Accueil > ... > Forum 330471

ROPPA : Convaincre pour une forte taxation à l’importation des produits de première nécessité

13 décembre 2012, 17:06, par BILA

Juste pour faire partager un article écrit sur ma page Facebook en 2010.

La hausse des prix des productions agricoles nationales a suscité une réflexion abondante que je salue. Toutefois je reste inquiet au regard du dénominateur commun de toute cette réflexion qui se résume à un appel au maintien des prix agricoles à des niveaux bas. En rappel, cette vision de politique agricole n’est pas une nouveauté, elle a toujours été appliquée dans notre pays par une constitution de stocks dits de sécurité ou par la mise en concurrence délibérée des productions agricoles nationales avec celles importées.

Ce choix reste injuste car il maintient les revenus de plus de 80% des Burkinabé. Il est économiquement non viable dans notre contexte national en ce sens que la baisse des prix ne se compense pas par une amélioration des rendements mais par une expansion des surfaces qui à pour conséquence la dégradation des ressources naturelles, une augmentation de l’offre nouvelle ainsi que de nouvelles chutes de prix. La rupture d’un tel cercle vicieux ne se traduisant que par un exode rural croissant doublé d’une pénurie alimentaire. Les émeutes de la faim constatées dans nos villes en 2008 ne sont donc que la résultante de cinq décennies de politique agricole non appropriée.

La grande et dure bataille contre la pauvreté et la faim se fera par la valorisation de nos ressources agricoles. Cette bataille ne se gagnera que par le renforcement des élans de solidarité, solidarité entre urbains et ruraux mais aussi et surtout solidarité entre riches et pauvres. Le volontarisme politique qui se doit d’accompagner ces élans doit permettre la mise en place d’une nouvelle vision de politique agricole reposant sur la rémunération du travail paysan, par des prix couvrant les coûts de production, c’est à dire permettant dans les conditions de production qui sont le notre, un revenu satisfaisant. Des mécanismes pour le redressement des revenus agricoles existent et la Commodity Credit Corporation (CCC), organisme stockeur public aux Etats Unies d’Amérique mis en place dans les années 30 en est un exemple d’école.

J’interpelle tous les acteurs nationaux et sous régionaux à la réflexion sur une politique qui se concrétise par trois axes majeurs.

Le premier axe est la promotion du droit à la protection de l’agriculture nationale qui se traduira par la mise en place de barrières tarifaires, expression légitime d’un refus de la mise en concurrence d’agricultures dont le rapport de productivité est de l’ordre de 1 à 500.

Le second axe consistera à un soutien à la demande intérieure permettant de prendre en compte les besoins alimentaires basiques des couches à bas revenus.

Je pense enfin qu’il est un devoir pour nos gouvernants d’apporter des subventions tant à la production locale qu’à la consommation. Nous avons les moyens de mettre en perspective cette décision, car nos budgets nationaux regorgent d’exonérations et de subventions sur des produits qui en toute raison gardée ne sont pas la priorité quotidienne de nos populations.

Le secteur agricole rural des pays du Nord connaît des soutiens divers, subventions, appui-conseil, investissements consistants et le Burkina ne doit pas rester en marge de cette logique que je définis comme le « Mieux Etat » en opposition au « Plus d’Etat » et au « Moins d’Etat ».


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés