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Projet de Loi de finances 2021 : Des OSC fustigent les allocations budgétaires proposées par le Gouvernement burkinabè

Publié le dimanche 4 octobre 2020 à 00h18min

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Projet de Loi de finances 2021 : Des OSC fustigent les allocations budgétaires proposées par le Gouvernement burkinabè

Sous l’impulsion du Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB), huit Organisations de la société civile ont fait leur analyse du projet de Loi de finances initiale, exercice 2021, soumis à l’Assemblée nationale pour délibération. Au cours d’une conférence de presse animée le vendredi 2 octobre 2020, le directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara, a livré cette analyse des huit OSC. Elles ont fustigé les allocations faites par le gouvernement et appellent à une prise en compte de certaines dispositions pour rationaliser l’utilisation des ressources publiques.

L’élaboration du budget de l’Etat, exercice 2021 intervient dans un contexte marqué par les effets de la pandémie à coronavirus, des tensions sociales et des attaques terroristes. Ces dernières citées ont fait plus d’un million de déplacés internes et des milliers d’écoles fermées à la date du 8 août 2020, selon le Conseil national de secours d’urgence de réhabilitation (CONASHUR).

Par ailleurs, le pays est engagé dans un processus électoral pour les présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 et les municipales en mars 2021. Tout ceci n’est pas sans conséquence sur l’élaboration du budget, exercice 2021 de l’Etat. Dans une analyse approfondie de ce projet de budget, le CIFOEB, le REN-LAC, le CGD, le SPONG, le CNOSC, le GERDES, le Labo citoyenneté et le RIJ, usent de leur mission de veille citoyenne pour interpeler l’autorité politique, particulièrement l’Assemblée nationale sur le caractère dangereux de certaines lignes de ce budget.

Un budget qui ne consacre que 9,89% aux investissements publics

Pour l’année 2021, le projet de budget de l’Etat burkinabè se chiffre à 2191,422 milliards de F CFA en recettes et 2732,222 milliards de F CFA en dépenses. Le déficit budgétaire est donc de 540,8 milliards de F CFA, ce qui correspond à 5,6% du PIB nominal. Les différentes composantes des recettes sont en baisse par rapport à 2020, même les recettes extraordinaires du fait du covid-19 qui affecte les donateurs de l’Etat. Les OSC suggèrent alors la modernisation et l’opérationnalisation du cadastre fiscal et l’intensification, et l’extension des télé-procédures fiscales pour accroitre les recettes.

Les participants à la conférence de presse des OSC, composés de journalistes et membres du cadre de concertation

En revanche, les différentes composantes des dépenses publiques sont en accroissement continu. A ce niveau, les huit OSC notent que la hausse de 14,18% des dépenses liées aux frais de loyer et les charges locatives, aux frais d’électricité et eau, aux frais de transport et de mission et aux frais de relations publiques, est contraire aux discours tenus par le gouvernement quant à la volonté de réduire le train de vie de l’Etat. Par ailleurs, au regard de la forte progression de 40,7% de la charge de la dette entre 2020 et 2021, les OSC estiment qu’une attention particulière devait être accordée à cette question quand on sait que la charge de la dette peut évincer l’investissement public et privé.

Pour ce qui est des investissements publics, les huit OSC trouvent que le projet de budget 2021, consacre uniquement 9,89% du PIB nominal aux investissements. Autrement, seulement 9,89% de la richesse nationale seraient investis en 2021, le reste étant consacré à des dépenses de fonctionnement. Ce taux, selon les conférenciers, traduirait une absence d’ambition pour le développement économique qui tient compte des générations futures. Pis, sur ces investissements, ceux financés sur ressources propres représentent 30,32%. Ce qui rend les investissements très tributaires des ressources extérieures, accentuant leur dépendance vis-à-vis des partenaires techniques et financiers et les expose à la conjoncture internationale.

Le principal conférencier, Youssouf Ouattara

Les huit OSC appellent l’Etat à travailler à optimiser la mobilisation des ressources propres et à rationaliser les dépenses de fonctionnement afin de dégager des marges importantes d’investissement.

Des dotations budgétaires sectorielles en phase avec les normes mais mal affectées
Concernant les allocations et dotations budgétaires des secteurs sociaux (santé, éducation) en hausse de 1,5 point de pourcentage, le secteur rural (eau, assainissement, agriculture, élevage, environnement) aussi en hausse de 1,3 point de pourcentage, et le secteur de la sécurité et défense, les OSC notent le respect, plus ou moins des règles en la matière. Cependant, l’analyse de la nature des dépenses pour chaque secteur, relève des parts importantes pour les charges de fonctionnement.

Par exemple, pour le cas du ministère de l’éducation dont 9,65% de son budget consacré à l’investissement, l’allocation de 24,7% du budget, cache une certaine réalité dans la ventilation des crédits du secteur. C’est aussi le cas pour le secteur de la santé, etc. Le secteur de l’eau et l’assainissement, malgré l’amélioration du budget, n’atteint pas 0,5% du PIB, comme recommandé. Pourtant les statistiques en matière d’hygiène et assainissement ne sont pas du tout reluisantes. En 2016, seulement 13,4% de la population en milieu rural et 36,8% de celle en milieu urbain disposaient d’un système d’assainissement à domicile. Quant au secteur de la défense, l’analyse des dotations de ce secteur révèle des faiblesses, selon les OSC, qui requièrent, non pas une augmentation du budget, mais la rationalisation des dépenses pour renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité.

Youssouf Ouattara, Directeur exécutif du CIFOEB

Enfin pour ce qui est des dimensions de contrôle de l’action et de la lutte contre la corruption, le budget est en baisse de 2,005 milliards de F CFA et représenterait 0,25% du budget national de 2021. Les huit OSC auteures de l’analyse estiment qu’il serait judicieux pour l’Etat de consacrer des efforts pour la prévention des cas de corruption et d’infractions assimilées, quand on sait que le contrôle de l’action publique est le premier élément de transparence. Elles attirent surtout l’attention des élus nationaux, en tant que représentants du peuple, sur le caractère périlleux de ce budget qui témoigne d’une absence d’ambition pour un développement économique équitable qui tient compte des générations futures.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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