effets imprévisibles.
Les OGM sont incompatibles avec l’agriculture paysanne basée sur les semences traditionnelles adaptées aux conditions locales, reproduites par les paysans, de génération en génération. Les semences OGM sont très chères, elles doivent être renouvelées chaque année et nécessitent l’utilisation des engrais et pesticides chimiques qui provoquent la dégradation accélérée des sols, entre autres.
Toutes les semences OGM sont brevetées, ce qui signifie qu’elles présentent la propriété intellectuelle privée de MONSANTO ou d’une autre firme, par conséquent, les paysans qui achètent leurs semences sont totalement dépendants des firmes. Les semences OGM brevetées ont perturbé le fonctionnement de la justice qui, dans de nombreux pays, a condamné à de lourdes peines d’amandes les paysans dont les champs étaient contaminés par les OGM. Ce sont les paysans, victimes de la contamination par les OGM, qui sont criminalisés, voilà l’effet pervers des OGM !
L’idée de brevet est totalement incompatible avec la mentalité africaine pour qui la vie est sacrée et la semence est la quintessence de la vie. La mentalité africaine reconnait uniquement le droit collectif sur les semences, puisque l’existence d’une communauté dépend étroitement des semences qu’elle possède, qu’elle a hérité de ses ancêtres et qu’elle va transmettre à ses enfants. Les semences font partie intégrante d’une communauté africaine, elles interviennent dans sa vie productive, culturelle, économique et spirituelle ; une communauté qui perd ses semences court un grand danger.
Contrairement aux affirmations des firmes multinationales, promoteurs des OGM, de nombreux faits ont démontré que les OGM contaminent les autres cultures environnantes provoquant ainsi la perte de la biodiversité agricole et elles n’apportent aucune hausse des rendements. Comme conséquence ; il y aura la disparition des variétés traditionnelles qui constituent la base de l’autonomie semencière et de la souveraineté alimentaire.
Les variétés traditionnelles présentent l’alimentation de base des populations d’Afrique ; leurs qualités nutritionnelles et technologiques sont adaptées aux besoins alimentaires et aux méthodes de transformation locales. Pourquoi nous amener les OGM qui n’ont rien à voir avec nos besoins ?
La découverte en 2001 de la contamination génétique du centre d’origine mexicain du maïs par les OGM a provoqué un véritable scandale, d’autant plus qu’à l’époque le Mexique observait un moratoire sur le maïs transgénique. Pour les populations autochtones du Mexique, le maïs représente non seulement la plante à la base du système alimentaire national, mais le fondement même de la vie. La grande majorité des Mexicains n’hésite pas à dire « nous sommes les enfants du maïs ». Lorsqu’ils ont découvert que leur maïs était contaminé par les OGM, ils ont vu ça comme une attaque de leurs croyances les plus sacrées et les plus fondamentales, une attaque contre l’identité mexicaine et une agression contre les cultures qui ont créé l’agriculture.
Les OGM présentent aussi une agression contre nos cultures africaines. Actuellement il existe des programmes de recherches bien avancés sur le sorgho et du niébé OGM destinés pour l’introduction en l’Afrique de l’Ouest. Ces programmes présentent un danger de contamination par les OGM du matériel phytogénétiques du centre d’origine africain. Nous voulons cultiver nos variétés traditionnelles qui ont permis la survie de nos communautés pendant des millénaires, nous voulons préserver notre capital semencier africain indemne de toute contamination génétique !
Les variétés traditionnelles, présentent une qualité précieuse d’adaptabilité aux changements climatiques.
Il ne faut pas profiter de cette situation pour imposer les semences OGM aux paysans africains en difficultés car c’est l’avenir des générations africaines présentes et futures qui se joue actuellement. C’est le risque de compromettre l’avenir des jeunes ruraux qui seront demain des paysans sans terre avec cette "industrialisation" à marche forcée de notre agriculture.
Enfin, 2 contre-vérités à dénoncer : Le Burkina n’a pas été aux OGM parce qu’il avait des problèmes sur son coton mais par les aventures de notre président au Libéria et Sierra Léone fin des années 1990 pour éviter l’embargo des Nations Unis... Monsieur Karim Traoré, est formaté comme il se doit pour répéter le discours de Monsanto et autres valets locaux. Il existe une autre voie bien plus saine et durable à savoir l’agriculture biologique : pourquoi ne pas cultiver du coton biologique qui nous évite d’utiliser des engrais chimiques, les pesticides et les herbicides comme Roundup de Monsanto, tous fait à partir du pétrole non renouvelable et qui contribuent aux effets de serre et, donc, au réchauffement climatique. Il faut pratiquement 2 tonnes de pétrole pour faire une tonne d’engrais chimique. Donc, l’agriculture conventionnelle et OGM est une agriculture non durable qui détruit l’environnement et qui menace notre santé avec ces cocktails chimiques (la fertilité des hommes a déjà chuté de moitié en un demi-siècle ! à ce rythme, on sera infertile dans un siècle...).


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