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Enquête CGD : Les Burkinabè et les valeurs religieuses

4 octobre 2012, 15:47

Bonjour à tous,
Bonjour M. YZ,
Sans vouloir me substituer au chargé d’études du CGD, je me permets de contribuer au débat en essayant d’apporter des éléments de réponse aux questions posées. Vous faites bien de les poser parce qu’elles prennent certainement en compte les préoccupations d’autres personnes qui, elles, n’ont peut-être pas voulu s’exprimer. Encore merci à vous. C’est aussi l’occasion, ici d’attirer l’attention des nombreux lecteurs qu’il existent bien des outils et techniques statistiques permettant de mesurer de tels phénomènes complexes quoiqu’il ne s’agisse pas de la statistique ’ordinaire’. Nous parlons là de psychométrie et statistiques du comportement qui font l’essentiel de ce qu’on appelle statistiques sociales.
— -J’ai participé à l’étude------------
J’ai juste participé à l’étude sans en être le designer mais je me permets de dire ce que je sais sur le processus ayant précédé cette collecte de données ; ainsi que sur les péripéties ayant abouti à la mouture finale du questionnaire.


— du développement d’un tel questionnaire d’un point de vue théorique—
Le développement d’un tel questionnaire s’appuie nécessairement sur des théories en psychologie et en sociologie. Dans le cas précis, la charpente du questionnaire est montée suivant les théories sociologiques en relation avec la problématique clé en étude et la psychologie en occurrence la psychologie cognitive pour affiner les questions posées. Le tout, normalement est testé sur le terrain en faisant des pré-tests et les données qui en résultent sont re-injecter dans l’ordinateur pour une analyse de FIABILITÉ et de VALIDITÉ. A chaque niveau, interviennent chercheurs en psychologie et sociologie : il faut nécessairement une équipe pluridisciplinaire. Sinon, on réajuste et on repart jusqu’à ce que les choses sont scientifiquement acceptables. On peut mettre beaucoup d’années pour le développement de tels outils de collecte. Un institut comme l’Institut de Recherche en Sciences Sociales de l’University of Michigan s’y consacre.
— - De vos questionnements en rapport avec les concepts----
Une information que vous n’avez pas : les questions ont été posées dans la langue de l’enquête. Soyez rassurer,autant que possible, il y a eu tentatives de neutraliser toute variabilité pouvant être due à l’enquêteur. Il fallait que l’enquêteur parle la langue de la zone d’enquête et ensuite le CGD a eu recours à des spécialistes des langues locales ( Dioula, Mooré et Fulfuldé ) pour harmoniser dans un premier temps la compréhension de ces concepts, leur équivalent en langues locales. Soyez en certain, certains de ces termes en langues locales sont assez difficiles et peu connues. Le travail qui a suivi, a consisté à trouver de façon collégiale ---des parades sans perdre l’esprit de la question--- les mots que les enquêtés (en tous cas pour celui qui comprend la langue ) comprennent.

Cela dit, vous parlez de concepts flous tout en demandant de préciser de quel voisinage il s’agissait. Je vais juste prendre ce cas. Honnêtement, en faisant le lien avec la problématique de l’étude, je ne vois pas le besoin de préciser de quel voisinage il s’agit. Je m’explique : la question posée veut capturer la proportion d’individus au Burkina Faso qui acceptent l’autre dans sa différence. Rien de plus ! L’autre... ce sont tous ceux que vous citez et sa différence étant sa pratique religieuse, son orientation sexuelle...La précision que vous souhaitée aurait été, toujours en rapport avec la problématique, superfétatoire donc alourdirait le questionnaire ; ce qui est un autre problème.

— - Les deux enquêtes sont-elles comparables ?---

Comparables du point de vue méthodologiques et des conditions pratiques. C’est le minimum à faire, sinon on ne peut s’autoriser une comparaison ! Pour ce que je sais, les questionnaires sont les mêmes dans l’esprit puisque la problématique n’a pas changé et les résultats de la première collecte d’un point de vue méthodologique étaient acceptables. Bien évident les répondants ne peuvent être les mêmes. On en a pas besoin. L’essentiel, c’est que les deux échantillons aient été représentatifs de la population du pays.
— - De ces sentiments d’intolérance qu’on ne sentirait pas dans les quartiers---
Possible !
D’un point de vue méthodologique, l’échelle de mesure du sentiment souffre d’une insuffisance de pouvoir de discrimination. Il est à deux point (Oui/ Non), il aurait été intéressant de le rendre à au moins 5 points pour sonder la force du sentiment. Cela nous aurait mieux renseigner à la fois sur les ampleurs horizontale et verticale. Le sentiment peut exister mais a besoin d’un fervent pour vraiment se faire voir.
Parlant du fait que vous ne sentez pas cela dans votre quartier, autour de vous, je dis là, il vous faut faire attention. Vous parlez de vous, n’oubliez pas ! Prenons les évènements d’avril 2011 avec les jeunes militaires, disons le malaise généralisé qu’il y a eu au Faso, je ne sais pas si vous le voyiez autour de vous.

— -Pour finir...------------
Je suis d’accord avec vous, qu’il est souvent utile pour les structures faisant dans les statistiques, de documenter les chiffres qu’elles sortent. Il peut-être souvent utile de balayer rapidement les fondements théoriques, le contexte, les questions telles qu’elles ont été formulées. Vous comprendrez qu’il serait difficile de faire cela à travers des pages achetées dans les médias. On peut par contre laisser un lien pour ceux qui veulent en savoir davantage notamment sur la méthodologie.

J’espère avoir fait oeuvre utile !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Cordialement !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

I. KARAMA


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