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Installations solaires au Burkina : « Dans des services publics, 50 à 70% ne fonctionnent pas au-delà d’une année », déplore l’ingénieur Gilbert Kazienga

Publié le dimanche 11 octobre 2020 à 13h18min

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Installations solaires au Burkina : « Dans des services publics, 50 à 70% ne fonctionnent pas au-delà d’une année », déplore l’ingénieur Gilbert Kazienga

En marge de la IVe édition de la Semaine d’énergies et énergies renouvelables d’Afrique (SEERA), l’Organisation néerlandaise de développement au Burkina Faso (SNV-BF) a, dans le cadre du programme « Voix pour le changement » (V4CP), notamment dans le volet énergies renouvelables, organisé, le vendredi, 9 octobre 2020 à Ouagadougou, une rencontre de dissémination des évidences énergies renouvelables. Le cadre a permis de poser un diagnostic du secteur de l’énergie solaire au Burkina et formuler une recommandation à cet effet.

Cette activité est en lien avec un programme mené à la SNV-BF depuis 2016, à savoir le programme « Voix pour le changement ». « C’est un programme de plaidoyer implémenté dans six pays dans le monde : Honduras, Indonésie, Rwanda, Ghana, Burkina, Kenya. Ce programme est mis en œuvre par la SNV avec IFPRI (Institut international de recherche sur les politiques alimentaires) et financé par le ministère néerlandais dans affaires étrangères. Dans ce programme de plaidoyer, il y a neuf organisations de la société civile qui accompagnent le plaidoyer dans trois thématiques. Il y a la thématique, énergies renouvelables, la thématique sécurité alimentaire et la thématique résilience pastorale ? », a campé le conseiller techniques en énergies renouvelables à la SNV-BF, Gilbert Kazienga. Il précise que trois organisations de la société civile accompagnent le volet énergies renouvelables (l’Association de la gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba, Ageref/CL ; le Centre écologique Albert-Schweitzer, CEAS-Burkina et l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité, OCADES).

Selon les explications donc des énergies renouvelables, ce programme a une double spécificité. « D’abord, c’est un programme de plaidoyer collaboratif, c’est-à-dire que nous collaborons avec les partenaires-cibles (ministère de l’énergie, ministère de l’éducation, ministère de la jeunesse, l’Assemblée nationale, le secteur et même les médias). Ensuite, ce programme est basé sur des preuves, contrairement à d’autres types de programmes de plaidoyer qui se mènent soit par des marches, des grèves, soit par des revendications, nous menons ce programme avec des preuves ; nous apportons des évidences aux autorités pour les convaincre de prendre des décisions favorables pour permettre aux populations d’accéder aux énergies solaires de qualité au Burkina Faso », soutient Gilbert Kazienga.

Former des compétences de niveaux intermédiaires pour les populations

C’est fort donc de ses expériences que l’organisation a été invitée à cette édition de la SEERA pour dissimiler ces évidences créées depuis le début du programme en 2016. Selon ses responsables, du lancement du programme à ce jour, six études ont été menées dans le domaine et ce sont les résultats de celles-ci qu’ils ont été invités à partager avec le public.

« L’analyse du contexte a montré qu’il y a véritablement deux problèmes majeurs au Burkina Faso, en ce qui concerne l’énergie solaire. Le premier problème, c’est le manque de compétences. La plupart des installations solaires aujourd’hui sont faites par des anciens électriciens classiques, qui se sont transformés en installateurs solaires (ils n’ont forcément pas reçu des compétences liminaires pour le faire). Si fait que la plupart des bénéficiaires que nous avons rencontrés se plaignent de la qualité des installations. Donc, nous avons dit que la question de la formation est un élément très important qu’il faut accélérer.

Le deuxième problème résulte de l’étude que nous avons menée pour vérifier quelles sont la volonté et la capacité financière des populations, surtout en milieu rural, à payer si on leur fournissait des équipements et un service de qualité en énergies renouvelables. Enfin, nous avons mené une autre étude tout dernièrement pour faire un état des lieux des installations solaires publiques, c’est-à-dire dans les centres de santé et dans les infrastructures scolaires. Il y ressort que la plupart des installations solaires qui sont dans les centres de santé et le milieu éducatif, qui ont été financées par le ministère de l’énergie, 50 à 70% ne fonctionnent plus, après un an de mise en service. Nous avons posé la question aux bénéficiaires et la plupart ne savent même pas c’est quelle entreprise qui a fait leur installation, ils ne sont pas non plus qualifiés pour pouvoir faire des dépannages, il n’y a pas d’entretiens », dévoile le spécialiste en énergie solaire, Gilbert Kazienga.

Gilbert Kazienga

Du coup, regrette-t-il, on a laissé ces installations à la merci des pauvres populations. Pour des investissements qui coûtent extrêmement chers, ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas de maintenance de ces équipements, estime M. Kazienga.
De par cette preuve donc, les responsables de l’organisation entendent formuler une recommandation au ministère de l’énergie, au ministère de la santé et à celui en charge de l’éducation nationale pour que, dorénavant, s’il y a des installations du genre, l’on prévoit la suite. « C’est-à-dire l’entretien, la maintenance et aussi le changement des équipements ; parce qu’un équipement, ce n’est pas pour l’éternité ; il faut la batterie, les convertisseurs, etc. », plaide Gilbert Kazienga.

Aussi suggère-t-il la formation, en énergies renouvelables, de niveaux intermédiaires (CQB, CQP, BQP, CAP, BEP, BAC) aux fins d’offrir aux populations à tous les niveaux, des compétences.

O.L
Lefaso.net

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