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Journée nationale de protestation à Ouaga : Une véritable marée humaine à Ouaga

18 janvier 2014, 19:38, par AC

lu pour vous sur le site : www.afrik.com

La manifestation du 18 janvier à laquelle une "très large" coalition d’opposants avait appelé le peuple burkinabè a fait... un flop. La marche prévue à Ouagadougou n’a regroupé qu’environ 10 000 personnes... Et les chiffres sont symboliques dans le reste du pays : 3000 à bobo-Dioulasso, quelques centaines à Banfora, Fada, Bogande, Dori...

Force est de constater que la grande mobilisation voulue par Zéphirin Diabré, principal leader de l’opposition burkinabè, à la tête de l’UPC, n’a pas réellement pris tournure, malgré le soutien affiché de plusieurs personnalités politiques récemment détachées de la majorité présidentielle, à commencer par Roch Kaboré, ancien président de l’Assemblée nationale...

Quelques leaders de la société civile, comme le rappeur Smockey, du Balai citoyen, avaient également appelé à manifester. « En avant pour une démocratie vraie, notre nombre est une force » avait ainsi lancé Smockey dans son appel à manifester, suivi par de nombreux jeunes burkinabè, notamment des étudiants de Ouaga II.

Satisfaction pour ce qui concerne l’organisation de la manifestation : aucun incident n’a été à déplorer le long du cortège, ni lors des prises de parole Place de la Nation. « Cette manifestation est autorisée. C’est un signe du degré de maturité de notre démocratie, avait déclaré le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, nous souhaitons seulement que tout se passe dans l’ordre et la sécurité. »

Parmi les explications possibles de cet échec de la mobilisation "tous contre Compaoré", dont les seuls mots d’ordre étaient : "Non au Sénat, Non à l’article 37, Non à la prolongation du mandat de Blaise Compaoré", on peut évoquer le refus des syndicats de mélanger politique partisane et action sociale, mais aussi, largement, le malaise créé par le ralliement aux opposants de certains "barons" du parti majoritaire, qui il y a quelques semaines saluaient au contraire le bilan du Chef de l’Etat, et dont la crédibilité dans leur nouveau credo n’est donc pas très grande.

Autre explication possible : la pauvreté des propositions concrètes d’une opposition qui semble n’avoir pour seul programme de gouvernement que le remplacement du Président... Ce qui constitue un argument un peu court, face aux résultats affichés par la politique économique et sociale menée ces dernières années au Burkina : plus de 9% de croissance en 2012, une prévision de 10,4% de croissance en 2013, les lauriers du FMI et de la BAD pour la bonne gestion des fonds publics et les réformes engagées...

Dans la population burkinabè, la lutte des politiques pour le pouvoir et leur danse autour du Palais de Kosyam apparaît surtout comme une joute fratricide sans réel enjeu... Sinon des calculs personnels qui, comme on le voit, ne rallient pas les foules. Il faudrait à l’opposition un autre discours économique et social pour que les citoyens s’engagent à ses côtés.

Les fortes pluies, anachroniques en cette saison, avaient peut-être aussi contribué à perturber la mobilisation... Signe du ciel ?


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