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Gratuité des soins pour les femmes et les enfants de moins de 5 ans : La facture s’élève à 120 milliards de F CFA en cinq ans

Publié le vendredi 9 octobre 2020 à 18h28min

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Gratuité des soins pour les femmes et les enfants de moins de 5 ans : La facture s’élève à 120 milliards de F CFA en cinq ans

Ce vendredi 9 octobre 2020 s’est tenue, à Ouagadougou, la 6e rencontre-bilan de mise en œuvre de la gratuité des soins. La ministre de la Santé, Pr Léonie Claudine Lougué, qui a présidé la rencontre, a rappelé qu’en cinq ans, ce sont 70 millions de soins pour un montant global de 120 milliards de F CFA qui ont été offerts gratuitement aux femmes et aux enfants de moins de cinq ans, cibles de la mesure de gratuité.

Le 2 avril 2016, le ministère de la Santé débutait la mise en œuvre de la gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans dans trois régions pilotes du Burkina Faso. En juin 2016, la mesure est mise à l’échelle sur toute l’étendue du territoire national. Le panier initial de soins prenait en compte la gratuité des soins pendant la grossesse, la gratuité des accouchements et des césariennes, la gratuité du dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et du sein, et la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans. En 2017, au panier initial s’est ajoutée la gratuité des soins offerts par les Agents de santé à base communautaire (ASBC), et en 2020, la gratuité de la planification familiale y a été ajoutée.

A en croire la ministre de la Santé, Pr Léonie Claudine Lougué, cette évolution traduit « toute une dynamique d’amélioration continue de l’offre des soins, signe d’une volonté d’aller progressivement, mais fermement et de façon résolue, vers un niveau de plus en plus relevé dans la satisfaction des besoins des populations en matière de santé. »

Elle a rappelé que le choix porté sur ces deux cibles de la gratuité, qui constitue 30% de la population burkinabè, s’explique par la mortalité élevée en leur sein. « Dès lors, soutient-elle, lever la barrière financière d’accès aux soins de santé apparait comme un impératif moral hautement social et à très fort impact sur les chances de survie des enfants et des femmes. »

Plus de 70 millions de soins pour un montant de 120 milliards de F CFA en cinq ans
Cinq ans après le début de sa mise en œuvre, la politique de gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans a engrangé de nombreux acquis. Ainsi, de 2016 à 2020, ce sont 70 millions de soins pour un coût global de 120 milliards de F CFA qui ont été offerts aux cibles.

Selon Dr Pierre Yaméogo, secrétaire technique en charge de la couverture sanitaire universelle, cette gratuité a permis d’augmenter l’utilisation des services de santé. « Quand on regarde au niveau des enfants de moins de 5 ans, le nombre d’enfants qui fréquentaient les centres de santé avant la gratuité des soins, c’était en moyenne un contact par enfant par an ; et après la mise en œuvre de la gratuité, on est passé jusqu’à trois contacts par enfant par an. Ces deux acquis sont liés au fait que la barrière financière a été levée et qu’on a des résultats positifs », a-t-il souligné.

La rupture en médicaments, principale difficulté de la gratuité des soins
Quand on parle gratuité des soins, la majeure partie de la population, selon Dr Yaméogo, s’attarde sur les médicaments. Pourtant, affirme-t-il, ce sont cinq biens et services qui sont concernés par cette gratuité. Il s’agit des actes (consultations et interventions), les examens complémentaires (biologie, imagerie, explorations fonctionnelles), le séjour hospitalier (mise en observation et hospitalisation), les médicaments et consommables médicaux, ainsi que l’évacuation (transport du patient d’un centre de santé à un autre par ambulance).

Parmi tous ces biens et services, la principale difficulté demeure la rupture en médicaments. « Et c’est là que la population a effectivement raison de penser que quand les médicaments ne sont pas disponibles, c’est comme si la gratuité n’existait pas ; alors que les médicaments, c’est un élément. Quand on regarde les cinq biens et services gratuits, c’est uniquement la disponibilité des médicaments qui pose souci ; les quatre autres biens et services sont à 100% de taux de satisfaction », a indiqué Dr Yaméogo.

A cette difficulté, il faut ajouter les rackets, les irrégularités, les vols de produits, les surfacturations, etc. constatés par les ONG et associations auxquelles a été confié le contrôle de la mise en œuvre de la gratuité. Au total, ce sont 728,6 millions de F CFA de surfacturations qui ont été détectés et récupérés au cours des cinq années de mise en œuvre. « Mais je peux vous garantir qu’avec le dispositif de contrôle qui est mis en place par les ONG, nous avons la certitude et la tranquillité que sur dix personnes contrôlées, ça ne dépasse pas une à deux personnes qui font des rackets. Cela veut dire que plus de 90% des agents de santé sont des modèles en matière d’offre de soins de santé gratuits », foi de Dr Pierre Yaméogo.

Perspectives

Pour les années à venir, le ministère de la Santé souhaite élargir le panier de soins en incluant la prise en charge des cancers féminins, notamment les cancers du col de l’utérus et du sein, à l’horizon 2021. Toute chose qui sera possible avec l’opérationnalisation prochaine des centres de traitement des cancers par radiothérapie.

Le ministère souhaite également prendre en compte les urgences gynécologiques et inclure certains examens et médicaments des personnes vivant avec le VIH/Sida et qui ne leur sont pas spécifiques. « Les ARV sont gratuits, les examens spécifiques pour le VIH aussi. Maintenant, ce que ces personnes déboursent actuellement, c’est concernant certains médicaments et certains examens qui ne sont pas spécifiques et qu’on voudrait inclure dans la gratuité », explique Dr Yaméogo.

Mais tout cela se fera en fonction de la disponibilité de la ressource financière, a tenu à souligner le secrétaire technique chargé de la couverture sanitaire universelle.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2020 à 11:58, par caca En réponse à : Gratuité des soins pour les femmes et les enfants de moins de 5 ans : La facture s’élève à 120 milliards de F CFA en cinq ans

    Vos bilans en fin de mandat présidentiel montre bien le caractère purement politique de l’interaction. 120 Milliards en 5 ans ne rien par rapport aux impôts des citoyens. L’argent de l’état est d’abord la contribution du citoyen par des taxes aux trésors public. Venir nous parler de gratuité c’est également ignorer la participation du citoyen. J’ignore complément la contribution CSG dans les prélèvement des salaires, mais la certitude vient aussi de l’augmentation des impôts à tous les niveaux de la vie. C’est pourquoi l’assurance universelle devient indispensable pour le Burkina Faso et la maitrise de la planification familiale. Ce n’est pas parce que les femmes sont prises en charge gratuité qu’il faut faire trop d’enfant sans réfléchir à l’éducation de l’enfant.

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