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Le Président Blaise Compaoré, l’opposition burkinabè et l’avenir

12 février 2014, 01:14, par benaocyn

Monsieur Franklin Niamsy, merci pour l’interet que vous portez a la situation politique qui prevaut au Burkina Faso. Nous voulons vous aider a mieux nous aider. Je suis simplement Specialiste des realites et du quotidian que vivent la majorite des Burkinabe. Si d’avanture vous voulez me donner des eclairage, de grace garder les pieds sur terre et ne philosophez pas. Nous parlons de ce que nous sentons, voyons et vivons. J’ai choisi de me joinder aux echanges pour partager avec vous mes commentaires sur certaines de vos affirmations (numerotes ici, suivi des commentaires en gras italique)

1- « Et quand par ailleurs, de sa main experte, un homme a formé l’essentiel d’une classe politique qu’il connaît donc par cœur, on ne peut douter du flair avec lequel il s’attache à entrevoir une transition mieux réussie entre sa séquence historique et les suivantes. »
Cette affirmation m’amène à vous poser la question suivante : du maitre et de l’esclave, qui est réellement le maitre et qui est réellement l’esclave ? L’esclave n’est-il pas le Maitre du maitre ? En d’autres termes le maitre n’est-il pas l’Esclave de l’esclave ? Dans l’histoire du régime Compaore, nous savons qui a fait qui, et a défaut d’une égale recevabilité réciproque, qui devrait être plus redevable a qui.
2- « Or, à Franklin Nyamsi, natif du Cameroun, on interdit en 2014 de parler des questions politiques burkinabè au nom d’un principe imaginaire de non-ingérence intellectuelle, défendu en langue française par des africains. … Et quand cette opposition - dans certaines de ses franges incontrôlées comme celles qu’incarnent l’intarissable populiste Saran Sérémé ou la girouette idéologique Etienne Traoré - emprunte les accents de la xénophobie, de la pensée identitaire et de l’obscurantisme anti-panafricain … »
Les raisons de ce sentiments que vous décrivez chez vos lecteurs burkinabé se trouvent dans vos prétentions a être un spécialiste des questions politiques burkinabé, et même africaines (mondiales aussi ?) en faisant des affirmations qui sont aux antipodes des réalités que vivent les burkinabé et des africains d’autres pays (voir illustrations dans mes commentaires relatifs a vos affirmations suivantes : points 3, 5, 6 et 7)
3- « Il y a des abstentionnistes par principe, des abstentionnistes par que faire, des abstentionnistes par paresse, des abstentionnistes par ignorance et des abstentionnistes par projet »
Informez vous davantage, au Burkina la plupart des abstentionnistes se justifient par le manque d’enjeu, les tripatouillages qui étaient devenues la règle du jeu ; les résultats sont connus d’avance. Lisez le Rapport du Collège de Sage que le Président a mis en place en 1999 pour l’aider à juguler la crise née de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons. Vous serez édifié pour mieux nous aider. Du reste, vous qui vous opposez au régime de Paul Biya au Cameroun, cette catégorie d’abstentionnistes n’y existe-t-elle pas ?
4- « Toute la crème de l’opposition socio-démocrate et libérale est issue du CDP dont elle partage nécessairement le bilan aux yeux du peuple. Comment critiquer le CDP sans s’accuser soi-même en pareil cas ? »
Comme vous le savez, les démissionnaires ont fait leur mea-culpa, sont prêt a assumer leur part de responsabilité tant dans les erreurs que dans les succès. En bon citoyen du monde, vous savez qu’une faute reconnue est à moitie pardonnée, dit-on. Ne vaut-il pas mieux reconnaitre avec courage ses erreurs, se repentir que de persévérer dans les erreurs ? N’estes vous pas de ceux la qui pensent que « seuls les imbéciles ne changent pas ?
5- « Car, on a tant vu des démissions des partis au pouvoir sans effet en Afrique : au Ghana, au Niger, au Nigéria, au Sénégal, au Cameroun …. »
Informez-vous mieux. Demandez au sénégalais de l’ère Wade (âpres Diouf) et ceux de l’ère Sall (âpres Wade) s’ils sont d’accord avec vous. Et je suis sur que ce ne sont pas les seuls cas en Afrique, même parmi les pays que vous avez cites
6-« Ce que l’opposition radicale a clairement montré par sa manière de vouloir instrumentaliser la rue pour bloquer les procédures constitutionnelles pourtant légales, c’est sa peur bleue de la voix du peuple burkinabè »
Pour le cas du Burkina, c’est une peur effectivement, mais c’est la peur des fraudes électorales, des tripatouillages des résultats des urnes (Réf. Rapport du Collège de Sages de 1999)- Un chef d’Etat africain a dit une fois que « le bulletin de vote n’a jamais elu un presdident en Afrique ». C’est toujours une triste réalité dans beaucoup de nos pays, malheureusement
7- « … l’opposition a clairement montré son peu de confiance dans les institutions … »
Ce n’est pas seulement l’opposition. Il y a une profonde crise de confiance généralisée entre les gouvernants et les gouvernes (Réf. Rapport du Collège de Sages de 1999)-
8- « On ne se débarrasse pas d’un Chef d’Etat efficace, efficient et efficace comme on se séparerait d’un garçon de courses. »
Les burkinabé en sont conscients. Et comme le Président Compaore est mortel comme vous et moi, et sachant depuis 2005 qu’il sera en fin de mandat en novembre 2015, il lui faut envisager maintenant son départ (si ce n’est pas encore fait) en préparant un candidat de son parti pour sa relève, dont il guidera les premier pas des novembre 2015 si ce dernier venait à remporter la confiance du peuple. Ce dernier pourrait puiser dans la riche et intarissable expérience du Président Compaore pour la continuité. Cela évitera au Burkina de disparaitre avec « l’indispensable » Compaore qui comme tout mortel, sera rappelé a Dieu, tôt ou tard. Enfin, lui aussi pourra jouer le rôle qu’il a fait jour aux anciens chefs d’Etat dans le Collège de Sages qu’il avait lui-même mis en place. Ce Collège avait, depuis 1999, balise une porte de sotie honorable pour Compaore. Il suffit simplement de mettre en œuvre leurs recommandations sur les questions qui divisent les burkinabé aujourd’hui.
9- « Pour avoir visité le Burkina Faso des deux périodes (90-2000), je dois avouer mon émerveillement devant le saut qualitatif réalisé par le régime Compaoré dans la métamorphose du terrible sort des masses burkinabè qui n’en sont pas pour autant- loin s’en faut encore – définitivement à l’abri du dénuement désolant. Quelques données macroéconomiques de l’INSD du Burkina Faso devraient suffire à illustrer le bond accompli par ce pays sous Blaise Compaoré »
Voila un exemple criant d’affirmation, malgré le fait qu’elle est ‘étayée de données de l’INSD’ qui ne reflète en rien le quotidien des burkinabé dans leur écrasante majorité. Voyez le classement du Burkina selon le dernier rapport mondial sur le Développement Humain Durable (DHD)
« Rapport Mondial sur le Développement Humain : le Burkina classé 183ème sur 187 pays - mercredi 24 avril 2013 »
Comment justifiez-vous ce classement du Burkina Faso malgré le tableau mirobolant que vous avez dépeint ?

10 – « J’insiste seulement qu’un homme d’Etat de l’envergure de Blaise Compaoré qui - contrairement à d’autres chefs d’Etat africains foncièrement inutiles pour leurs peuples et jamais élus réellement par eux -est encore si précieux pour son pays et pour notre sous-région ouest-africaine … »
Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que contrairement a d’autres Blaise Compaore est réellement élu par son peuple ?


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