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Coup d’État du 15 octobre 1987 : Quand la venue du Pape Jean-Paul II au Burkina sauve la vie du détenu Tibo Ouédraogo

2 décembre 2021, 19:22, par Mechtilde Guirma

Le Pape a dit que beaucoup de sang a versé au Burkina et que si le sang versait encore, il n’allait plus venir"

Très exact. Il avait aussi amené de Rome une Statut de Lourdes en remplacement de celle de Yagma qui avait été déboulonnée et brisée. À côté des ruines près de l’autel on y avait lu la signature du supposé forfaitaire : « ISODORE-NOËL » que personne d’ailleurs ne connaissait ni apparemment n’avait jamais connu. Ce jour 29 janvier 1990, face à la statue de la Vierge posée devant la grotte, le Pape s’est profondément prosterné, il a demandé pardon à la « Maman du Ciel » pour tous les outrages subis à Yagma, mais également à travers le monde entier. Ensuite on replaça la nouvelle statue à la place de l’ancienne.
Au moment de l’homélie après avoir évoqué toutes les douleurs que subit le monde, il s’est appesanti surtout sur les antivaleurs qui allaient assaillir bientôt le monde et détruire la famille. Puis, rappelant la Mission prophétique de la Femme, il a fait un appel spécial aux « Femmes burkinabé » en ces termes :

« J’appelle tous les laïcs à lutter pour l’assainissement et la sanctification de la famille. J’en appelle en particulier aux femmes qui, dans votre pays ont toujours su œuvrer pour une société saine et vigoureuse » (l’observatore Romano, Burkina-Faso, 29 janvier 1990,éd. Française 41 n°1-52 1990 p.12.).

J’y étais à Yagma, grâce à deux amies musulmanes (elles étaient cousines), dont les maris également musulmans étaient des hauts fonctionnaires de l’État. L’un directeur d’un grand service dans le même département que moi et l’autre faisait parti du Comité national d’organisation de la visite du Pape au Burkina. C’est d’ailleurs grâce à ce dernier que nous avons eu les cartes pour la messe à Yagma. Un fait particulier qui m’a beaucoup touchée moi en tant que catholique, c’est qu’au moment où le Pape s’est proposé pour bénir des objets précieux : chapelets, croix, médailles etc. Moi n’ayant rien prévu en la matière, jetant cependant un coup d’œil furtif sur mes deux compagnes musulmanes, j’ai vu qu’elles avaient ôté leurs alliances matrimoniales et les présentaient comme tout le monde dans la paume de la main pour la bénédiction papale.

Un autre fait : en 1987, cette fois, (quelque une semaine ou même un peu plus avant le décès de Sankara), un autre grand homme de l’Église visitait le Burkina. C’était le Père Tardif. (Dont le procès de béatification ou canonisation est d’ailleurs ouvert à Rome). Après sa messe en pleine air à la paroisse de Kolog-Naba (j’y étais également), le père Tardif en communication avec le Christ fit de nombreux miracles une femme qui avait des béquilles depuis quelques années se remit tout d’un coup à marcher et apporta ses béquilles au père. Un enfant de cinq-six également quittait sa béquille de son pied gauche tordu maintenant redressé, des aveugles aussi revoyaient clair et net. Quand il eut fini, il annonça d’un ton grave qu’il allait écourter sa visite et quitter vite le Burkina dès le lendemain et regagner le Bénin à la demande de notre Seigneur qui ne veut pas qu’il assiste aux événements qui allaient s’abattre le Burkina. L’assistance regretta vivement ce brusque départ, car elle ne comprenait pas ce qu’il voulait dire et se demandait quels étaient ces événements. Ce n’est qu’après le 15 octobre que nous avons su que quelques intimes avaient pu s’approcher de lui pour recueillir en confidence, un pan de la vision qu’il a eue pendant son office :« beaucoup de sang allait encore couler au Burkina-Faso et ce pendant longtemps ».


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