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Bobo-Dioulasso : Des artisans redoutent « une mort programmée du pagne koko dunda »

25 janvier 2023, 08:44, par Alph@2025

Il en est du Koko Dunda comme du dan-fani. Des produits artisanaux qui font partie de notre identité mais encore fabriqués suivant des méthodes que nous ont léguées nos devanciers. Ce qui aurait du être une force se révèle être une faiblesse : les facteurs de production sont pénalisants. La percale teinte pour en faire le Koko Dunda est importée. les méthodes de teinture sont archaïques, peu respectueuses de l’environnement, et couteuses. Une bonne partie des intrants est importée. Quand au dan-fani, le fil à partir duquel il est tissé est pour l’essentiel importé, contrairement à ce que prétendit feu Thomas Sankara en son temps ; et contrairement aux dires du méconnaissable Maitre de Tambéla aujourd’hui. L’unique filature du pays, la Filsah, n’arrive à produire qu’une fraction des besoins. De plus le dan-fani est tissé comme le faisaient nos grand-parents, ce qui donne des bandelettes étroites qui ne facilite pas la confection des vêtements, et dont le rendement en production est très faible. On n’a pas encore proposé aux tisseurs (tisseuses), des machines leur permettant de produire des étoffes de largeur standard (1 ml environ comme le pagne, ce qui augmenterait considérablement leur rendement). Il suffit donc à quelqu’un muni d’échantillons de se rendre dans un un pays ou les facteurs de production sont favorable (la Chine par exemple) et d’inonder le marché avec des produits certes contrefaits, mais de meilleure qualité et coutant moins cher. Les motifs seraient déposés. C’est bien, mais avons nous les moyens de faire respecter ce copyright ? Je me réjouis que ce soient nos commerçants que certains qualifient de véreux qui le fassent car autrement, tout nous échapperait. Au lieu de nous lamenter, il y a lieu de saisir le taureau par les cornes et d’envisager des solutions. D’abord, il faut que nous transformions sur place notre coton. Que nous en fassions du fil et de la percale. Même aux temps glorieux de Faso-Fani, les pagnes étaient fabriqués à partir de percale importée. Cette structure ne pouvait donc que mourir de sa belle mort. Ensuite, il faut moderniser nos méthodes de production. Nous ne pouvons pas être compétitifs dans ce monde si nous travaillons comme nos grands parents (qui eux étaient compétitifs dans le leur). Enfin il faut que l’état protège la production nationale. Nous atteignons là, les limites des accords de libre échange qu’on nous pousse à signer (et que nous signons yeux fermés) alors qu’il y a un seuil en deçà duquel on n’existe pas et ce seuil, nous ne l’avons pas encore atteint.


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