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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Les restes de Sankara retrouvés à 45 centimètres de profondeur

13 janvier 2022, 05:44, par Riibo

Qu’un Monsieur appelé Sankara Thomas ait été assassiné on peut ne pas s’émouvoir outre mesure. Mais là c’est différent.
Que le Président du Faso, c’est-à-dire, la plus haute autorité de ce d’un pays, le premier des citoyens de ce pays
- ait été rejoint à son travail,
- qu’il ait été criblé de balles avec 12 autres collaborateurs pendant qu’ils étaient en séance de travail,
- qu’il ait été enterré à la sauvette
- sans hommages de la nation,
- sans deuil national
- sans rites religieux
- sans l’accompagnement de sa famille
- sans toilette funèbre
- sans un tombeau digne
- sans cercueil
- sans linceul
- qu’il soit jeté dans un trou d’à peine 60 cm de profondeur....
C’est cruel, c’est écœurant, c’est inhumain, c’est inqualifiable. Même Lucifer n’a pas mérité un tel sort. Et ce n’est pas tout : Jusqu’à 27 ans après, aucun deuil officiel, aucune justice officielle, pas même de façade, aucune réparation officielle, pas de funérailles (nationales), rien de la part de la nation comme expression de deuil pour la mort de son chef... N’oublions pas que toute autorité vient de Dieu. Que l’autorité suprême d’un pays ait été traitée ainsi, je crois que cela seulement est motif suffisant pour qu’une malédiction, des malheurs s’abattent sur tout le pays. Il y a lieu de se demander si ce qui arrive au pays n’est pas une certaine expiation imposée par le Ciel.
Mais on sait que si ce pays n’a pas rendu à son chef les derniers hommages dus à son rang de chef, c’est à cause d’un individu. Un seul. Un homme appelé Blaise Compaoré. Celui-là même qui a hérité du pouvoir. Il n’a rien organisé. Il a refusé. Il a tout bloqué. Voilà le sort qu’il a réservé à son prédécesseur au "trône" ; son "ami" de toute la vie au yeux du monde. Et la raison avancée : "il a voulu attenter à ma vie". En fait, il n’a pas attenté effectivement. D’ailleurs, aucune preuve de cette volonté d’attenter à la vie de Blaise n’a été fournie jusqu’à l’heure. Donc, pour des soupçons (s’il y a eu effectivement de sincères soupçons) voilà le sort qu’il lui a infligé. C’est à croire que ce Blaise-là est d’une nature supérieure à la nature humaine. Il doit être un dieu ; pas à l’image de Jésus-Christ qui donne sa vie, mais un dieu qui annihile tout, (même les chefs d’Etat) pour préserver sa vie. On comprend pourquoi il a tant duré au pouvoir. On comprend pourquoi même après avoir perdu miraculeusement le pouvoir beaucoup continuent de l’idolâtrer. Soit ils le font par peur et il y a de quoi avoir peur. Soit il le font par affinité ou par inconscience et là c’est grave. De deux chose l’une : soit Blaise a permis l’assassinat de Sankara et dans ce cas il est l’homme le plus cruel et le plus inhumain des humains, soit il n’y est pour rien comme il le prétend et alors il est le plus lâche des humain pour n’avoir pas clarifié cet assassinat et permis à son prédécesseur et ami de reposer dignement après sa mort.
Même si ce procès ne va pas révéler toute la vérité, parce que ceux qui la détiennent refusent de comparaître, il fallait qu’il se tienne. C’est le premier acte d’hommage de la nation à son chef mort il y a 35 ans. Et ce n’est pas tout. Il faut qu’après ce procès, un deuil national soit organisé. Il faut qu’une cérémonie nationale d’hommage se tienne à la mémoire du Président Thomas Sankara car jusque là, il n’en a pas bénéficié. La nation doit un deuil officiel et de hommages à son chef et cette dette de 35 ans doit être soldée. L’idéal serait que Blaise Compaoré soit là en personne lors de ces hommages pour demander pardon, à la fois à Sankara et au peuple Burkinabè pour avoir été l’empêchement à ce que la nation rende les derniers hommages à son chef. Ce serait le début et l’acte fort de la Réconciliation nationale. Tant que Blaise, toujours vivant, n’aura pas demandé pardon aux Burkinabè pour avoir empêché activement ou par sa passivité les hommages de la Nation à son défunt Président, il n’y a pas de réconciliation nationale véritable.
Et puis d’autres questions importantes se posent : Si Blaise meure (et il va mourir un jour), sera-t-il enterré ici au Faso ? recevra-t-il une sépulture digne ? Décrétera-t-on un deuil national pour lui ? Organisera-t-on une cérémonie nationale d’hommage ? Qui qu’il ait été, en tant qu’ancien chef de l’Etat, il les méritent et la nation les lui doit. Mais il faut qu’au préalable, la nation rendent d’abord à Sankara ce qui lui est dû (deuil national, hommage de la nation, sépulture digne, funérailles...) Si cela n’est pas fait, il est à craindre que des malheurs ne s’abattent sur le pays.


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