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Rood Woko : Le Président de la commission de réorganisation lève un coin du voile

Publié le vendredi 9 janvier 2004 à 06h43min

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Nous avons rencontré le président de la Commission nationale de réorganisation du marché, M. Jean-Christophe Ilboudo pour en savoir davantage sur ce dossier Rood-Woko. Nous avons abordé également avec lui, la question de la construction du nouveau marché de l’hippodrome.

Depuis l’incendie de Rood-Woko, les spéculations sur l’avenir du marché ne cessent d’augmenter. Rood-Woko sera transformé en supermarché, Rood-Woko a été vendu à des commerçants libanais...
Sidwaya (S) : La réhabilitation du marché central Rood-Woko semble ne plus être au centre des débats présentement. On parle plutôt de la viabilisation de la trame d’accueil. Quel est à l’heure actuelle, l’état de l’expertise de Rood-Woko ?

Jean-Christophe Ilboudo (JCI) : La question de la réhabilitation de Rood-Woko préoccupe l’Etat tout comme la construction du marché de l’hippodrome.

Après les travaux qui ont permis aux commerçants de retirer l’ensemble de leurs articles, nous avons procédé suite à la décision des autorités, à la fermeture immédiate du marché. Ce qui devrait permettre à l’Etat de désigner l’expertise nécessaire au diagnostic de l’état de pathologie et celui du sinistre qu’a connu le marché.

Pour l’instant, ces travaux n’ont pas encore commencé pour la simple raison que l’Etat s’était préoccupé d’abord à résoudre en un premier temps, le problème de recasement des commerçants dans les différents marchés et en un second, à trouver les financements nécessaires à l’ensemble des travaux de la trame d’accueil de l’hippodrome.

Jusqu’à présent, c’est l’Etat qui finance les travaux en cours. Comme c’est une situation qui n’était pas prévue, il est donc difficile de trouver des fonds pour financer à la fois la réhabilitation de Rood-Woko et la construction de la trame d’accueil.

Pour ce qui est du marché central, je peux dire que des études sont en cours au niveau du ministère en charge des Infrastructures afin de permettre d’avoir une visibilité sur les travaux qui pourraient être réalisés et de discuter des expertises qui vont accompagner l’Etat dans le diagnostic des dégâts causés. Nous attendons donc que le ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat finalise la première partie des études qu’il mène actuellement pour que toutes les parties se retrouvent autour d’une même table afin de voir comment l’on peut engager le processus de réhabilitation du marché.

S. : Quelles sont les plaintes que vous enregistrez après le sinistre qu’a connu Rood-Woko ?

JCI : Les plaintes que nous avons reçues sont celles des riverains de Rood-Woko, ceux qui ont les boutiques aux alentours du marché. Ces plaintes sont relatives à l’institution de la zone piétonne qui, trouvent-ils, entrave le bon déroulement de leurs activités. A ce sujet, nous avons organisé des rencontres d’explications au cours desquelles nous leur avons fait comprendre que cette zone piétonne devrait être déclarée depuis bien longtemps. Des zones ont été aménagées pour le stationnement des véhicules et autres engins. A ce jour, nous poursuivons la concertation pour voir quelles sont les mesures qui peuvent être prises pour faciliter l’accès à ces boutiques.

Vous savez, toute nouvelle mesure est difficilement admissible en ces débuts, surtout qu’à Ouagadougou, les gens n’aiment pas marcher.

Il y a également les inquiétudes des commerçants sur le délai de réhabilitation de Rood-Woko. Ils se demandent quand est-ce qu’ils pourront réintégrer le marché. A ce niveau, nous disons que l’Etat met les bouchées doubles pour que cela puisse se faire dans de bonnes conditions. Je rassure les commerçants que la réhabilitation du grand marché préoccupe le gouvernement.

S. : Ne peut-on pas ouvrir la zone piétonne à tous les usagers, en attendant l’ouverture du marché pour éviter l’encombrement de certaines artères ?

JCI : L’encombrement des voies qui jouxtent le grand marché ne date pas d’aujourd’hui. Ce n’est pas non plus la prise de décision de la zone piétonne qui a créé cet encombrement.

Je pense que ce qu’il faut donner comme réflexe déjà, c’est permettre à l’ensemble des usagers de savoir que la zone est une zone piétonne et de commencer à s’y habituer car cela ne sera pas facile à l’ouverture du marché. Je dirai alors que le problème de l’encombrement des autres voies menant au marché est dû au stationnement anarchique de certains usagers et à l’exposition des marchandises aux abords de ces routes.

S. : Est-ce que tous les commerçants de Rood-Woko ont été recasés dans les marchés ?

JCI : Faites le tour des marchés de quartiers que nous avons créés (for heureusement d’ailleurs), vous constaterez que nous avons pu recaser le maximum de ceux qui le désiraient. Il existe toujours de la disponibilité dans certains marchés tel que Nabi-yaar pour tous ceux qui le souhaitent. Nous pouvons ainsi dire qu’un effort a été fait à ce niveau. Le marché de Waogd-Naba (secteur 10) qui avait un taux d’occupation de 20 ; 30% est actuellement à presque 100%, on peut même dire que c’est un Rood-Woko "bis". On ne peut pas pour l’instant reprocher à la Commission nationale de réorganisation du marché de n’avoir pas fait son travail concernant ce volet. Il y a quelques insuffisances certes, mais nous avons pu faire le maximum. Nous continuons à travailler afin que ceux qui sont recasés exercent en toute sécurité leur activité tout en respectant les normes communales.

S. : Que deviendra Rood-Woko après la réhabilitation ?

JCB : En temps opportun, lorsque l’ensemble des études auront été réalisées et que l’Etat aura adopté ou donné des orientations définitives sur l’ensemble des travaux qui seront faits sur le grand marché, cela sera porté à la connaissance de tous et on saura qu’est-ce qui serai retenu comme travaux et comment sera la configuration de ce marché. Rien pour l’instant n’a été arrêté. Il faut que les uns et les autres cessent de spéculer sur l’avenir et le devenir de Rood-Woko.

S. : Quel est l’état d’avancement des travaux de la trame d’accueil de l’hippodrome ?

JCI : Pour ce qui est de ce site, nous pouvons dire que les travaux qui ont débuté courant juin-juillet 2003, avaient été prévus pour deux mois. Mais la saison hivernale qui a été importante a quelque peu entravé l’exécution des travaux. Du reste, aujourd’hui, les travaux sont en phase de finition (pour ce que concerne la plate-forme) et très prochainement, nous procéderons à la réception de l’ouvrage. Cela ne permet pas de viabiliser ou de rendre opérationnel le site en ce sens qu’il y a d’autres travaux complémentaires à réaliser. Il va falloir faire des travaux de viabilisation (eau, électricité, téléphone) et d’assainissement.

En plus de cela, il y a aussi l’édification des boutiques qui est en cours de réalisation.

S. : Après ces premiers travaux, l’Etat a-t-il les coudes solides pour continuer le reste ?

JCI : Cette première partie a été réalisée sur financement du budget de l’Etat et est estimé à peu près à 900 millions de FCFA pour l’assainissement de l’aire (terrassement, plate-forme, caniveaux). A cela s’ajoute le bitumage des voies d’accès au site qui va également coûter au budget de l’Etat. La seconde partie notamment la viabilisation le sera également. Cela veut dire que du point de vue financier, beaucoup reste à faire et pour cela, nous invitons tous ceux qui peuvent soutenir l’Etat dans la réalisation de ce chantier, à le faire.

S. : Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce dossier marchés ?

JCI : (Rires). Les difficultés, il en existe. C’est le nœud de la guerre, les financements. Il y a l’ensemble des infrastructures à réaliser sur le site et la réhabilitation du grand marché qui nécessite de gros investissements.

Entretien réalisé par
A. Verlaine KABORE


Que pensent les commerçants ?

Pendant que les autorités s’attellent à trouver un cadre idéal aux victimes de l’incendie de Rood-Woko, ces dernières ne se posent qu’une seule question : à quand le retour à Rood-Woko ?

Moctar Ouédraogo, (vendeur de pantalons jeans) :

Je ne suis au courant de rien au sujet de l’évolution des travaux de la trame d’accueil. Pour l’heure, je me débrouille assez bien ici (Waogd-Nab-yaar). Les affaires marchent bien. Cependant, après la construction du nouveau marché, si les autorités parviennent à nous trouver des boutiques, j’irai dans l’espoir de retrouver les anciens clients qui y viendront. Sinon, l’idéal c’était Rood-Woko.

Idrissa Sawadogo (vendeur de pagnes Faso Dan Fani)

Depuis que j’ai quitté Rood-Woko, mes affaires ne marchent pas, mes clients ne savent pas où je suis. Alors, si on veut déplacer encore les commerçants jusqu’à l’hippodrome, je me demande si leurs affaires vont marcher, car ce marché est périphérique. Mon souhait est qu’on réhabilite Rood-Woko dans les meilleurs délais.

Mme Fatimata Coulibaly (vendeuse de calebasses et autres objets) : L’incendie de Rood-Woko nous a causés beaucoup de préjudices. Les commerçants se sont dispersés dans les différents quartiers et ont, du même coup, perdu leurs clients. Je souhaite que la réhabilitation de Rood-Woko se fasse rapidement afin que nous retrouvions l’ambiance d’antan. L’hippodrome est périphérique et les gens risquent de ne pas vouloir y faire le déplacement.

Minata Sérémé (vendeuse de pagnes) :

En tout cas, depuis que je suis ici (marché du secteur 10) mes affaires marchent et je profite pour remercier ceux qui nous ont permis de relancer nos activités après l’incendie du marché central.

Si j’ai à choisir, je préfère rester ici. Mais lorsque les autorités jugeront bon de me déplacer sur le nouveau site, j’irai. Tant que cela ne serait pas obligatoire, je pense que c’est mieux que je reste là. Le cadre idéal dans tous cela est Rood-Woko.

Propos recueillis par A.V.K.

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