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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Selon Vincent Sigué, Blaise Compaoré projetait de prendre le pouvoir le 4 août 1983

12 janvier 2022, 01:09, par Riibo

@PORTO,
Je ne crois pas que Sankara avait une tendance suicidaire. Il y a quelque chose d’important qui ne ressort pas dans ce procès : les conversations privées entre Sankara et Blaise. mon hypothèse est la suivante :
Sankara était tout simplement sincère et fidèle dans son amitié pour Blaise. Avec la spontanéité qu’on lui reconnaît, il a probablement, dès les premiers tracts, rapporté à son ami ce qu’il entendait dire de lui, sur ses intentions de le renverser. il lui a même probablement tenu des propos du genre : "écoute, si tu veux le pouvoir, il faut me le dire clairement, ça ne me dérange pas, on peut s’arranger". Mais à chaque fois, Blaise qui est introverti a certainement rejeté les accusations et tenté de rassuré Sankara. Alors, entre vivre dans la suspicion continuelle avec le risque de faire du mal a son ami et lui faire pleinement confiance, Sankara a choisi la confiance, en se disant que de toutes façons, si Blaise lui voulait du mal, il ne pouvait pas échapper.
Blaise de son côté, flatté par son entourage de laudateurs, a certainement sombré peu à peu dans l’orgueil et la jalousie, vu que c’est lui, en fait, le cheville ouvrière de l’accession de Sankara au pouvoir. Puis, ceux qui en voulaient à Sankara, notamment les puissances étrangères, par toutes sortes de calomnies et de mensonges on poussé Blaise à une méfiance grandissante, avant de le corrompre puis l’inviter à agir s’il tenait à sa vie. Son appétit du pouvoir a commencé à grandir à mesure que les ennemis de Sankara trouvaient en lui l’alternative. Au font, il savait que Sankara ne lui voulait pas du mal. mais l’appétit grandissant du pouvoir, mêlé aux adulations dont il faisait l’objet l’ont poussé à se renfermer toujours davantage, puis à craindre que sa proximité avec les ennemis de Sankara ne finissent par alerter ce dernier. Il commence même à s’en douter et devient méfiant. Sa garde rapprochée, voyant sa méfiance, et voulant en profiter pour gagner davantage sa confiance n’hésite pas à cultiver le doute dans sa tête tout en le rassurant de leur détermination à le défendre. il vont même plus loin en faisant des propositions du genre : "Chef, nous risquons d’être attaqués. il faut prendre les devants. Donne-nous seulement l’autorisation et laisse-nous faire le reste. On est prêt". Blaise a certainement répondu : "faites votre devoir (le protéger)". Et la suite, c’est ce que nous connaissons tous.
En sommes, Blaise n’a probablement pas donné l’ordre d’assassiner Sankara, mais il a sans doute donné son consentement pour qu’il soit neutralisé. Il a été "surpris" et choqué par le dénouement final, mais par peur d’être fait à son tour, il a tout de suite décidé de justifier et protéger les assassins.
Je m’arrête là pour l’heure. Tout cela n’est qu’une hypothèse. La suite du procès nous dira.


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