Côte d’Ivoire : « Ce qui se passe au Nord, ce sont des hommes qui viennent principalement du Burkina », pointe le ministre de la défense, Téné Birahima Ouattara

Ce sont des propos qui prêtent à équivoque. D’abord parce que c’est une autorité nationale qui parle, alors la délicatesse est de mise quant à la problématique traitée et surtout à son rapprochement aux communautés ethniques. En effet, cela relève des facteurs de risque que de faire un lien de rapprochement quasi systématique entre des incidents sécuritaires et un groupe ethnique, quel qu’il soit. Qui plus est quand il s’agit de l’autorité en charge de la défense qui parle..

Ensuite, en ce sens que l’approche dans ces propos relayés ne ressort pas la nécessaire synergie à développer ou à renforcer entre forces de la sous-région pour combattre et vaincre l’insécurité qui se joue des frontières. C’est révélateur du manque de cohérence ou plutôt de solidarité pratique entre les Etats face aux défis sécuritaires actuels.

Pourtant le cadre d’une telle solidarité, en l’occurrence sur les questions de sécurité, est défini, par exemple, au niveau de la CEDEAO. Ne gagnerions-nous pas à mettre pleinement à profit les différents outils et mécanismes qui existent déjà dans ce sens ? Un chasse mille et deux chassent dix mille, dit la sagesse.
Au stade où nous en sommes, ce ne serait que bénéfique de mobiliser les armées nationales dans un seul élan, stratégies et tactiques mutualisées, pour répondre à ces attaques qui ne font pas dans la discrimination dans la région, il faut se le dire.

Autant il est organisé des rencontres pour traiter des défis politiques au niveau du Mali et de la Guinée, autant il serait bienvenu que des mesures concertées soient prises, de manière diligente, au niveau sous-régional, pour traiter, encore plus concrètement et effectivement, les problèmes sécuritaires de l’heure.

Ce sont les Africains, réunis autour de l’Afrique qui vont véritablement défendre l’Afrique et la préserver des agressions, quelles qu’elles soient. Ce sont aussi eux qui vont véritablement développer ensemble l’Afrique et construire son progrès. Les concours d’amis, qu’ils soient du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest seront alors les bienvenus, en aval mais pas en amont.