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Bognini Edouard, ancien conseiller de Sankara : « L’homme était un bourreau du travail »

21 novembre 2012, 10:57, par Souly N. Stéphane

Merci à Mutations pour ces enquêtes sur le défunt président Thomas Sankara. Si tous ceux qui l´ont connu, avaient le courage de dire un mot, il ne se reste qu´un seul souvenir de lui, nous serions déjà à l´aube d´une réconciliation. J´ai eu la chance de le rencontrer d´abord, quand il était premier ministre, ensuite quand il était président. Ce qui n´était à l´époque ni un évènement encore moins un privilège car le président Sankara était accessible. C´était un homme chaleureux, accueillant et immensément intelligent…n´hésitant pas à envoyer des pics à ses interlocuteurs. Une fois, je me souviens m´être rendu avec un groupe d´amis du Lycée Philippe Zinda Kaboré à la permanence du premier Ministère, (futur ex-Ministère de la promotion économique).Le soldat qui était de faction à l´entrée nous demanda qui il devait annoncer. Sans réfléchir, nous lui avons tout simplement dit que ce sont des élèves du « noble Zinda ». Ce dernier a transmis exactement ce que nous avons dit. Après une demi-heure d´attente, nous avons été reçus, mais il n´a pas oublié de nous rappeler que prochainement nous devrions changer notre vocabulaire. Nous avons alors essayé vainement de lui expliquer que le Lycée Philippe Zinda Kaboré, de par le nombre de ses élèves, de par son engagement politique, se définissait comme le plus majestueux des établissements de la Haute Volta. D´où la notion de noble Zinda que nous avions d´ailleurs héritée de… nous ne savions qui. Et là il nous a fait comprendre qu´être à l´avant-garde de la lutte des classes ne pouvait en aucun cas faire de nous des nobles ou des privilégiés. Il nous a fait aussi remarquer que par moment, notre « noblesse » se résumait à nos états d´humeur. Quand par exemple le Lycée Philippe Zinda Kaboré gagne une compétition sportive ou culturelle, tout Ouaga doit le savoir. Quand il perd, c´est aussi la même chose. Seul le combat mené par et pour le peuple voltaïque est noble. Les idéaux que vous nourrissez pour le peuple sont la seule noblesse à nos yeux, avait il dit en substance. Nous lui avions promis d´avoir dans ce cas rien que de nobles idées. Ce à quoi il a répondu : Alors là c´est avec plaisir que je vous recevrai de nouveau.
Après Août 83 en tant Délégué CDR, membre du Bureau du Lycée Philippe Zinda Kaboré nous avons encore eu des occasions de rencontrer assez souvent les 4 chefs historiques de la révolution. Chaque rencontre avec un de ces chefs historiques de la révolution était source d´inspiration. Encore plus avec le président Thomas Sankara. Il avait une simplicité infinie avec ses interlocuteurs. Il savait mettre les élèves à l´aise, même s´il lui arrivait de nous dire aussi ses vérités. Avec Thomas Sankara, beaucoup de jeunes Burkinabès ont osé rêver, ils osé inventer une autre méthode de gouverner, même si tout n´était pas parfait ! Par moment quand j´y pense je me dis quel gâchis ce qui est arrivé entre ces4 chefs historiques de la révolution qui sans doute s´aimaient et qui en plus étaient aimés des Burkinabès.
Souly N. Stéphane


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