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Taux de chômage au Burkina : Ah bon, c’est vraiment 2,3% ?

5 juin 2010, 22:30, par un statisticien

Tout d’abord je rappelle qu’il faut éviter l’amalgame car certains statisticiens du Burkina ont été complètement ignorés dans la conduite de ce recensement. Seuls les premiers responsables de l’INSD et du recensement doivent assumer les résultats de cette opération.

Je suis statisticien et je comprends et partage la plupart des réactions sur le niveau de ce taux de chômage et la définition de cet indicateur. Mais je pense que le vrai problème réside plus dans la qualité des données collectées que dans l’application d’une définition ou d’une formule et dans le manque de sérieux de ceux qui ont décidé cette publication.
1. Qualité des données : quelques observations
-  Beaucoup de personnes n’ont pas été recensées, j’en connais et je suis sûr que certains burkinabé en connaissent aussi ;
-  La collecte a connu une dérive sur le terrain où l’administratif a relégué au dernier plan le technique ;
-  La cartographie avait des insuffisances que l’INSD a du mal à gérer jusqu’au présent. Ces insuffisances n’avaient pas permis d’avoir une couverture correcte du pays ;
-  Beaucoup d’agents recenseurs n’avaient pas le niveau requis ;
-  La plupart des compétences techniques expérimentées ont été purement et simplement mises à l’écart ;
-  Etc. Etc.

C’est d’ailleurs, pour ces raisons, que des voix dans ce pays et hors de ce pays ont suggéré un audit technique du recensement (et pourquoi pas d’ailleurs financier parce que ce recensement a coûté plus de 7 milliards CFA à l’Etat et à ses partenaires techniques et financiers). Il n’a jamais eu lieu. Ce défaut d’une validation technique externe vient rajouter au doute sur la qualité des données. Les observations sur le taux de chômage en sont une illustration et il est fort à parier que d’autres indicateurs connaîtront les mêmes critiques.

2. Manque de sérieux
Il y a manifestement un manque de sérieux de la part de ceux à qui les autorités du pays ont fait confiance pour diriger l’INSD. En effet, la moindre des choses voudrait que l’on compare le niveau de l’indicateur obtenu avec ceux des pays similaires et d’aviser en conséquence avant de le jeter comme une insulte à la face de l’opinion publique.

Attention Responsables l’INSD ! Un climat de méfiance vis-à-vis de cette structure se construit petit à petit par votre faute. La production de l’information socio-économique indispensable pour éclairer les politiques de développement du Burkina risque d’en faire les frais. De toute façon vous clamez à qui veut l’entendre que demain vous serez ailleurs et tant pis pour le système statistique national. No comment.


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