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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Le nouveau commandant de la Force Barkhane chez le président du Faso

28 septembre 2021, 09:47, par Sidpawalemde Sebgo

@Formidable :
Vos éléments d’analyse sont fondés et objectifs. Sauf que le "manque de confiance" est une arme à double tranchant.

Par manque de confiance, les autorités françaises "omettent" de donner les détails de la réorganisation de la force Barkhane, notamment à la junte qui a pris le pouvoir au Mali.

Par manque de confiance, les putschistes maliens estiment qu’ils ont affaire à un retrait, et cherchent ailleurs un soutient ponctuel et rapide, se tournant naturellement vers le pays qui a formé plusieurs d’entre eux.

Par manque de confiance, la France veut se débarrasser de cette junte trop entreprenante, au point d’en arriver à procéder par injonctions, ultimatums et isolation pour une fin rapide de la transition, s’aliénant par là même l’opinion publique malienne.

Par manque de confiance, les populations locales interprètent la réorganisation comme un lâchage et les "oukazes" des dirigeants français comme du néo-colonialisme, et appellent au départ de ceux là même qui les ont sauvés et les aident.

Où cela s’arrêtera-t-il, et qui des acteurs sera assez raisonnable pour changer de paradigme et, enfin, faire (un peu) confiance ?

Quand à la réorganisation, elle serait plus crédible si elle était seulement géographique et ne comprenait pas aussi une réduction d’effectifs. Barkhane sera réduit de 2000 à 2500 hommes, alors que Takuba n’en compte que 600 à l’heure actuelle. De plus, tous deux se focaliseront sur la zone des trois frontières, alors que c’est maintenant pratiquement tout le Mali qui est sujet aux attaques terroristes.

Or, ce que les militaires maliens craignent le plus, c’est une attaque massive et éclair partant de Kidal pour descendre vers la capitale comme en 2014. Connaissant les règles d’engagement de la Minusma, sa présence risque de ne pas pouvoir arrêter grand chose. d’où le ressenti de "vide" si Barkhane quitte Kidal, Tessalit et Tombouctou.

L’ironie, c’est que selon de nombreux analystes européens, si Takuba peine à monter en effectifs et en puissance, cela serait dû... au manque de confiance des autres pays Européens quand aux objectifs réels et agendas cachés de la France dans sa politique africaine !

Comme quoi il n’y a pas que des africains qui soupçonnent les actuels dirigeant français de funambulisme.

Espérons que tout cela rentre dans l’ordre par des échanges francs, une solidarité agissante et une implication forte de tous. Déjà, les armées locales montent en puissance, trop lentement mais surement.

Les éléments clés de résolution de la crise seront (1) le soutient militaire (Minusma, Barkhane/Takuba, USA), (2) le financement (passage de la force G5 Sahel sous chapitre 7 de l’ONU), (3) le renforcement des armées locales, (4) la coopération transfrontalière (de l’Algérie notamment) et surtout, (5) l’arrêt des soutiens directs et indirects aux terroristes.

La France a un rôle clé à jouer dans tous ces déterminants. Sa réticence actuelle à montrer de la fermeté envers les ex-rebelles de l’Azawad, déçus par les accords d’Alger et dont le fief semble être devenu le nid des terroristes, et à voir le G5 Sahel devenir indépendant financièrement prolonge inutilement la crise, alors qu’elle lui coûte cher. Peut mieux faire donc...


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