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Fraude dans les marchés publics : Le gouvernement promet des sanctions

27 mai 2011, 09:26, par Kôrô Yamyélé

Chers frères et chères sœurs du forum
Chers journalistes,

Excusez-moi d’être long. Mais en ce début de saison des pluies, c’est aussi juste une idée que je profite pour donner à d’autres cultivateurs comme moi, ou éventuellement à des chercheurs.

Votre frère bien aimé Kôrô Yamyélé va devoir vous quitter pour quelques jours. Un travail titanesque m’attend dans mon exploitation ces jours-ci. Je vais vous expliquer de quoi il s’agit :

- Je vais épandre du fumier dans mon champ, fumier mélangé avec des débris végétaux (litières de mes animaux, etc.). Et ce travail va me prendre une bonne dizaine de jours.

Certains vont dire : Mais ! Ce Yamyélé-là, pourquoi nous dit-il qu’il va épandre du fumier ? Ils ont raison ! Tout le monde sait que le fumier fait du bien au sol et aux cultures.

Mais là n’est pas la vraie astuce que je veux partager avec vous et probablement avec d’autres exploitants agricoles comme moi qui lisent le forum, ou bien avec certains parmi vous qui aimeraient conseiller leurs parents cultivateurs. L’astuce, la voilà :

- Nous sommes en période pré-hivernale (en mai présentement) ;

- Si vous avez remarqué, c’est aussi la période pendant laquelle il y a beaucoup de termites. Tout simplement qu’avec les premières fines pluies, et les fraîcheurs, la vie active des termites s’est réveillée. Les termitières prennent vie. Je veux parler ici des petites termites, pas des grandes qui font des immeubles en banco dans la brousse.

Les termites ne sont plus en phase de dormance à cette période, mais en phase d’activité. C’est pourquoi, c’est pendant cette période que les paysans mettent des bouses de vaches séchées dans des canaris qu’ils renversent sur les nids de termites afin de les capturer suffisamment pour leurs poussins.

Donc, moi je mets mon fumier maintenant parce que :

- Dès que je l’épands dans mon champ, les termites l’attaquent immédiatement. Le fumier n’a donc pas le temps d’être disséqué par le soleil et les éléments minéraux qu’il contient ne sont pas évaporés par le vent ; mon fumier garde donc sa qualité ;

- Les termites en l’attaquant, créent de nombreuses galeries dans le sol de mon champ, galeries qu’on appelle aussi macro-pores (suivez bien le raisonnement à partir de cet instant) ;

- Elles digèrent le fumier et déposent leurs rejets dans ces galeries dans le sol de mon champ,

- Dès la première grande pluie qui permet de semer (au moins 20 mm d’eau), les galeries de termites sont inondées. Les termites sortent et fuient ;

- Avec les galeries des termites remplies d’eau, tout mon sol cultivable sur au moins 40 Cm de profondeur est humidifié, et comme il y a plusieurs galeries, tout le champ est bien humide ;

- Je sème mon maïs et que se passe t-il ? Avec l’humidité jusqu’en profondeur grâce aux galeries des termites, le maïs germe bien et pousse normalement sans fonte de semis, si bien que j’a moins de perte avec un taux de levée de 90 à 100%. Je ne perds donc plus de temps à ressemer ;

- Mais comme les termites ont digéré le fumier et ont déposé le résidu de leurs digestions dans les galeries, ça veut dire qu’elles ont minéralisé directement le fumier.

Les éléments minéraux nécessaires au développement des plantes sont donc directement disponibles pour mon maïs qui les assimile pour grandir vite et bien.

Chers forumistes, observez bien ! Le fumier pour être utilisé par une plante passe par diverses phases. D’abord, il y a la phase de décomposition, puis la phase d’humification, et enfin la phase de minéralisation pour libérer les oligo-éléments pour les plantes à travers ce qu’on appelle le complexe argilo-humique dans lequel les échanges d’ions (cations et anions) se font entre les plantes et le sol, etc. Bref.

A travers mes explications sur mes pratiques, remarquez bien les étapes que j’économise à cause de l’utilisation intelligente des termites pour m’aider. J’économise la phase de décomposition et d’humification tout en minimisant les pertes de la qualité de mon fumier que je rentabilise à outrance.

Voilà comment je procède chaque année pour exploiter à fonds mon fumier et bien produire en minimisant l’engrais.

J’invite les agriculteurs et les chercheurs à s’intéresser á cette pratique.

Par Kôrô Yamyélé


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