Accueil > ... > Forum 660368

Réaction du président du Faso à la situation nationale :« Il y a toujours un choix … »

14 octobre 2014, 19:36

@118 : c’est claire comme de l’eau de roche ! J’ajoute ce qui va suivre, pour qu’ils ne disent pas après qu’il ne savaient pas.Si le chef de l’Etat pouvait changer la constitution, il l’aurait fait depuis longtemps sans demander à quiconque. Mais en l’Etat actuel, il ne peut pas organiser un référendum. Pourquoi, parce qu’il n’y a pas de consensus politique pour aller au référendum. Prenez la constitution actuelle. Comment a-t-elle été mise en place ?

D’abord, les forces politiques se sont réunis et ont ébauché la constitution. Quand ils ont fini de s’entendre, sans exclusion sur la mouture, ils se sont mis d’accord pour appeler au référendum constitutionnel. Et la constitution a été votée et promulguée. A partir de ce moment, elle rend légitime les gouvernements qui viennent et partent. Cette constitution est une marque déposée du peuple, pas d’un parti politique, même si celui-ci est majoritaire et s’appelle CDP de Blaise Compaoré. La constitution règle la circulation des gouvernements à la tête de l’Etat. Elle créé le régime politique. Chez nous, elle a créé un régime politique démocratique, différent d’un régime monarchique.

Voyez-vous comment la constitution a été écrite et adoptée ? Ce n’était pas l’oeuvre d’un parti politique. C’était à l’origine l’oeuvre de toutes les composantes de la nation. Alors, si un parti politique, parce qu’il gouverne, change la constitution, il ne s’agira plus d’un régime démocratique, puisqu’il n’y a pas eu de consensus sur la constitution (la règle inscrite dans la constitution ayant été violée), mais un régime clanique, excluant une partie ou des parties de la population du pays.
Et, puisque dans notre cas c’est un seul individu qui veut faire changer la constitution pour lui-même, alors, nous serons dans toute autre chose sauf dans une république. La démocratie c’est le pouvoir du peuple, et le pouvoir d’un individu, c’est la monocratie.
Dans aucun Etat de droit de ce monde, une loi ne peut être transformée pour satisfaire les soifs de pouvoir d’un seul individu.

Le consensus dans un Etat est fondateur de cet Etat et des valeurs qui y sont défendues par ses citoyens. Un consensus constitutionnel brisé équivaut à l’ouverture de toute autre voie de règlement de compte puisqu’ aucune constitution partisane, donc, non consensuelle, ne saurait légitimer une quelconque unité nationale. Gouverner, ce n’est pas tricher avec les lois.

Il ne faut donc pas confondre un gouvernement, ici, le gouvernement de Blaise Compaoré et de Luc Adolphe Tiao, et le régime politique, qui est démocratique, la marque déposée du peuple burkinabè, scellée dans la constitution, notre contrat social.

Si on le fait, c’est comme si, pour emprunter à l’informatique, on confondait le système d’exploitation (Windows par exemple) à un programme d’application (Word par exemple). Word est installé sur le Windows. Sans ce dernier, Word ne pourra pas être installé, donc, ne pourra pas être utilisé. Word, on peut le désinstaller et l’installer tant que le Windows est là. La constitution, c’est notre système d’exploitation Windows, c’est –à-dire le garant du fonctionnement de nos programmes d’application qui sont nos gouvernements possibles. Les gouvernements passent et le régime démocratique reste dans tous les pays civilisés de ce monde ayant des institutions solides. C’est ca le sens des institutions fortes du Président Obama. Il n’y a pas de confusion à faire entre des individus qui animent un gouvernement passager et le régime politique de leur pays. N’importe quel gouvernement qui s’amuse à tricher avec les institutions démocratiques perd de ce fait sa propre légitimité. Il n’a plus aucune base légitime pour se considérer comme un gouvernement national.

Dans le cas de notre constitution, le gouvernement étant légitimé par la constitution, sans cette constitution, ce gouvernement n’a pas de légitimité. Pour changer la constitution et avoir une légitimité, il faut passer par le processus consensuel (inscrit dans la constitution parce que la constitution elle-même est consensuelle) avant d’aller à quelque référendum que ce soit. Sinon, ce serait comme si le gouvernement sciait la branche sur laquelle il est lui-même assis.

Vous comprenez certainement pourquoi le chef de l’Etat veut maintenir le consensus national. C’est pourquoi il est obligé de négocier avec l’opposition. Sans ca, il aura briser le contrat social qui fait de ce pays un Etat démocratique. S’il outrepasse les interdictions de la constitution, il peut être poursuivi pour parjure. La constitution a limité les pouvoirs du présent pour l’empêcher de devenir un despote, même si on sait qu’il y a des amoureux du despotisme au sein de la population.


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés