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Entrepreneuriat : Yacouba Ouédraogo, « l’étudiant-garbaman » qui s’est trouvé une passion dans l’attiéké

21 janvier 2022, 00:46, par Dibi

Comme tous ces jeunes de milieux populaires de notre pays, ce jeune homme est courageux et n’a pas eu le choix.
Mais force est de constater sincèrement que son cas, comme tant d’autres, fils d’ouvriers, de petits travailleurs, de paysans, de rien, devient classique. Presque tous sont condamnés à l’abandon de leurs études universitaires, pour essayer de survivre, se réaliser dans de petits boulots et tenter de donner un sens à leur existence.
C’est malheureux et dommage ; un crève-cœur pour lui comme pour nous ; pour notre jeunesse et pour notre peuple régis depuis par toutes sortes d’inégalités sociales à vous donner la nausée !
Des forumistes nous donnent tort, en citant l’exemple de leur réussite individuelle en partant de rien ; très bien, ce rien exhibé seulement comme la preuve d’un destin exceptionnel ; ce qui est loin d’être le cas de tous. Ca existe des Kanazoé ; et tous les marchands de cola et de sel ne deviennent pas des Kanazoé. L’exception n’est pas la règle, elle la confirme, dans sa généralité. Bien évidemment, tous nos étudiants ne seront pas des savants ; mais donner à tous les moyens de poursuivre et de terminer correctement leurs études devient une force immense qui pousse un pays de l’avant ; et c’est ce qui a fait la force de l’Occident dans tous les domaines ; du meilleur ouvrier-apprenti au meilleur ingénieur, pour ne citer que cet exemple.
En condamnant la fine fleur de notre jeunesse estudiantine à l’abandon de ses études pour faire de petits boulots, vendus comme des exemples de réussite en Entreprenariat par les pontes institutionnels de l’endocolonat aux affaires (médias, presse et pouvoir et classe politique libérale, réactionnaire, quasi-féodale), on opère des massacres qui font pleurer ; qui montrent que plus rien ne révolte, ni n’écœure, nos pourritures aux affaires et en manque total de vision. Ca dit la vacuité politique de cette élite en responsabilités ; et qui par orientation idéologique, n’a aucune gêne à pousser dans des impasses toute une jeunesse pleine d’avenir, à lui vendre des mythologies de l’entreprenariat, du créateur d’Entreprise.
Mais qui ne sait pas et doute que jamais, ces huiles au pouvoir bien placées, cadres civils et gradés, et bien positionnées à droite, biberonnées au libéralisme et à la social-démocratie du marché et de l’Entreprise, personne parmi eux, ne rêve d’un tel destin de tenancier de gargote, pour son rejeton ou sa rejetonne inscrit.e à l’université ; et bien souvent en Occident, avec des rêves de cadres en gestion ou management des affaires dans les grands groupes multinationaux au pays !
On a envie de citer des noms, quitte à risquer les radars des grands ciseaux : on pense à R. Kaboré, Z.Diabré, B.Sakandé, A.Barry, R. Coulibaly, Bénéwendé, Simon C...., et tous les autres qui promeuvent cette politique dite de l’entreprenariat contre cette jeunesse courageuse mais socialement mal née et condamnée à trimer dans la merde, la débrouille des petits boulots, l’opportunisme social, le chômage si ce n’est pas le vol, la prostitution, la drogue... pour donner sens à son existence. C’est écœurant et inacceptable !
Est-ce possible de construire un pays, avec un tel aveuglement politique devant des miroirs ? Il est encore temps de changer de braquet pour donner de l’espoir à notre jeunesse des villes et des campagnes. Les soutenir dans les mêmes perspectives de réussite sociale. Et encourager l’émergence d’une élite intellectuelle, scientifique, technique, culturelle-artistique en multipliant les possibilités de formations à l’université, en lycées techniques et professionnels, en alternance (école-entreprise). En ce sens l’actuelle politique exclusive des Lycées scientifiques est une impasse élitiste, dépolitisante et même réactionnaire de classe si elle n’est pas complétée par des Lycées littéraires, artistiques, et techniques qui ne laissent personne trimer dans la merde et la débrouille sur le bas-côté. C’est à cela qu’on reconnait les vrais guides de peuples.
Na an lara, an sara !
La patrie ou la mort !


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