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Joséphine Ouédraogo Guissou, ancienne ministre de la Révolution : « La IVe république a donné plus de place aux institutions qu’à la démocratie elle-même »

3 octobre 2013, 08:23, par MITBKIETA

Madame le Ministre ! Quelle joie que de vous lire et de vous comprendre. Vous êtes une vraie sociologue, professionnelle et compétente. A vous écouter, on voit en vous, contrairement à d’autres qui pendant les quatre années incriminées au pouvoir, se refusent de voir, de reconnaître les bavures et autres impairs jadis par vous commis contre le peuple que vous mettez au crédit de « l’empressement »
Je suis d’autant plus content de vous lire car au moins une fois en passant on retrouve dans vos déclarations une certaines honnêteté. Celle de reconnaître les « empressements » observés par votre Equipe dans la recherche de « changements » uniquement selon votre vision des choses sans compte tenir de ce que le peuple voulait vraiment. Et les conséquences, on les vit aujourd’hui, soit plus de 20 ans après votre passage dit « court », mais bien négatif pour nous autres considérés par vous et les autres d’ailleurs comme des galettes (grillées des deux cotés). Mais, changement pour changement, radical fut-il par vous et vos camarades souhaités à travers le fameux « Centralisme démocratique » qui n’était que du « coupé-collé », aviez-vous jadis réalisé son « inadaptabilité » avec notre Société ? Le leadership très fort dont il a été question, avait-on vraiment besoin de cela pour faire avancer un pays qui comptait plus de 80% d’analphabètes qui n’avaient de soucis que de se garantir un repas par jour ? Quant la hiérarchisation de la Société par vous (vous et vos camarades) voulue et soutenue, en votre qualité de sociologue, ne pensez-vous pas que la Société burkinabé était assez bien organisée à tel point qu’elle fut la jalousie pour bon nombre de Démocraties dans ce monde qui n’ont pas hésité à en copier. Avait-on vraiment besoin du Roumain, du Chinois, du Coréen etc. pour avancer ? Tout cela nous a amené où plus de 20 ans après ? En clair, vos objectifs n’avaient pas du tout partagés. Les populations subissaient avec ces Armes distribuées aux délinquants et autres voleurs qui les traumatisaient dans les quartiers et autres villages du pays.
Quant au volontarisme et à l’empressement dont vous avez fait allusion, j’en conviens avec vous. Et comme vous le dites si bien, ils ont été étayés de « frustrations », « d’humiliations », de « règlements de compte », de « traumatisme » etc., de la part de ceux qui avaient les armes à la main. D’où ces ressassements ressentis par le peuple et plus profondément, que vous ne pouviez imaginer.
De la famille, je me surprends de vous entendre déclarer vos satisfécits quant aux régulations par vous y apportées à travers le Code de la famille par vous mis en place et dont j’en sais quelque chose pour y avoir contribué à sa rédaction et dont une « bonne partie fut élaguée », mais, à quelle fin ? Selon vous, où en est la famille au Burkina aujourd’hui ? Où en est le civisme aujourd’hui dans ce pays ? Je dirai là où vous avez voulu qu’ils soient. Délabrement, dislocation etc. Quelle garantie de bonne volonté vous avez imprégné à la femme, à l’homme et à l’enfant aujourd’hui. Combien de foyers, de familles sont aujourd’hui disloqués des faits de ce fameux Code dont les fondements essentiels ont été par votre Equipe, éliminés ? Autant de questions qui doivent vous amené à reconnaitre les résultats mitigés de vos quatre (4) années de passage.
Nous inviter à ne pas nous indigner maintenant parce qu’on « aurait laissé les choses se dégrader », c’est vous jouer de notre intelligence car, c’est de vos faits que la famille burkinabé a perdu de sa solidarité, de son respect. Je pense que vous et les autres de vos camarades sont et restez comptable de ce que le peuple vit en ce moment parce que c’est de vous qu’est venu le chamboulement de l’organisation de la famille dans notre pays. Inutile de jeter l’opprobre aux autres, à ceux qui vous ont succédé et qui ne font qu’assurer la poursuite de ce que vous avez initié.
C’est vrai, tout leader, Chef d’état, Chef d’agence de développement, Chef de parti politique ou d’association et même Chef de famille, doit avoir le courage de dénoncer les pratiques qui avilissent les autres et portent atteinte à la vie des individus. Un leader doit également prôner ouvertement le respect des uns et des autres, la solidarité, etc. Et c’est pourquoi je viens par ce partage m’inscrire en faux pour la plupart de vos avances car, la logique veut que « personne ne se prévale de ses propres turpitudes ». Si oui que vous voulez rebondir politiquement (parce que je ne crois pas que vous soyez vraiment apolitique), d’autres voies et formules sont disponibles et peuvent être par vous explorées pour approcher qui de droit parce que vous le connaissez bien et il vous connait bien également. Arrêtez de prendre les burkinabé comme ceux que vous avez laissés il y a de cela 26 ans. Les choses ont beaucoup et bien évolué.


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