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Accident de la circulation : Une femme et son bébé trouvent la mort

6 mai 2013, 00:42, par Jason

Nous sommes foutus au Faso. Toutes ces hostilités toutes ces réactions en chaine sont les signes précurseurs d’un grand malheur. Loin de moi l’idée de jouer l’oiseau de mauvaise augure, mais tout ceci ne présage rien de bon. Trois dames à bord d’une Mercedes Classe C, percute une dame et son bébé, les tuent et disparaissent pour échapper à la vindicte populaire. Faisons une analyse objective. L’accident a eu lieu tôt dans la matinée. Cela suppose que les occupantes ne fussent peut-être pas des dames d’un certain âge mais de jeunes dames qui rentraient d’une soirée certainement bien arrosée en boite. Des dames d’un certain âge auraient affronté surement mais je le dis sans certitude la foule, fût-elle hostile. La Mercedes dans laquelle elles étaient est un véhicule qui a lui seul symbolise un certain milieu social. A tort ou à raison, on parle de nos jours de nouveaux riches. La majeure partie de la population croule dans la misère et une petite élite honnête ou pistonné voit le jour. Malheureusement, ce n’est pas que le peuple soit forcément jaloux de les voir réussir. Le peuple se sent nargué, humilié de voir ses filles qui étaient des tares à l’école ou qui habitaient les taudis, conduire du jour au lendemain de grosses cylindrées simplement parce qu’elles ont choisi la courte échelle en vendant leur jeunesse à de vieux pervers. De voir ces enfants de ministres et autres écraser leurs rejetons qu’ils ont péniblement éduqués au prix de mille sacrifices. Voyez-vous, ne croyez pas que le servant que vous avez embauché fait ce travail de gaieté de cœur pendant que, vous lui criez dessus alors que dans sa propre famille, il est une figure morale qui doit aussi éduquer sa progéniture. Pendant qu’il se sacrifie, vos enfants font de lui le torchon qu’on envoie balader et qu’on insulte à sa guise. Le peuple, c’est cet homme, cette femme à tout faire que vous avez chez vous. Le peuple, c’est vous, c’est nous mais c’est surtout eux. Vous êtes trop occupés à manger des plats succulents ou trop excités à l’idée de voir vos séries préférées dans vos salons climatisés sans même vous soucier du fait que le vrai peuple se meure et que la misère touche de plus en plus de ménages. Les jours de fête, vous ne vous souvenez même pas de la plus petite tradition africaine qui veut qu’on associe amis et voisins. Vos voisins ne sont pas assez riches ou dignes pour partager vos plats. Leurs enfants doivent s’assoir à même le sol, loin de vos chaises pour ne pas les salir. Vos enfants sont déconnectés de la société réelle. Ils ne jouent plus au football avec les autres enfants du quartier. Ils ne vont plus ensemble à pied à l’école. En réalité ils ne partagent plus rien avec la majorité. Ils sont étrangers dans leurs quartiers, préférant leurs consoles de jeux vidéo. Vos enfants ne jouent qu’entre eux, gens du même milieu social. Vos mûrs sont très hauts et les portes ne s’ouvrent que lorsque vous entrez ou sortez. Tout ceci est à la base de la haine qui s’installe dans les cœurs, à la base des rancœurs. Traditionnellement, nous sommes un peuple socialiste. Nous sommes issus d’une société culturelle où tout le monde produit pour tout le monde et où le partage est érigé en règle d’or. Nous ne partageons pas seulement nos biens matériels. Nous partageons aussi nos joies et nos peines. C’est ainsi que les évènements heureux ou malheureux drainent du monde. Alors quand la société finit par faire l’apologie de la réussite individuelle, les liens sociaux se brisent, les frustrations deviennent énormes. En plus de tout ceci, la justice moderne a montré ses limites. Elle semble partisane. Elle ne semble peser qu’en faveur du riche. Le pauvre semble avoir toujours tort. De plus, la lenteur administrative est telle que les gens ont l’impression souvent qu’on se moque d’eux parce que, le travail n’est jamais fait. Des individus détenus en maison d’arrêt et de correction sont libres quelques jours seulement après avoir été incarcérés. Comment peut-on croire en une justice juste et impartiale ? Sans être ni un devin, ni un astrologue, je vous le dis à tous que l’heure est grave et qu’il est temps pour ceux qui nous dirigent de rectifier le tir. Malheureusement, dans notre pays à nous, rien ne change. On prend les même et on recommence. Les nominations sont un simple jeu de chaise musicale. On remplace l’un par l’autre. Les mêmes sont omnipotents. Et quand on quitte l’administration, on revient par la porte de la politique. Et quand on échoue, on se fait repêcher ailleurs. Pourquoi sur une population totale estimée à plus de 18 millions d’habitants, il n’y a que les mêmes à qui l’on fait toujours appel ? Ces individus véreux sont les mêmes qui nous imposent leur progéniture dans l’espoir que le cycle reprenne et que nous portions à jamais le joug sur nos frêles épaules. Les révolutions sont nées des disparités sociales et de l’injustice. Elles se sont toujours annoncées cependant. La rébellion du peuple, le peuple qui se fait justice ; les manifestations publiques, l’incivisme collective sont simplement des signes pour ceux qui savent les lire. Le jour n’est plus loin où les choses changeront par la force de la rue et par la volonté du peuple


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