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Mesures contre la vie chère : Le détail de ce que le gouvernement a décidé

12 septembre 2013, 08:50, par L’économiste

Félicitations, cela fait plus de 20 ans que nous attendons un tel conseil des ministres, il n’est jamais trop tard pour agir. Maintenant, reste à voir l’application de ces mesures, vu le niveau de corruption qui ronge le pays, je crains fort que le combat et les mesures prises ne soient inutiles. Il faut des mesures concrètes de ce type pour combattre la corruption. Si la corruption diminue, ce plan peut conduire à des améliorations à court terme. Un autre problème qui se pose est toujours la vision court "termiste" du gouvernement, il est temps de prendre des mesures de long terme. L’augmentation des salaires conduisant à une hausse des prix dans l’économie et le fait que les acteurs économiques peuvent ne pas jouer le jeu de la baisse des prix, il est fort possible que ce joli programme soit un échec. Au final, cela dépend de l’autorité du régime en place, de sa crédibilité en termes de politiques économiques effectives et du comportement des consommateurs. En effet, si l’augmentation des revenus se produit, il est possible que l’argent serve beaucoup plus à consommer des produits étrangers (peu importe leur origine), dans ce cas c’est la balance commerciale de l’économie qui va se creuser. Ce fait est fort probable car les burkinabé sont friands des produits étrangers, vu qu’une bonne partie des produits tels que les appareils électroniques ou encore les moyens de déplacement, ne sont pas produits au Burkina Faso. Outre cela, la hausse des prix (pas nécessairement au niveau des produits de première nécessité, qui sera elle contrôlée malgré les inquiétudes concernant son application effective), va pousser les citoyens à consommer des produits venant d’ailleurs dans la mesure où les produits d’ailleurs seront moins chers pour nous. A long terme, de telles mesures conduiront nécessairement à endetter encore plus les jeunes que ces mesures sont censées aider, d’autant plus que la corruption risque d’en miner les résultat. La détérioration de la balance commerciale va également être un problème structurel de plus à résoudre pour relancer l’économie nationale. Dans un monde idéal, cela serait parfait, mais dans le monde réel, ces mesures ne permettent pas une croissance économique soutenue et sous-entendent, une hausse future des impôts et taxes pour rembourser une partie du déficit budgétaire qui se creuse. Outre ces éléments liés aux mesures prises, il est important de préciser une limite à ces mesures. Ces mesures ne prennent pas en compte le monde rural qui a le plus besoin de revenus. Une baisse des prix leur serait profitable, si et seulement s’ils pouvaient un plus profiter d’une hausse des revenus. Le gouvernement a tout de même penser à leur apporter de l’aide alimentaire. Cette aide alimentaire sera certainement importée, ce qui alimentera à nouveau le déficit commercial et la persistance des déséquilibres. Pour résoudre ces problèmes, il faut des politiques structurelles, sauf que dans le contexte présent, ce sont des décisions de politiques conjoncturelles qui ont été prises et qui conduiront à des déséquilibres structurels négatifs. L’analyse pourrait encore être poussée mais je me limite à cela. Bien que je déplore la vision "court-termiste" des mesures et l’absence de mesures contre la corruption ambiante, il faut le reconnaître ces décisions sont à saluer et constitue une première du genre sous Blaise Compaoré. Espérons donc que des mesures permettant d’améliorer la condition des burkinabé dans le long terme soit définitivement prises dans un avenir proche. C’est-à-dire avant 2015. La bonne nouvelle est qu’à court terme, ces mesures auront un impact positif si la corruption ne mine pas leur mise en oeuvre.


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